Enseignement primaire : les chiffres de la réforme sur la gratuité

Mardi 23 Juin 2020 - 14:12

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La mesure n’a pas fait que sortir la RDC dans le cercle de plus en plus restreint des pays où l’école primaire est encore payante. En se référant aux données de la Banque mondiale (BM), cette gratuité a reconduit 2,5 millions d’enfants supplémentaires dans le chemin de l’école et près de 23 millions de personnes devraient sortir de la pauvreté d’ici à 2050. Mais il faudra environ 2,6 milliards de dollar américain pour mener cette réforme à son terme.

Depuis sa mise en œuvre en septembre 2019, la réforme sur la gratuité de l’enseignement primaire dans les écoles publiques a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Pour cause, une certaine opinion craint que celle-ci annihile la qualité de l’enseignement primaire au profit de la quantité. En effet, insiste-t-elle, des classes surpeuplées contribueraient davantage à créer un désordre. Selon un enseignant joint par la rédaction, cette réforme appelle surtout à une responsabilité plus élevée de l’État. « Il ne suffit pas de le décréter, il faut créer les conditions adéquates tant pour les élèves bénéficiaires que les enseignants et les promoteurs », a déclaré cet enseignant. Certes, il y a eu des versements des frais de fonctionnement des établissements ciblés, mais les efforts doivent se poursuivre dans le cadre de la mécanisation et de la bancarisation du personnel enseignant. Rien qu’en février 2020, l’on a parlé de près de 100 000 enseignants mécanisés et bancarisés.

Au cours de la dernière rentrée, la RDC a décidé d’expérimenter la gratuité de son enseignement primaire, mettant ainsi un terme au financement des deux tiers des services éducatifs essentiels par les parents ces vingt dernières années. L’État s’était déchargé complètement du paiement des salaires des enseignants et du personnel administratif ainsi que des frais de fonctionnement. Aussi les parents dépensaient-ils près de 65 dollars par an et par enfant au primaire. Il s’agit d’une moyenne établie par la BM après une étude réalisée en 2018 auprès des ménages. A l’époque, 64 % des personnes interrogées ont confirmé que la gratuité « représentait véritablement le principal obstacle à la scolarisation des enfants ». Par conséquent, au moins 4 millions d’enfants en âge d’aller à l’école primaire n’étaient pas scolarisés. Toujours en 2018, les chiffres indiquent aussi que le taux d’achèvement du cycle primaire n’était que de 67 %, loin des 90 % de la moyenne mondiale. « 86 % des enfants RD-congolais de 10 ans étaient incapables de comprendre un texte simple adapté à leur âge », a martelé la BM. 

Face aux nombreux défis à relever dans ce secteur, la réforme initiée devrait servir à réduire les frais de scolarité pour les ménages les plus pauvres, accroitre l’accès des enfants à l’enseignement primaire dans dix provinces et renforcer le système éducatif sur l’étendue du pays. Outre l’augmentation de l’affluence dans les classes, il y a aussi la hausse des salaires des enseignants de 80 à 150 dollars américains, a signalé la BM. Malheureusement, le processus a connu un brusque arrêt à cause de la crise sanitaire et des ponctions opérées logiquement dans le budget pour faire face aux lourdes dépenses. Dans ce contexte de ralentissement, la BM a décidé d’accorder un soutien à cette réforme : « Avec 36 millions d’habitants âgés de moins de 14 ans (46 % de la population totale), le coût de la réforme est estimé à plus d’un milliard par an ».  La BM compte ainsi appuyer le gouvernement de la République à hauteur de 800 millions de dollars sur 4 ans à travers le Projet Perse. Nous y reviendrons.

Laurent Essolomwa

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