Entrée au gouvernement : certains critères jugés injustes et discriminatoires

Samedi 10 Août 2019 - 15:14

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Le président de l’Association africaine pour la défense des droits de l’Homme (Asadho), Me Jean-Claude Katende, pense que le critérium posé par le Premier ministre Sylvestre Ilunga vise à bloquer certaines personnalités de l'opposition, en laissant libre cours à certaines autres de l'ancienne majorité présidentielle devenue Front commun pour le Congo qui, à la normale, tomberaient également sous le coup de cette épreuve.

Le président de l'Asadho pense que la publication des critères devant guider les regroupements politiques dans le choix des personnalités qui pourraient entrer au gouvernement est une évolution significative. Pour ce juriste et penseur libre, cette révélation permet aux citoyens de suivre et d’évaluer le respect desdits critères par les acteurs politiques congolais.

Mais, pour lui, si quelques critères semblent justes, il y en a d’autres qui posent de problèmes en ce sens qu’ils ne sont pas justes et n’établissent un traitement égal de tous les acteurs intéressés par les postes ministériels. C’est notamment, à l’en croire, celui qui écarte de la course toute personne qui a « fait l’objet des condamnations judiciaires fermes en RDC ou à l’étranger ».

Pour Me Jean-Claude Katende,  ce critère, qui paraît bon à tous égards, semble être prévu de manière intentionnelle pour exclure certains acteurs sociaux ou politiques de l’opposition de participer au gouvernement. « Nous savons tous que pendant le règne de l’ancien président Kabila, la justice a été instrumentalisée et était orientée vers la répression des acteurs sociaux et politiques qui étaient opposés à Joseph Kabila. Plusieurs ont été condamnés injustement », a fait remarquer le président de l‘Asadho. Ce juriste note, par ailleurs, que plusieurs membres de l’ancienne majorité présidentielle (actuel Front commun pour le Congo) qui, à la normale, devraient tomber sous le coup de ce critère, sont protégés. « Mêmes ceux qui étaient révoqués pour détournement des deniers publics, qui étaient impliqués dans le pillage des ressources naturelles et violations des droits de l’Homme, que le régime avait protégés et qui n’ont jamais été inquiétés par la justice, ne sont pas concernés par ce critère », a indiqué le juriste. Eux, a-t-il affirmé, ils peuvent facilement entrer au gouvernement alors que ceux qui ont été condamnés à la suite des jugements injustes ne peuvent pas. Ce n’est pas juste.

Pour Me Jean-Claude Katende, si l’on veut être juste, ce critère doit être complété par un autre qui serait formulé de la manière suivante : « Avoir une moralité et une équité non affectées par les actes de violation des droits de l’Homme, de pillage des ressources naturelles, de mauvaise gestion des fonds publics, de détournements des biens de l’État… » Ainsi, a-t-il dit, tous les acteurs sociaux et politiques seront mis sur le même pied d’égalité.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: le président de l'Asadho, Jean-Claude Katende.

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