Enjeux politiques : Kinshasa refuse toute solution importée

Lundi 28 Mai 2018 - 20:02

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Dans une déclaration du 28 mai, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, affirme qu’une rébellion concoctée par Moïse Katumbi serait en préparation à partir de l’extérieur, avec l’aide des pays voisins dont le Rwanda et l’Angola qu’il met en garde contre toute visée déstabilisatrice de la RDC.   

Les relations diplomatiques entre la RDC et ses deux voisins, le Rwanda et l’Angola sont, pour l’heure, au plus bas. Des relations alimentées par des suspicions sur fond d’une méfiance entretenue par des faits et gestes des dirigeants politiques pas toujours sincères dans leurs discours. Kinshasa soupçonne Luanda et Kigali de s’impliquer dans une stratégie déstabilisatrice de ses institutions concoctée depuis l’occident avec, pour objectif déclaré, de renverser l’actuel régime en place. L'audience accordée vendredi dernier à l’Élysée par le président français, Emmanuel Macron, au président rwandais, Paul Kagame, n'était pas du goût de Kinshasa. Le fait que les deux personnalités ont évoqué la situation politique en RDC, scrutant les différentes voies possibles de remédier à la crise en l’absence des autorités congolaises, a été perçu par Kinshasa comme un mépris dissimulant mal des desseins macabres nourris contre le régime Kabila.

En déclarant, à l’issue de ce tête-à-tête, qu’il soutenait l’initiative du Rwanda et de l‘Angola sur la RDC, le président français n’avait sans doute pas mesuré la portée de ses propos et de l’effet que cela pouvait avoir dans le chef des dirigeants congolais qui y ont vu une menace à peine voilée de Paris sur Kinshasa. Vite, le gouvernement congolais a crié à l‘ingérence, estimant que Paris, qui a toujours convoité les immenses richesses naturelles de la RDC, chercherait à se servir de Luanda et de Kigali pour réaliser sa visée déstabilisatrice sur Kinshasa, de sorte à se livrer impunément à sa stratégie de prédation. Sans attendre, des demandes d’explications ont été accolées aux ambassadeurs de la France, de l’Angola et du Rwanda établis à Kinshasa, pendant que Paris s’apprêtait à accueillir le président angolais dans le même registre et le même style. 

Les dernières descentes effectuées par Moïse Katumbi dans quelques pays limitrophes dont le Rwanda étaient perçues dans les milieux politiques congolais comme une quête effrénée de l’ex-gouverneur du Katanga d’une base-arrière d’où pourrait partir éventuellement la fameuse rébellion dont il serait prêt à revendiquer.

Des propos qui ont fait tâche d'huile

Excédé par l’inflexibilité de Kinshasa à ne toujours pas donner une suite satisfaisante à la question de l’alternance qui constitue le cheval de bataille de la plate-forme « Ensemble pour le changement », un de ses cadres, en l’occurrence Olivier Kamitatu, avait évoqué les « gros moyens » que s’apprêtait à utiliser ce regroupement politique pour parvenir à ses fins. Décryptés comme une volonté affichée d’en découdre avec le régime Kabila par le biais d’une rébellion, les propos du porte-parole de Moïse Katumbi avaient fait tâche d’huile. De sorte qu’aujourd’hui, l’ex-gouverneur du Katanga, vu de Kinshasa, passe pour un potentiel rebelle qui cherche à se donner les moyens de sa politique. Dans une déclaration faite le 28 mai, le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende Omalanga, a tenu à recadrer la France tout en mettant en garde l’Angola et le Rwanda à ne pas se prêter au jeu de déstabilisation de la RDC. « Les pays africains qui se hasarderont à servir de tête de pont ou de sous-traitants à des stratégies extérieures hostiles à la RDC élaborées ailleurs seront toujours payés en monnaie de singe, en plus de la résistance farouche du peuple congolais à laquelle ils devront s’attendre », a-t-il indiqué. Et d’ajouter que toute solution tendant à résoudre la crise congolaise devrait dorénavant passer par la RDC. L’ignorer serait contreproductif.

Pour Lambert Mende, la RDC n’est plus ce pays où n’importe qui pouvait s’y hasarder et mettre en mal son intégrité territoriale. Les choses ont changé depuis et la RDC est aujourd’hui en mesure de contrer toute visée déstabilisatrice, d’où qu’elle vienne. « Le pays a désormais les moyens de se défendre. Son armée est plus aguerrie et mieux équipée que dans le passé », a martelé le ministre de la Communication et médias, partisan d’une solution interne entre Congolais qui, à ses yeux, serait plus durable que tout autre schéma. « La RDC tout comme certains autres pays africains ici et là connaissent certes des problèmes, mais aucune solution importée du dehors de leurs frontières ne pourra y apporter des réponses durablement favorables à leurs peuples », a-t-il indiqué.          

 

Alain Diasso

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