États-Unis : Barack Obama entend privilégier l’intérêt des Américains

Jeudi 6 Novembre 2014 - 14:15

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Le président américain s’est exprimé le 5 novembre, lors d’une conférence de presse à Washington, sur les élections de mi-mandat dont son parti a essuyé une défaite cuisante  face aux Républicains. Il a reconnu la défaite des démocrates et promis de travailler avec l’opposition au cours des dernières années de son mandat.

« J’ai compris le message, j’ai compris le désarroi des Américains, et ma responsabilité est de faire en sorte que les choses fonctionnent mieux (…). Nous n’avons pas d’autre choix que de travailler ensemble pour le bien du pays », a déclaré Barack Obama. Il a axé son intervention sur les sujets relatifs au compromis qu’il pense nécessairement trouver avec le parti républicain : l’intérêt commun ainsi que les grands dossiers comme le budget, l’économie, la création d’emploi.

Malgré cette volonté affichée, les observateurs de la situation aux États-Unis avancent que les désaccords existent déjà entre Démocrates et Républicains. Ce qui n’a pas empêché le président américain de réaffirmer son souhait de voir la loi sur la régularisation des immigrés passer au Congrès. Le patron de la Maison Blanche a prévenu que si les parlementaires ne le font pas, il agira par décret, conformément à ses pouvoirs constitutionnels. « En tant que président, j’ai une responsabilité unique, celle de faire en sorte que la capitale fonctionne », a-t-il déclaré.

En raison de la nécessité de la cohabitation, Mitch McConnell, qui sera le leader de la majorité républicaine du sénat en janvier, s’est exprimé un peu plus tôt le même jour sur ce sujet. Il a utilisé à peu près les mêmes termes que le président américain, en soulignant la nécessité de travailler avec Barak Obama qui, selon lui, détient « un pouvoir incontournable.» McConnell a par ailleurs mis en garde sur la tentation de gouverner par décret sur le dossier de l’immigration. Hormis cela, la loi sur  la santé ne fait pas aussi l’unanimité. Les Républicains en sont opposés, mais le président américain envisage de mettre son veto à toute tentative de remise en cause.

Les élections de mi-mandat ont été remportées par le camp républicain qui détient dorénavant au moins 51 sur les 100 sièges que compte la chambre haute du Parlement. Leur parti conserve par ailleurs, le contrôle de la Chambre des représentants, conquise en 2010. Ce qui scelle donc la mainmise des Républicains sur le Congrès américain. Au Sénat, le parti d’opposition a notamment ravi aux Démocrates de Barack Obama les sièges dans sept  États: Virginie Occidentale, Arkansas, Dakota du Sud, Montana, Colorado, Iowa et Caroline du Nord.

La victoire des Républicains dans les élections de mi-mandat a pour conséquence fondamentale de réduire la marge de manœuvre du président Barack Obama pour ses deux dernières années de mandat. Elle le place effectivement dans une position difficile pour cette période parce que son programme politique pourrait être bloqué au Congrès. Lequel programme concerne principalement la réforme de la santé publique, surnommée « Obamacare » par les Républicains. L’issue de cette réforme pourrait donc être compromise, si les parlementaires s’obstinaient à réclamer l’abrogation de la loi portant sur ce projet. Désormais, les compromis sont donc obligatoires entre les deux partis, et le président américain. Mitch Mc Connell, le nouveau chef de la majorité du Sénat l’a d’ailleurs rappelé juste après la défaite des Démocrates en ces termes : « Nous avons l’obligation de travailler avec le président Obama sur des questions sur lesquelles nous pouvons trouver des accords. Je pense que c’est notre devoir de le faire. Ce n’est pas parce que nous avons un système à deux partis que nous devons être en perpétuel conflit »

Signalons que depuis les années 1980, tous les présidents en fonction aux États-Unis ont passé les deux dernières années de leur second mandat en cohabitation avec le parti d’opposition. C’est dire que la défaite des Démocrates montre à quel point ce pays est divisé presque à part égale entre Démocrates et Républicains. Le président Barack Obama n’est nullement surpris par les résultats des élections de mi-mandat de cette année. Il avait d’ailleurs averti les Démocrates que le vote serait le défi le plus difficile à relever depuis les élections de 1958, lorsque les Républicains avaient perdu 13 sièges de sénateurs, du temps de l’administration du président Dwight Eisenhower.

Outre ces questions, le risque de propagation de l’épidémie Ebola est aussi l’une des préoccupations de Barack Obama. À ce sujet, il a demandé au Congrès américain près de 6,2 milliards de dollars de fonds d’urgence pour combattre l’épidémie de fièvre hémorragique à virus Ebola en Afrique de l’Ouest, et pour protéger son pays contre toute propagation du virus. En réponse à cette demande, le président de la Chambre des représentants, John Boehner, a déclaré que le Congrès étudiera la requête de l’administration.

La requête du président américain coïncide avec un nouveau rapport de l’Organisation mondiale de la santé qui relève la diminution de nouveaux cas d’Ebola dans les pays touchés malgré une augmentation du nombre des malades en Sierra Leone.

La Banque mondiale, en coordination avec les Nations unies, a annoncé la mobilisation d’environ 1 milliard de dollars pour les trois pays les plus touchés par l’épidémie d’Ebola : la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone. Cette aide financière est destinée à accélérer le déploiement de travailleurs de la santé étrangers dans ces pays.

Nestor N'Gampoula