Enjeux de l’heure : le Moco prône la primauté du chantier éducationnel en RDC

Mercredi 10 Septembre 2014 - 16:15

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Alors que la classe politique congolaise semble avoir d’autres priorités en tête, le président du Mouvement pour le Congo fait de l’application effective des articles 43 et 44 de la Constitution portant respectivement sur la gratuité de l’enseignement et sur l’éradication de l’analphabétisme son cheval de bataille. 

Au moment où la chronique politique de ces dernières heures reste dominée par la controverse autour de la modification de Constitution en ses dispositions verrouillées ainsi que sur l’organisation du référendum, Tony Bolamba est de ceux qui pensent qu’il y a d’autres questions bien plus importantes qui méritent qu’on leur accorde plus d’intérêt. C’est notamment le cas de l’application de l’article 43 de la Constitution relatif à la gratuité de l’enseignement sur le territoire national. « L’enseignement primaire est obligatoire et gratuit dans les établissements publics », dispose cet article qui peine dans son exécution. Il martèle également sur l’article 44 qui fait de l'éradication de l'analphabétisme « un devoir national pour la réalisation duquel le gouvernement doit élaborer un programme spécifique ». C’est, dit-il, sur ce genre de questions que la classe politique devrait se pencher pour le bien des populations plutôt que de rester obnubilée par des considérations purement politiciennes, sans incidence sur la vie des citoyens. D’où sa récusation de toute démarche qui s’écarterait des priorités liées aux besoins sociaux de la population à l’instar de la marche contre la révision constitutionnelle projetée par l’opposition.

Pour Tony Bolamba, cette marche n’a pas lieu d’être, l’opposition n’ayant d’autre alternative que de mieux s’organiser pour affronter les urnes. C’est, pense-t-il, le seul moyen d’espérer renverser les tendances et ainsi prétendre à l’alternance. Après tout, fait-il remarquer, la lutte pour la conservation du pouvoir fait partie du jeu politique. En ameutant la rue comme elle le fait ces derniers temps, l’opposition, de l’avis de l’interlocuteur des Dépêches de Brazzaville, fait fausse route. Et là, le risque de dérapage est tout grand. Et le président du Moco de rappeler les déviations ayant dernièrement caractérisé la manifestation de l’opposition sur la place Sainte-Thérèse avec, à la clé, les tribulations du secrétaire général de l’UNC Bertrand Ewanga s’en prenant vertement et sans nuance au chef de l’État. « Il faut savoir respecter l’autorité établie. Qui a demandé à Ewanga de dire ce qu’il avait débité ? Serait-il content si demain quelqu’un d’autre disait la même chose sur le leader de l’UNC dans l’hypothèse où ce dernier postulait comme futur candidat président ? », s’est-il interrogé. Il estime, du reste, que le discours tenu par ce cadre de l’UNC n’incarnait pas le sens du vrai combat politique et, à la limite, frôlait le griot.

Des raisons pour s’opposer à l’amnistie

Scrutant le microcosme politique congolais avec tous ses avatars, le président du Moco qui revenait d’un séjour à Washington dans la foulée du sommet États-Unis-Afrique estime que dans le cas de la RDC, une opposition centriste vaut mieux que celle extrémiste. « Les extrêmes n’ont jamais gagné », a-t-il fait observer étant entendu que la clé des élections en RDC, comme ailleurs, réside dans les alliances conjecturelles à sceller entre partis politiques. Abordant la question de l’amnistie avec la dernière vague des bénéficiaires dont la liste venait d’être publiée récemment, Tony Bolamba affirme ne pas adhérer à la démarche. Et pour cause ? Primo : le M23 dont plusieurs membres sont déclarés éligibles à l’amnistie n’est pas une rébellion mais un groupe de bandits. Secundo : le fait d’amnistier ces personnes sans foi ni loi est de nature à créer une jurisprudence avec le risque de susciter d’autres rebellions sachant qu’à terme, ses animateurs seront relaxés au nom de la cohésion nationale tant recherchée. Tertio : que ceux qui ont été cités dans les différends rapports des Nations unies soient effectivement condamnés, ne fût-ce que par respect à la mémoire des victimes.

S’agissant de la formation du gouvernement de cohésion nationale, ce leader associatif pense qu’à des moments difficiles dans la vie d’une nation, la nécessité pour le pays de voir tous ses fils et filles s’unir dans l’adversité pour surmonter les épreuves qui se dressent devant eux est impérieuse. En ce moment là, des clivages du genre opposition et majorité perdent tout leur sens. Tout en souhaitant une bonne chance à la nouvelle équipe gouvernementale en gestation, Tony Bolamba pense qu’elle devra s’attaquer prioritairement aux besoins sociaux de base notamment par la création d’emploi via les PME, par l’allègement de certaines taxes et par la paie de la dette intérieure. Parlant du Moco, il a laissé entendre que sa structure a beaucoup avancé dans les préparatifs des prochaines échéances électorales notamment avec l’élaboration de la liste des candidats pour chaque niveau du scrutin. « Nous allons surprendre aux élections », rassure-t-il tout en reconnaissant l’efficacité de la méthode de travail de son association.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Tony Bolamba et l'abbé Bagaza