Équateur : les dessous de la suspension des activités de l’Assemblée provinciale

Mercredi 23 Avril 2014 - 16:31

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La décision intervient près d’une année après la fin d’une crise qui a secoué la même institution pendant cinq mois durant.

La décision prise par le gouvernement de suspendre les activités de l’Assemblée provinciale de l’Équateur continue d’alimenter la chronique tant dans la province concernée qu’à Kinshasa. Des zones d’ombre planent encore sur cette mesure du gouvernement prise à l’issue du conseil des ministres du 22 avril d’autant plus que le compte-rendu du gouvernement est resté vague sur les motivations l’ayant conduit. Le document fait état d’une nouvelle crise en gestation au sein de cet organe délibérant et de l’exécutif de la province, sans en dire plus. Cette crise imminente aurait, à en croire la source, dicté cette décision du gouvernement qui s’est senti dans l’obligation « d’arrêter les frais ».

Jusqu’à l’annonce de cette décision, la sérénité était pourtant de mise au sein de cette institution comme en témoignent de nombreuses sources locales. Il ressort que les plénières se tenaient encore dans une ambiance paisible depuis le début de la session de mars jusqu’à cette décision inattendue dont les tenants et les aboutissants restent encore méconnues. Les raisons liées au maintien de l’ordre public évoquées dans le compte-rendu du conseil des ministres ne suffissent pas non plus pour rassurer les milieux politiques locaux sur la pertinence de cette mesure. « Cette mesure restera d’application jusqu’à la clarification de la situation à l’issue d’une mission gouvernementale diligentée sur place et qui sera conduite dès demain par le vice-ministre de l’Intérieur », précise le compte-rendu.

Entre-temps, des spéculations vont bon train. Plusieurs sources dans la province révèlent que cette décision serait consécutive aux motions en gestation qu’aurait initiées un groupe de députés provinciaux à l’encontre du gouverneur Louis-Alphonse Koyagialo, du président du bureau de l’Assemblée provinciale Jean-Gontran Ibambe ainsi que du vice-gouverneur Sebastien Impeto. La décision gouvernementale, à en croire certaines sources, viserait donc à étouffer dans l’œuf lesdites motions qui auraient suscité de nombreuses adhésions de la part des députés. Se situant dans la perspective de 2016, la majorité au pouvoir redoute de perdre la province de l’Équateur au profit d’une opposition qui semble reprendre du poil de la bête dans cette partie du pays, réfléchit-on dans certains milieux. L’on prête, en effet, au gouvernement l’intention de vouloir refaire la configuration du bureau de cette assemblée provinciale pour en faire une structure réellement acquise aux intérêts de la majorité. Comment ? Les stratèges du camp présidentiel y réfléchissent déjà.

Cependant, l’annonce de la suspension des activités de cette assemblée intervient près d’une année après la fin d’une crise qui a secoué la même institution pendant cinq mois. L’on se souvient des déchirements qui avaient prévalu au sein du bureau dont la direction était disputée entre Jean Gontran Ibambe et Gaston Kiliyo au point de faire intervenir l’arbitrage de la Cour suprême de justice.      

 

Alain Diasso