Environnement : une augmentation de température pourrait changer les plus grandes villes africaines

Dimanche 16 Août 2020 - 14:16

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Une étude menée par la Crowther Lab, de l’Université ETH de Zurich en Allemagne, révèle qu’une augmentation de la température de 2°C pourrait changer les 520 plus grandes villes du monde. Ainsi, N'Djamena pourrait être aussi chaud que Niamey en 2050, Ouagadougou plus que Bamako, et le temps à Mbuji-Mayi ressemblant à celui d'Abuja. Cette étude montre que les latitudes septentrionales connaîtront les changements les plus spectaculaires avec des conditions de températures extrêmes. Dans toute l’Europe, les étés seront en moyenne de 3,5°C plus chauds et les hivers plus rigoureux, soit 4,7°C de plus que la moyenne actuelle.

Les villes des régions tropicales connaîtront des changements de température moyenne moins importants, mais elles seront confrontées à des événements climatiques plus extrêmes, tels que des pluies abondantes et de graves sécheresses. Plus d’un cinquième des villes étudiées (22 %), dont Manaus, Libreville, Kuala Lumpur, Jakarta, Rangoon et Singapour, connaîtront des conditions climatiques qu'elles n'ont jamais connues auparavant.

Déplacements massifs et migrations

« Pour moi, ce qui est fondamental dans cette étude, c’est que cent villes proches de l’Equateur connaîtront un climat sans précédent dans l’histoire de l’humanité », a déclaré à la BBC News Mundo James Dyke, maître de conférences à l’Exeter University du Royaume-Uni. « Cela soulève la question de savoir s’il sera possible de vivre dans ces villes. Nous pourrions faire face à un scénario de déplacements massifs et de migrations ».

L’étude, publiée dans la revue PLOS One, est la première analyse mondiale de la façon dont le changement climatique peut modifier les conditions dans les grandes villes du monde. Des chercheurs de l’Université de Zurich disent vouloir aider les gens à comprendre les effets du changement climatique en utilisant des « analogues de la ville » qui leur permettent de visualiser leur propre climat futur.

« L’histoire nous a montré à maintes reprises que les données et les faits à eux seuls n'incitent pas les humains à changer leurs croyances ou à agir », a déclaré Jean-François Bastin, auteur principal. Le professeur  Richard Betts, du Met Office du Royaume-Uni, qui n’a pas participé à l’étude, déclare que la recherche contribue à placer le changement climatique dans le contexte de l’expérience humaine. Plus important encore, elle montre que de nombreux endroits connaîtront des climats entièrement nouveaux, qui sont en dehors de l'expérience humaine actuelle.

Le monde va-t-il vraiment se réchauffer de 2°C ?

L’augmentation de 2°C d’ici 2050 compare les températures actuelles à celles enregistrées dans la « période préindustrielle », généralement considérée comme comprise entre 1850 et 1900, lorsque la combustion de combustibles fossiles n'avait pas encore changé le climat. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la température mondiale a déjà augmenté de 1°C par rapport aux niveaux préindustriels.

Et au rythme actuel de 0,2°C par décennie, le réchauffement planétaire est estimé à 1,5°C entre 2030 et 2052. Un réchauffement supérieur à 1,5°C nous pousserait dans « un monde très incertain », avertit le GIEC, ajoutant que « les engagements mondiaux actuels ne sont pas suffisants pour empêcher une hausse de température supérieure à 2°C, encore moins à 1,5°C ». Les gouvernements du monde entier se sont engagés à limiter la hausse des températures à 1,5°C d'ici 2050.

Mais dans le cadre des plans actuels de lutte contre le réchauffement de la planète, on prévoit que l’augmentation moyenne des températures se situera entre 2,9°C et 3,4°C d’ici à 2100.

Les projections faites dans le cadre de cette étude sont fondées sur un avenir où des mesures ont été prises pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Pour nous maintenir en dessous de 1,5°C, l’ONU affirme que les émissions de carbone doivent être réduites de 45 % d’ici à 2030 et atteindre un niveau nul d’ici à 2050. Ses auteurs ont travaillé à partir d’un scénario où les émissions culmineraient en 2040, puis commenceraient à diminuer. Le professeur Gabi Hegerl, de l’Université d’Edimbourg (Ecosse), déclare que l’étude a d’autres limites : « Elle ne capte pas les événements individuels comme les vagues de chaleur sans précédent, les sécheresses et les fortes pluies ou les inondations. » En outre, l’élévation du niveau de la mer aggravera les difficultés rencontrées par nombre de ces villes, ajoute-t-il. Quant à Mike Lockwood, professeur de physique de l’environnement spatial à l’Université de Reading (Grande Bretagne), il a également mis en garde contre les dommages potentiels aux infrastructures.

Boris Kharl Ebaka

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