Enquête : les experts de l'ONU tués en RDC induits en erreur par une fausse traduction

Jeudi 14 Septembre 2017 - 16:55

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Les deux experts des Nations unies assassinés, il y a six mois, en République démocratique du Congo ont été induits en erreur par une fausse traduction la veille de leur mort par des agents doubles, a affirmé mercredi Radio France internationale.

La Suédo-Chilienne Zaida Catalan et l'Américain Michael Sharp ont été assassinés, le 12 mars, à Bunkonde dans le Kasaï (centre) où ils enquêtaient sur des fosses communes. Des violences au Kasaï opposent, depuis septembre 2016, les forces de sécurité et les milices Kamuina Nsapu, du nom d'un chef traditionnel tué en août 2016. RFI publie sur son site le script d'une conversation des deux experts la veille de leur mort avec un adepte des Kamuina Nsapu s'exprimant en tshiluba, l'une des quatre langues nationales du pays, et d'autres personnes traduisant en français. "Au moins trois des participants induisent volontairement en erreur les deux experts sur leur niveau de sécurité à Bunkonde", affirme RFI.  À la 46e minute de cet entretien de 1h09mn 46 sec, l'adepte, François Muamba, déconseille ainsi aux deux experts de se rendre à Bunkonde. "Les propos de François Muamba ne sont pas traduits", affirme RFI. Alors que l'adepte s'inquiète d'une possible "embuscade" visant les deux experts, ses propos sont ainsi traduits: "En ce qui concerne les garanties, à Bunkonde vous pouvez arriver, il n’y a rien", selon RFI. D'après RFI, le traducteur est "aujourd'hui agent de la DGM (Direction générale de migration)" et "proche du nouveau chef Kamuina Nsapu adoubé par les autorités".

Un autre participant est présenté comme ayant ses entrées chez les Kamuina Nsapu et "agent de l'ANR (Agence nationale de renseignements)", "chargé de superviser la mission des deux experts à Bunkonde". Les autorités congolaises affirment que les deux experts ont été tués par des miliciens. Un comité d'enquête de l'ONU est parvenu aux mêmes conclusions, d'après RFI. Quatre assassins présumés comparaissent depuis le 5 juin devant un tribunal militaire à Kananga.

Un des prévenus, Évariste Ilunga Lumu, a été formellement identifié comme l'un des meurtriers par un témoin, Jean Bosco Mukanda. Dans son enquête, RFI s'interroge sur ce témoin: "En mars 2017, un haut gradé de l'armée le qualifie d'ancien chef de milice, devenu informateur de l'armée". L'enquête de RFI a été menée par son ex-correspondante en RDC, Sonia Rolley. Kinshasa n'a pas donné suite à sa demande de renouvellement d'accréditation envoyée en mai. La journaliste se trouvait à quelques km des lieux du crime le jour de l'assassinat. "Si elle a des éléments, elle les met à la disposition de la justice. C'est une violation très grave de la procédure pénale", a réagi le porte-parole du gouvernement Lambert Mende joint par l'AFP. Un haut responsable de l'ANR a qualifié d'immoral" le reportage de RFI. "Il y a un procès qui est en cours. Nous nous abstenons de commenter le cours de la justice", a déclaré la porte-parole de la Mission des Nations unies (Monusco) lors de son point presse hebdomadaire. Le secrétaire général des Nations unies étudie la "mise en place d'un mécanisme de suivi" de cette affaire qui est "loin d'être close", a ajouté la Monusco.

 

 

 

AFP

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