Enjeux de l'heure : « Telema Ekoki » sollicite de la Cénco l'application d'une « théologie de la libération »

Mercredi 22 Novembre 2017 - 16:54

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Le mouvement politico-citoyen demande aux évêques d’appeler les chrétiens à se mettre debout comme un seul homme, pour combattre les antivaleurs. Il les exhorte à « ouvrir ensemble, un nouveau chapitre de la théologie de la libération, aidant le peuple congolais à écrire enfin son histoire en lettres de noblesse ».

 

Le mouvement « Telema Ekoki » a organisé, le 22 novembre, un sit-in devant le siège de la Caritas, à Gombe. Ses membres ont profité de l’ouverture de l'assemblée générale extraordinaire de la Commission épiscopale nationale du Congo (Cénco) pour adresser une lettre ouverte aux évêques catholiques à qui ils demandent l’application d’une « théologie de la libération » en faveur du peuple congolais.

Les évêques ont été invités à regarder ensemble les grandes failles, défaillances et blocages caractérisant le leadership et la gouvernance du pouvoir actuel. Il leur a été exigé de travailler pour le départ du chef de l’Etat. « Dans votre vision prophétique, vous savez que ce pays possède un destin politique plus grand que les basses ambitions de ceux qui veulent le prendre en otage », ont-ils rappelé aux prélats catholiques.

Pour « Telema Ekoki », l’impossibilité affichée par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) d’organiser les élections à la date fixée par l’Accord de la Saint-Sylvestre constitue une preuve de plus que « le président sortant vient de prouver à la face du monde que non seulement il n’est pas capable de conduire ce grand pays vers une issue démocratique pacifique, mais aussi qu’il n’est pas crédible quant à l’organisation des élections libres et démocratiques ».

Les espoirs des Congolais trahis

Ce mouvement politico-citoyen a, par ailleurs, reconnu que la Cénco avait, dans l'intérêt supérieur de la nation, accepté la lourde tâche d’assumer les bons offices pour le dialogue qui devait conduire le peuple congolais vers la paix et la prospérité. Mais, note ce mouvement, les espoirs des Congolais ont, encore une fois de plus, été trahis par le système décadent dont le seul objectif est de se pérenniser au pouvoir. « Toutes les institutions sont prises en otage par un seul homme  qui contrôle l’ensemble des ressources du pays. Nous payons des taxes mais les services publics sont presqu’inexistants. Dans un espace de corruption généralisée, nul n’ose dénoncer la médiocrité de la performance du gouvernement du fait que, dans ce système, tout le monde est clochardisé et mendie des grâces et faveurs d’un chef de l’Etat illégitime… », se convainc cette structure qui compte des milliers de jeunes.

Face à ce tableau, ces jeunes attendent des évêques et des abbés de l’Église catholique de « ne pas choisir le silence, en tolérant un pouvoir illégitime, en laissant perpétuer un régime prédateur qui inflige au Congo de s’enfoncer chaque jour un peu plus dans la honte, le ridicule et la misère ! ». «  Chers pères les Évêques, vous savez qu’en plus du Kasaï, les fosses communes de Maluku, non loin de Kinshasa, sont demeurées un scandaleux mystère non élucidé. Le Congo a été transformé en un grand cimetière durant les dix-sept dernières années, avec des millions des Congolais qui ont perdu gratuitement leurs vies. Des bons dirigeants ne traitent pas la vie humaine sans honneur ni dignité », ont-ils rappelé.

Notant également une situation économique « catastrophique » ainsi que la corruption généralisée, Telema Ekoki demande aux évêques d’être auprès et à côté du peuple congolais face à toutes ces épreuves tragiques qu’il endure, pour qu’il puisse encore reconstituer son capital d’espoir et de dignité dans un meilleur délai.

Des engagements non respectés

Le mouvement a également relevé l’accroissement du nombre de prisonniers politiques. Pour Telema Ekoki, en effet, cela serait la preuve tangible de l’instrumentalisation de la justice à des fins de répression politique. Rappelant à la Cénco que malgré l’acceptation de la libération des prisonniers emblématiques, comme Eugène Diomi Ndongala, Jean-Claude Muyambo et tant d’autres, pour décrisper la situation politique tel que convenu dans l’Accord du 31 décembre 2016, cet engagement ainsi que d’autres contenus dans ce pacte n’ont jamais été respectés. Les prisonniers politiques, précise cette organisation, croupissent encore en prison.

"Telema Ekoki" conclut que l’Etat congolais ne pourra pas continuer indéfiniment à être la risée des nations. « Si la vie du Congolais est sans valeur à l’intérieur du Congo, à cause de la brutalité du régime actuel, si le Congolais est traité sans dignité ni honneur à l’étranger, c’est à cause du manque d’amour pour le pays et de respect pour leur peuple, de la part de ses actuels dirigeants », a appuyé l'organisation. Aussi demande-t-elle aux évêques, en tant que voix des opprimés, d’appeler les chrétiens à se mettre debout comme une seul homme, pour combattre les antivaleurs. Car, a souligné le mouvement, la faim qu’on impose à ce peuple, l’arbitraire, l’injustice ou le terrorisme d’Etat sont des antivaleurs contraires au respect de la dignité humaine que les hommes de Dieu prêchent chaque jour dans leurs paroisses. « Telema Ekoki vous exhorte à ouvrir ensemble, un nouveau chapitre de la théologie de la libération, aidant le peuple congolais à écrire enfin son histoire en lettres de noblesse », a insisté ce mouvement dans sa lettre ouverte.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: des jeunes du mouvement Telema Ekoki, devant le siège de Caritas Congo.

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