Enjeux politiques : arrivée mouvementée de Félix Tshisekedi à Lubumbashi

Lundi 23 Octobre 2017 - 16:51

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La visite au Haut-Katanga du leader du Rassemblement des forces politiques acquises au changement, le 23 octobre, avait tout l’air d’un coup de force pour ce dernier qui, contre vents et marées, tenait à défier le pouvoir en s’offrant un bain de foule. C'était sans compter avec la mairie et l'autorité policière qui avaient une autre lecture des faits.

Alors que Fatshi était attendu en début d’après-midi (soit vers 13 heures 30 ), les choses avaient déjà commencé à se gâter la veille.  Des arrestations avaient été opérées la veille, au siège local de l’Union pou la démocratie et le progrès social (UDPS) où se tenait une réunion des membres en guise de préparation de l'arrivée du président du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement. Selon des témoignages, des policiers armés jusqu’aux dents auraient fait irruption sur le lieu et procédé à l’arrestation des militants trouvés sur place après les avoir molestés sérieusement.  Les membres arrêtés étaient plus d’une quarantaine, à en croire des sources proches du parti, et une vingtaine, d’après des sources policières. 

La tendance a continué jusqu' au matin du 23 octobre,  jour de l’arrivée de Félix Tshisekedi. Une journée pas comme les autres au regard de la mobilisation générale avec, à la clé, plusieurs dizaines de militants de l’UDPS et du Rassemblement prenant la direction de l'aéroport de la Luano. Dans les quartiers chauds de Lubumbashi réputés pour leur anti-kabilisme, banderoles, rameaux, chants et slogans hostiles étaient au rendez-vous comme pour épicer une matinée qui s’annonçait événementielle. Entre-temps, une foule immense commençait déjà à prendre place aux abords du Square Forrest où Félix Tshisekedi devrait, contre l’avis du maire, s’adresser aux Lushois. C’était sans compter avec le dispositif policier impressionnant qui annihilait naturellement toute action du genre. Ce dispositif mis en place n’a pas permis aux militants de l'UDPS de se mouvoir librement dans la ville. Ordre avait été donné par la mairie de Lubumbashi de disperser tout attroupement de plus de cinq personnes.

Avec abnégation et dévouement, la consigne a été rigoureusement appliquée par les éléments du général Paulin Kyungu, chef de la police du Haut-Katanga. Des policiers un peu trop zélés, à en croire des témoins sur place, ont traqué les militants et partisans de l’UDPS, interpellé et arrêté plusieurs sur le chemin de l'aéroport. La police a dû recourir, à certains endroits, aux gaz lacrymogènes pour disperser les gens. « Ils ont jeté des pierres sur ma jeep (…). Ils insultaient le chef de l’État », a fait savoir le chef de la police.

La mairie de Lubumbashi entendait ainsi faire respecter sa décision de n’autoriser aucune manifestation à caractère public jusqu’à nouvel ordre. Pour le cas Félix, l’autorité urbaine s’est refusée de se dédire en réservant une fin de non recevoir à une requête de la direction de l'UDPS qui tenait à rencontrer le maire pour des dispositions utiles. « Ils ont refusé de nous rencontrer disant que leur décision était déjà prise », s’est plaint un cadre du parti. C’est sur ces entrefaites que le régulier de Kenya Airways, à bord duquel se trouvait Félix Tshisekedi, a finalement atterri à l’aéroport de Luano sous le coup de 14 heures. Après discussions sur l’itinéraire, « Fatshi » a été escorté par deux jeeps de la police sans avoir eu véritablement à communier avec sa base de Lubumbashi comme initialement prévu.     

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des militants de l'UDPS sur la route de l'aéroport

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