Enjeux politiques : nouvelle brouille entre le PPRD et l’UDPS

Mardi 29 Octobre 2019 - 18:00

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Les deux partis politiques s'accusent mutuellement de megestion, via leurs leaders,  sur fond de provocations et d’attaques réciproques mettant à mal l’actuelle coalition au pouvoir dont ils font partie.  

Entre le Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) et l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), les violons sont loin de s’accorder. Les deux partis, certainement parmi les plus capés dans le microcosme politique congolais, semblent ne plus partager une même approche politique en rapport avec la gouvernance du pays, alors qu’ils font partie de la coalition au pouvoir via leurs plates-formes respectives, en l’occurrence, le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (Cach).

Jamais l’UDPS et le PPRD ne s'étaient aussi éloignés comme en témoignent les vues diamétralement opposées distillées par leurs responsables politiques respectifs, tout en surfant sur une polémique qui ne cesse de prendre de l'ampleur.  A la base de cette mauvaise passe, le séminaire tenu récemment au Katanga par le parti de Joseph Kabila, qui a vu son secrétaire permanent annoncer le retour politique imminent de ce dernier « après des vacances méritées ». Un retour décrypté dans tous les sens, non sans susciter une vive controverse dans la classe politique. Au PPRD, on ne se cache plus : Joseph Kabila, qui s’inscrit dans une logique de reconquête du pouvoir, pourrait se présenter à la présidentielle de 2023. Le parti s’y met déjà pour baliser la voie à cette perspective qui, faut-il le dire, est plutôt très mal perçue chez les « Tshisekedistes ». Pour ces derniers, en effet, la page Joseph Kabila a déjà été tournée et, constitutionnellement, ce dernier ne peut plus briguer un poste électif quelconque.

"Une épine sous le pied de Félix Tshisekedi"

Le statut de sénateur à vie dont il jouit actuellement restreint automatiquement le champ de son action politique, argumente-t-on. « Il portera ce statut toute sa vie et ne pourra s'y soustraire pour une raison ou une autre. Il n'y a que la mort qui peut, le cas échéant, le faire échapper à ce statut », a indiqué  Jean-Claude Katende, le président de l'Association africaine pour la défense des droits de l’homme. Dans le fief de l’UDPS, l’on ne s’explique pas l’entêtement de Joseph Kabila à revenir aux affaires, nonobstant ses dix-huit ans à la tête du pays. A la 12e rue/Limete, l’ex-président passe pour une épine sous le pied de Félix Tshisekedi dont il chercherait à saper l’action de redressement du pays. Déjà, des militants de l’UDPS, parmi les extrémistes, lui demandent de s’affranchir de la coalition FCC-Cach qu’ils jugent contreproductive. Pour eux, le dernier crash de l’Antonov assurant la logistique présidentielle était un coup fourré venu de l'autre camp. De quoi exacerber la tension entre l’UDPS et le PPRD dont les militants se regardent désormais en chiens de faïence.     

Alors que certains cadres, au sein du PPRD, parlent d’un procès d'intention contre l’ex-chef de l'Etat, d’autres confirment le projet de reconquête du pouvoir par Joseph Kabila présenté, d’ores et déjà, comme le candidat potentiel à la présidentielle de 2023. La goutte d’eau qui a débordé le vase, c’est lorsque Ramazani Shadary, vantant le bilan de ce dernier, a cité la gratuité de l'enseignement de base comme un des acquis majeurs de l’ancien régime. En revendiquant la paternité de cette mesure, le PPRD avait suscité l’ire de l'UDPS qui a vite réagi en indiquant que ce projet est devenu effectif sous le règne de Félix Tshisekedi. Sur ces entrefaites, des déclarations incendiaires ont fusé de part et d’autre, chaque camp défendant son bilan dans un contexte de reniement réciproque. Les deux partis se sont tellement incrustés dans la polémique jusqu’à faire fi de leur appartenance à la coalition FCC-Cach ayant produit le gouvernement Ilunkamba dont le programme d’action répond à une approche de gestion consensuelle du pouvoir.  

Une situation très déplorable qui met à mal leur coalition, voire les institutions du pays. Des esprits avertis tirent la sonnette d’alarme et préviennent, d’ores et déjà, sur les risques de fragilisation de cette plate-forme au pouvoir à laquelle renvoie la guéguerre PPRD-UDPS de nature à freiner la bonne marche du pays. A noter que cette brouille n’est pas la première entre les deux partis politiques qui ne ratent pas une seule occasion pour se régler  des comptes.  

Alain Diasso

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