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Et le golfe de Guinée sera ...

Lundi 17 Juin 2019 - 11:57

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Nos lecteurs le savent bien puisqu'à de nombreuses reprises, ces derniers mois, nous les avons prévenus que la guerre larvée entre l'Iran, l'Arabie saoudite, Israël et les Etats-Unis débouchera tôt ou tard sur un conflit ouvert dont l'enjeu principal sera le contrôle du détroit d'Ormuz qui commande l'accès au golfe Persique et par lequel transite un tiers de la production mondiale d'hydrocarbures : les attaques menées contre des navires pétroliers en fin de semaine dernière marquent la fin d'une époque et le début d'une nouvelle ère.

La fin d'une époque qui aura duré près d'un siècle et qui a fait de cette partie du Levant une pièce majeure sur la table du jeu stratégique mondial autour de  laquelle se disputaient les grandes puissances à travers les conflits tels que les guerres d'Afghanistan, d'Irak, de Syrie ou la guerre des Six jours qui opposa Israël aux pays arabes. Le début d'une nouvelle ère avec le déplacement vers l'Afrique et plus précisément vers le golfe de Guinée d'une bonne partie du commerce des hydrocarbures, pétrole et gaz, en raison de l'enjeu économique et financier que constitue l’acheminement de ces précieuses denrées énergétiques vers les grands marchés de l'Amérique du nord, de la Chine et du Japon, de l'Europe.

Au-delà de la cause immédiate de ce transfert du commerce pétrolier vers les côtes africaines de l'océan Atlantique qui est la montée, probablement irréversible, des tensions au Proche et au Moyen-Orient, deux raisons expliquent le mouvement qui se dessine sous nos yeux.

° La première, d’ordre géographique, tient au fait qu'à la différence du golfe Persique, le golfe de Guinée est ouvert sur le monde de telle façon que personne,

jamais, ne pourra ni en interdire ni même en contrôler l'accès. S'étendant de l'Afrique de l'ouest à l'Afrique australe, cet immense espace terrestre et maritime s'étend sur des milliers de kilomètres de côtes. Et comme une bonne partie des gisements d'hydrocarbures qu'il détient est située en offshore, autrement dit en eau profonde, ce qui se passe aujourd'hui dans le détroit d'Ormuz est rigoureusement impossible dans ce très vaste périmètre géographique.

° La seconde raison, d’ordre humain, tient au fait que le golfe de Guinée sera dans les décennies à venir l'un des espaces les plus peuplés, les plus dynamiques, potentiellement donc les plus riches de la planète. Et que, par conséquent, une grande partie des hydrocarbures qui y sont ou y seront produits sera de plus en plus consommée sur place avec tous les avantages que cela aura pour les puissantes et très riches compagnies pétrolières qui exploitent ces gisements. Une réalité bien concrète qui explique pourquoi les compagnies comme Eni, Total, Exon Mobil, Chevron s’emploient dans le moment présent à y développer si fortement leurs activités.

Pour dire les choses de façon encore plus brutale et au risque de passer pour un doux rêveur, le golfe de Guinée, et tout particulièrement sa partie sud qui s'étend du Cameroun à l'Angola, va tirer un grand, très grand profit du conflit qui se précise dans le golfe Persique et le détroit d'Ormuz. D’où l’intérêt croissant que les grandes puissances telles que la Chine, les Etats-Unis, l’Europe, la Russie lui portent dans le moment présent. D’où aussi l’importance que revêtent la modernisation et l’extension des ports comme celui de Pointe-Noire avec la création de sa zone économique spéciale qui deviendra dans les mois à venir l’un des pôles économiques du golfe de Guinée.

Oui une nouvelle ère débute dans cette partie du monde !

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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