Enjeux démocratiques : l’UE contre les restrictions de déplacement de certains opposants

Mardi 11 Février 2014 - 15:45

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L' institution estime que les partis politiques doivent être à même de jouer le rôle leur dévolu par la Constitution de la République démocratique du Congo.

Le dossier Vital Kamerhe, récemment empêché de se rendre à Goma, continue de soulever des vagues. La « caravane de paix » que le président de l’Union pour la Nation congolaise (UNC) comptait lancer à partir du chef-lieu de la province du Nord-Kivu n’a pas eu lieu au grand désenchantement des populations du Sud-Kivu, de la Province Orientale et du Maniema qui l’attendaient de pied ferme. Plus les jours passent, plus les convictions autour d’une implication politique dans cette affaire se consolident. Si non, la réunion convoquée le 10 février par le ministère de l’Intérieur n’aurait pas eu sa raison d’être. D’après des sources, le ministre Richard Muyej qu’accompagnait à cette occasion le patron de la DGM tenait notamment à discuter avec les cadres de l’UNC sur les contours du voyage que comptait effectuer leur leader à l’est du pays. Des indiscrétions recueillies, il appert que pour des raisons de sécurité, le gouvernement tient à connaître les tenants et les aboutissants de cette itinérance qui paraît sensible en ce moment où les ennemis de la RDC sont à la baguette, scrutant le moindre « faux pas » pour sévir. Une démarche tout à fait justifiée lorsqu’on sait qu’il y va de l’intérêt des services de sécurité d’avoir l’œil sur tout ! Aux dernières nouvelles, rien de concret n’est sorti de cette entrevue, les deux parties s’étant convenues de se retrouver le 12 février.  

Cette façon de faire n’est cependant pas du goût de l’opposition qui y perçoit une ingérence dans ses affaires. Il est, en effet, fait état des restrictions imposées aux opposants dont les libertés de mouvement sont de plus en plus compromises en violation de l’article 30 de la Constitution et de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. Il appert que des opposants désireux de se rendre dans l’arrière-pays seraient tenus désormais de présenter tous les détails liés à leur itinérance (contenu des messages, parcours, agenda de travail, contacts, composition des délégations, etc.) de sorte à permettre aux structures de l’Etat concernées de parer à toute éventualité.    

La situation de Vital Kamerhe paraît tellement flagrante que l’Union européenne s’y est mêlée en mettant en garde contre toute forme de glissement. La délégation de l’UE est montée au créneau pour dénoncer « les entraves et les restrictions de déplacement dont certains responsables politiques de l’opposition ont été récemment l’objet » dans la perspective des prochaines élections locales, provinciales, législatives et présidentielle d’ici à novembre 2016. « Il est important de protéger l’exercice de la liberté d’expression, de respecter les droits de l’opposition, d’assurer un espace politique ouvert et de garantir la liberté de mouvement ainsi que l’indépendance et l’impartialité de la justice », a tenu à rappeler la délégation de l’Union européenne (UE). Elle exhorte les partis politiques à jouer pleinement leur rôle constitutionnel dans un esprit démocratique.

Ces restrictions, s’il y a lieu, constituent un sérieux handicap pour les opposants qui risquent de ne pas amorcer leur-précampagne électorale en toute liberté en prévision des élections locales, municipales et provinciales prévues pour cette année.      

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Vital Kamerhe