Equipe de campagne de Ramazani Shadary : la présence des animateurs des institutions fait polémique

Lundi 5 Novembre 2018 - 14:15

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Depuis la publication, samedi, de la liste des membres faisant partie de l’équipe de campagne du candidat du Front commun pour le Congo (FCC) à la présidentielle, le microcosme politique est en ébullition. Plusieurs personnalités citées ont, quelques heures après, renié leur présence dans cette structure, arguant n’avoir pas été consultées.

 Alors que la plupart des personnes ont  plutôt bien accueilli leur désignation dans l'équipe devant accompagner Emmanuel Shadary pour conquérir la magistrature suprême, certaines l’ont considérée comme un discrédit par rapport à leur personnalité, tenant à préserver leur indépendance d’esprit dans le jeu électoral. L’on assiste, depuis lors, à une série de mises au point de la part des concernées pour démentir ce fait. C’est notamment le cas du président de l’Union nationale de la presse du Congo, Kasonga Tshilunde, qui a vite crié au scandale. Tout en affirmant n'avoir pas été consulté et n’appartenir à aucune équipe de campagne, il a fait savoir que son statut professionnel ne le prédispose pas à travailler pour un quelconque candidat à la présidentielle. Désigné, bien malgré lui, membre de la cellule chargée de lobbying dirigée par le Pr Elikia Mbokolo, il n’est pas prêt à assumer une telle charge.

Même son de cloche du côté d'Albert Kankienza Muana Mboo, représentant légal de l'église Foi abondante, qui dément toute appartenance à l’équipe de campagne du candidat du FCC. « Je ne suis ni de près ni de loin membre du FCC. Je n ai qu’une seule couleur, c'est celle d’un enfant de Dieu et de serviteur de Dieu », a-t-il réagi sur sa page officielle Facebook. L’autre démenti est venu de Florent Ibenge, le sélectionneur national des Léopards et entraîneur principal de l’As V.Club. Il s’est dit surpris par sa désignation comme membre de la cellule de sports de l’équipe de campagne d’Emmanuel Ramazani Shadary. « Je ne suis au courant de rien », avait-il répondu aux journalistes qui tenaient de lui tirer le vers du nez.

La majorité présidentielle imperturbable

Au-delà des démentis qui se succèdent, la présence des officiels en fonction dans cette équipe de campagne est sujette à polémique. D’aucuns, à l’instar de Tryphon Kin-Kiey Mulumba (candidat à la présidentielle), s’insurgent contre le fait que des ministres en fonction se mettent au service d’un candidat, à l’instar du ministre de la Défense et de celui de l’Intérieur qui, paradoxalement, « sont parties prenantes au niveau de la Céni et sécurisent le processus électoral ». Ils ne trouvent pas normal que ces membres du gouvernement soient au contrôle de la campagne électorale d’un individu et s’identifient à un camp politique, alors qu’ils sont censés être au-dessus de la mêlée eu égard aux charges d’intérêt national qu’ils assument .

Du côté de la majorité présidentielle, cette observation est loin de préoccuper les esprits. Ici, on se félicite des choix opérés par Ramazani Shadary qui s’est entouré « des Congolais forts et talentueux dans différents secteurs ». Pour Thierry Monsenepwo, un des communicateurs de cette famille politique, il n’y a pas d’incompatibilité. « Ce que la loi n’interdit pas, personne ne peut le faire en lieu et place (…) Aucun texte légal n’interdit à un ministre de participer à la campagne d’un candidat président de la République », a-t-il argumenté.

Enfin, au niveau de l'opposition, l’on tourne en en dérision cette tendance du FCC à vouloir incorporer en sein les Congolais de tout bord. Elle s’insurge contre ce qu’elle qualifie de « mélange de genre entre l’État et un fait privé » et perçoit dans cette démarche « un signe de détresse dans le chef d’un camp politique aux abois ». L’opposition exige dorénavant la démission des ministres et des directeurs généraux des entreprises publiques ainsi que d’autres officiels constituant l’équipe de campagne du candidat FCC à la présidentielle.

Alain Diasso

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