Enjeux politiques : le projet d’une transition de trois ans fait polémique

Samedi 11 Juillet 2015 - 15:15

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Estimant qu’il est quasiment impossible d’aller aux urnes dans les délais requis, le pays ne disposant pas d’un fichier électoral crédible encore moins des statistiques fiables en termes d’identification de la population, le président national de « Congo pax » propose une transition de trois ans maximum « pour que l’ensemble des forces en présence arrivent à gérer les préalables à une bonne tenue des élections ».

 S’il est une personne qui a crée le buzz lors des dernières consultations initiées par le chef de l‘Etat, c’est bien l‘opposant Ne Mwanda Nsemi dont les déclarations faites au sortir de l’audience continuent d’alimenter la chronique. Connu comme un farouche opposant au régime Kabila qu’il a combattu sous les labels Bundu Dia Kongo ou encore Bundu Di Mayala, deux mouvements politico-religieux très encrés au Kongo central, Ne Mwanda Nsemi se retrouve aujourd’hui à la tête de « Congo pax ». C’est d’ailleurs sous l’étiquette de co-leader de cette nouvelle structure qu’il a été reçu par le chef de l’Etat au Palais de la nation dans le lot des chefs religieux. Ce qui cloche, ce n’est nullement le fait d’avoir été reçu, mais bien son discours tenu devant la presse peu après son entretien avec Joseph Kabila.

Un discours aux antipodes de l’idéal politique qu’incarne son combat politique, pourrait-on dire. Contre toute attente, l’opposant a pris la liberté de proposer une transition de trois ans sous la conduite de l’actuel chef de l’État assisté d’un vice-président désigné de manière consensuelle par l’opposition et d’un Premier ministre issu de la société civile. Estimant qu’il est quasiment impossible d’aller aux urnes dans les délais requis, le pays ne disposant pas d’un fichier électoral crédible encore moins des statistiques fiables en termes d’identification de la population, Ne Mwanda Nsemi est convaincu de la portée salutaire de sa recette.

Il y est abondamment revenu lors d’un point de presse tenu au lendemain de sa rencontre avec Joseph Kabila, tirant au passage sur les camps de la Majorité et de l’opposition qui, d’après lui, ne font pas montre d’empressement pour amener les Congolais aux élections. « Des bonnes élections s’organisent avec un fichier électoral crédible, ce qui n’est pas le cas. Jusqu’à présent, on ne connaît pas le nombre des Congolais, ni les vrais Congolais. Et tout ça ne se fera pas avant 2016, année prévue pour les élections présidentielle et nationale », a-t-il déclaré. Il propose donc un « glissement collectif » pouvant se matérialiser par une transition de trois ans maximum « pour que l’ensemble des forces en présence arrivent à gérer les préalables à une bonne tenue des élections ».

Ce discours a eu du mal à passer dans les milieux de l’opposition où Ne Mwanda Nsemi est déjà qualifié de traitre étant entendu que ses propos dissimulent mal ses accointances avec le régime Kabila. Certains opposants rapportent que le concerné aurait été utilisé pour faire passer dans l’opinion un schéma rondement concocté dans les officines de la Majorité visant à créditer l’option du « glissement » du mandat présidentiel. « Il n’a fait que dire tout haut ce qui se dit tout bas à la majorité », avait ironisé un leader de l’opposition. Traité de corrompu et diabolisé par ses pairs de l’opposition, le leader de « Congo pax » se défend en affirmant être indiffèrent aux louanges les plus grandes autant qu’aux critiques les plus acerbes. Et de soutenir que son action n’aura été guidée que par sa conscience et par ses convictions et que son soutien à Joseph Kabila n’a pas été monnayé.

 

 

Alain Diasso

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