Environnement : le défi de l’exploitation des ressources naturelles et le réchauffement climatique

Jeudi 28 Mars 2019 - 19:48

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Un rapport élaboré par le Groupe international d’experts sur les ressources et publié lors de la récente assemblée des Nations unies pour l’environnement, indique que le développement rapide de l’extraction de matériaux est le principal responsable des changements climatiques et du stress sur la biodiversité, un défi en passe de s’aggraver si le monde n’entreprend pas une réforme systémique de l’utilisation des ressources.

Global Ressources Outlook 2019", tel est le titre de ce rapport élaboré par le groupe international d’experts sur les ressources, qui passe en revue les tendances de l’utilisation des ressources naturelles et les modes de consommation correspondants depuis les années 1970 afin d’aider les différents acteurs à prendre des décisions stratégiques et à opter pour une transition vers une économie durable.

L’extraction de ressources a plus que triplé depuis les années 1970, avec notamment une multiplication par cinq de l’utilisation de minéraux non métalliques et une augmentation de 45 % de l’utilisation de combustibles fossiles. D’ici à 2060, l’utilisation de matériaux dans le monde doublera pour atteindre cent quatre-vingt-dix milliards de tonnes, contre quatre-vingt-douze milliards actuellement, tandis que les émissions de gaz à effet de serre augmenteront de 43 %. L’extraction et la transformation des matériaux, des combustibles et des aliments contribuent pour moitié aux émissions mondiales totales de gaz à effet de serre et à plus de 90 % au stress sur la diversité biologique et hydrique

Des chiffres en constante augmentation

Au cours des cinq dernières décennies, la population a été multipliée par deux et le produit intérieur mondial a été multiplié par quatre. Le rapport constate que, pendant la même période, l’extraction mondiale annuelle de matériaux est passée de vingt-sept milliards de tonnes à quatre-vingt-douze milliards de tonnes en 2017. Selon les tendances actuelles, ce chiffre sera encore amené à doubler d’ici à 2060.

D’après le rapport, « l’extraction et le traitement des matériaux, des combustibles et des aliments représentent environ la moitié des émissions totales de gaz à effet de serre et sont responsables de plus de 90 % du stress hydrique et sur la biodiversité ». En 2010, les changements dans l’utilisation des sols avaient entraîné une perte d’espèces globales d’environ 11 %.

Pour Joyce Msuya, directrice exécutive par intérim d’ONU Environnement, « L’avenir des ressources mondiales montre que nous exploitons les ressources limitées de cette planète comme s’il n’y avait pas de lendemain, entraînant dans le même temps des changements climatiques et une perte de biodiversité ». Depuis l’an 2000, la croissance des taux d’extraction s’est accélérée pour atteindre 3,2 % par an, principalement en raison d’investissements importants dans les infrastructures et de niveaux de vie plus élevés dans les pays en développement et en transition, notamment en Asie.

Plus spécifiquement, l’utilisation de minerais métalliques a augmenté de 2,7 % par an et les effets connexes sur la santé humaine et les changements climatiques ont été multipliés par deux entre 2000 et 2015. L’utilisation de combustibles fossiles est passée de six milliards de tonnes en 1970 à quinze milliards en 2017. La quantité de la biomasse est passée de neuf milliards de tonnes à vingt-quatre milliards, principalement pour l’alimentation humaine, animale, ainsi que l’énergie.

En ayant recours à des données tirées de tendances historiques, le rapport prévoit d’atteindre l’horizon 2060. L’utilisation des ressources naturelles devrait augmenter de 110 % d’ici à 2015-2060, ce qui entraînerait une réduction de plus de 10 % des forêts et d’autres habitats tels que les prairies à hauteur d’environ 20 %. Les conséquences sur les changements climatiques sont graves, car les émissions de gaz à effet de serre augmenteraient de 43 %.

La course au développement accroît le réchauffement climatique

Le rapport indique que si la croissance économique et la consommation se maintiennent aux taux actuels, des efforts beaucoup plus importants seront nécessaires pour garantir qu’une croissance économique positive ne provoque pas d’impact négatif sur l’environnement. Le texte démontre aussi que l’utilisation efficace des ressources est essentielle, mais pas suffisante en soi. « Nous avons besoin de passer de flux linéaires à circulaires en combinant des cycles de vie prolongés, une conception de produits intelligentes, ainsi que la réutilisation, le recyclage et la re-fabrication », indique le document.

Si les mesures recommandées sont appliquées, la croissance économique pourrait accélérer, dépassant les coûts économiques initiaux du passage à des modèles économiques compatibles avec la limitation du réchauffement climatique à 1,5 ° C au cours de ce siècle.

Dans ses conclusions, le rapport indique qu’avec des politiques efficaces en matière d’utilisation rationnelle des ressources, de consommation et de production durables, l’utilisation mondiale des ressources pourrait ralentir de 25 %, le produit intérieur mondial pourrait progresser de 8 %, en particulier pour les pays à faible revenu et les pays à revenu intermédiaire, et les émissions de gaz à effet de serre pourraient être réduites de 90 % par rapport aux prévisions concernant la poursuite des tendances historiques à l’horizon 2060.

 

 

 

 

Boris Kharl Ebaka

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