Enjeux politiques : grosse incertitude sur la tenue du dialogue

Jeudi 30 Juillet 2015 - 16:15

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Pour l’instant, ce forum n’est plus d’actualité dans le microcosme politique congolais, allèguent de nombreux analystes.

Après avoir tenu en haleine la classe politique et l’opinion intérieure sur un fond de polémique, le dialogue national a cessé, depuis quelques temps, d’être un sujet à débat. C’est sur les bouts des lèvres qu’on en parle dans les salons politiques. La matière a perdu quelque peu de son intérêt face aux derniers développements de la vie politique en RDC. Bien que le principe du dialogue ait été acté comme un facteur d’harmonie sociale et de cohésion nationale, les atermoiements des uns et des autres à lui donner corps, ne rassure guère quant à sa tenue. Aujourd’hui plus qu’hier, le doute semble s’installer quant à la convocation de ces assises par le Chef de l’Etat qui, de l’avis de nombreux analystes, parait avoir la tête à autre chose.

Plus de deux mois se sont écoulés après les consultations de l’ensemble des forces vives de la nation initiées par le président de la République sans aucune visibilité par rapport aux contours dudit forum. Un saut dans l’inconnu, dirait-on, lorsqu’on sait qu’aucun détail lié à son organisation (format, durée, ordre du jour, nombre des participants etc) n’est à ce jour porté à la connaissance du public. Mis à part les objectifs de paix, de sécurité, de stabilité économique, de bonne conduite du processus électoral et de cohésion nationale, tout le reste parait encore flou. Après avoir reçu les leaders des partis politiques, des confessions religieuses et de la société civile porteurs chacun d’un cahier de charges en rapport avec ses attentes, l’on croit savoir que Joseph Kabila a aujourd’hui une vue large de ce que veulent les Congolais. Initialement, il était prévu qu’il livre ses conclusions au lendemain des consultations pour fixer les esprits sur bien des aspects liés à ce dialogue. Rien ne s’est fait.

Un schéma laborieux

L’attente se fait longue. L’absence des principaux partis de l’opposition aux consultations et l’exigence du respect des délais constitutionnels ressassée par les interlocuteurs de Joseph Kabila ont, d’après certains analystes, déjoué les astuces de la majorité dans son obstination à maintenir son autorité morale au-delà de 2016 par le biais d’un nouveau consensus politique. Après avoir renoncé à modifier la Constitution et la loi électorale, le dialogue national se présentait comme la meilleure recette pour parvenir à cette fin sans trop de casse. D’où le regret des inconditionnels de Joseph Kabila de n’avoir pas réussi à fédérer l’ensemble de la classe politique autour de ce projet. Ce qui, d’après les analystes, justifierait le peu d’empressement à convoquer ce forum national qui, dans une telle configuration, subirait inévitablement le sort des fameuses concertations nationales de 2013 dont les résolutions peinent dans leur application.

Qu’à cela ne tienne. La majorité au pouvoir qui a plus d’un tour dans ses manches, croit trouver l’alternative en se rabattant sur le calendrier électoral dans une stratégie du glissement qui conduirait à faire trainer la mise en place des futures élections. Une autre raison pouvant justifier l’abandon du schéma du dialogue plutôt laborieux dans son exécution. Entretemps, l’espace politique est occupé actuellement par d’autres sujets qui paraissent accaparer les esprits au regard de leur importance à l’image de l’élection des gouverneurs des vingt et une nouvelles provinces issues du découpage. Le sujet focalise actuellement l’intérêt des politiques au point d’occulter le dialogue qui n’est plus d’actualité.

Lors d’une récente intervention médiatique, le porte-parole du gouvernement Lambert Mende a laissé entendre qu’il appartient au chef de l‘Etat de décider seul s’il y aura dialogue ou pas après analyse des propositions formulées par les uns et les autres. Tenant compte du temps déjà consommé après la fin des consultations, certaines langues allèguent que l’initiateur du dialogue n‘y a plus le cœur, et avec lui, plusieurs acteurs politiques et sociaux.   

 

  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila s'entretenant avec des chefs religieux

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