Environnement : « Donner le pouvoir aux femmes » préconise un rapport du GIEC

Jeudi 5 Mars 2020 - 21:47

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les femmes sont en première ligne à la fois pour lutter contre les effets du changement climatique et pour en encaisser les conséquences. Il est donc urgent de leur donner les moyens d’agir. C’est ce que préconise les conclusions du rapport « Terres et changement climatique » du groupe international d’experts sur les changements climatiques (GIEC).

Comment nourrir une population qui pourrait bientôt grimper à dix milliards d'individus, tout en limitant le réchauffement climatique et la dégradation de la nature ? C’est à cette question que tente de répondre le rapport du Giec, qui planche sur le changement climatique, l’usage des terres et l’accès de tous à une alimentation suffisante. Le rapport indique plusieurs mesures à prendre rapidement pour limiter les dégâts :  changer nos habitudes alimentaires en mangeant moins de viande, reboiser, convertir les terres aux bioénergies et donner davantage de pouvoir aux femmes, qui jouent déjà un rôle clé dans l’agriculture. Dans les pays en développement, indique l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO), les femmes représentent plus de 40 % de la main-d’œuvre agricole. Il est urgent, insiste le rapport du Giec, de leur donner les moyens de gérer leurs terres, décider ce qu’elles vont cultiver, transmettre à leurs enfants les bonnes pratiques alimentaires, s’associer pour  introduire des innovations durables, d’autant que les femmes, avec les enfants, les personnes âgées et les pauvres, restent les plus exposés aux conséquences du changement climatique.

Devenir propriétaires terriennes

Les inégalités homme-femme se reflètent d’abord dans l’accès à la propriété foncière. Dans 59% des 161 pays étudiés par le rapport, les lois, traditions ou pratiques religieuses empêchent les femmes de posséder des terres. « Moins de 20% des propriétaires terriens de ce monde sont des femmes », souligne la FAO.

Les femmes ont « moins de chances qu’un homme d’être propriétaire d’un bien foncier ou de bétail, d’adopter de nouvelles technologies, d’avoir accès au crédit ou à d’autres services financiers, ou encore de bénéficier d’une formation », résume la FAO. Et de calculer : « si les femmes avaient le même accès que les hommes aux ressources productives, elles pourraient augmenter de 20 à 30% les rendements de leur exploitation. Des gains de production de cette ampleur pourraient réduire de 12 à 17%, le nombre de personnes souffrant de la faim dans le monde ».

C’est avéré : les femmes regroupées en coopératives sont plus efficaces pour faire évoluer les pratiques agricoles et les adapter aux nouvelles conditions climatiques, pour atténuer les effets du réchauffement et assurer la sécurité alimentaire. Elles prennent la main, saisissent l’occasion qui leur est donnée de prendre leurs responsabilités et excellent à créer des synergies. Dans l’ouest du Kenya, par exemple, les veuves, devenues soutiens de familles dont elles doivent assurer la subsistance, se sont unies pour investir dans des innovations durables, comme les systèmes de récolte des eaux de pluie ou agroforesterie  et se regroupent en structures constituées pour mener des actions collectives en vue d’assurer la sécurité alimentaire et de l’apport en eau.

Education, alimentation, consommation

Le rapport du Giec souligne enfin le rôle que les femmes ont à jouer dans l’évolution des habitudes alimentaires, un levier essentiel pour lutter contre le réchauffement climatique et la dégradation des sols. Leur action s’exerce dans l’éducation des générations futures, puisque ce sont elles, souvent, qui élèvent les enfants, conclut le rapport.

Boris Kharl Ebaka

Légendes et crédits photo : 

Noëlle Ntsiessie, maraîchère de Soungi. Photo Franck Bitemo/Banque mondiale

Notification: 

Non