Etats-Unis : des réactions divergentes à la mise en accusation de Donald Trump

Jeudi 19 Décembre 2019 - 11:48

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Le président américain a été mis en accusation, le 18 décembre, lors d’un vote au Congrès visant sa destitution. Cette décision qui a renvoyé l’ex-homme d’affaires en procès pour « abus de pouvoir » et entrave à la bonne marche de l’institution, est un coup de tonnerre dans la vie politique outre-Atlantique qui a suscité de nombreuses réactions dans son propre pays.

Lors d’un vote impatiemment attendu par les Américains, la Chambre des représentants, dominée par les démocrates, s’est prononcée en faveur de l’« impeachment » de l’actuel locataire de la Maison-Blanche, par deux cent trente voix contre cent quatre-vingt-dix-sept. C’est dire qu’il revient dorénavant au Sénat de juger Donald Trump, sans doute en janvier, mais sa famille politique, notamment les républicains, qui contrôle la chambre haute, a la ferme intention de l’acquitter.

Dès l’annonce du vote historique de la Chambre des représentants intervenu à moins d’un an du scrutin présidentiel, la Maison-Blanche a déclaré : « Le président a confiance dans le Sénat pour rétablir l’ordre. Il est prêt pour les prochaines étapes et a confiance dans le fait qu’il sera totalement disculpé ».

Dans sa réaction à cette décision tombée au moment où il était à la tribune d’un meeting de campagne à Battle Creek, dans le Michigan, à environ 1000 km de Washington, le quarante-cinquième président des Etats-Unis a accusé la « gauche radicale » d’être rongée par « l’envie et la haine ». L’objectif, a-t-il souligné, est de vouloir « annuler le vote de dizaines de millions d’Américains » en tentant de le pousser hors de la Maison-Blanche. Pour ce faire, le président américain a estimé que ses adversaires ont commis un « suicide politique ». Il lui est reproché d’avoir demandé à l’Ukraine d’enquêter sur un de ses rivaux potentiels à la présidentielle de 2020, Joe Biden.

De son côté, le chef des républicains à la Chambre des représentants, Michaël Bloomberg, a dénoncé un « processus truqué qui a conduit à la procédure d’impeachment la moins crédible de l’histoire américaine ».

« Une mascarade glaciale et calculée depuis trois ans »

Sans attendre longtemps, le directeur de campagne de Donald Trump pour la présidentielle de 2020 a également réagi dans un communiqué. Pour ce dernier, le vote à la Chambre montre que « le contraste entre le président Trump et les démocrates ne pourrait pas être plus évident », ajoutant: « Alors que le président réunit des dizaines de milliers de citoyens au Michigan et célèbre la grandeur et les succès des États-Unis, les démocrates à Washington ont conclu une mascarade glaciale et calculée depuis trois ans et voté contre soixante-trois millions d’Américains».

La présidente de la chambre des représentants, Nancy Pelosi, a défendu la position des parlementaires de son parti. Elle a diffusé sur Twitter son discours prononcé devant le Congrès et choisi d’en extraire la phrase suivante : « Il est tragique que les actions imprudentes du président rendent cette destitution nécessaire. Il ne nous a pas laissé le choix. C’est un fait que le président constitue une menace permanente pour notre sécurité nationale et l’intégrité de nos élections, fondements de notre démocratie». Dans un autre tweet, elle a écrit : « Personne n’est au-dessus des lois, monsieur le président ».

Le sénateur du Vermont, Bernie Sanders, et la sénatrice du Massachusetts, Elisabeth Warren, tous deux candidats à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2020, ont aussi livré leurs avis. « C’est un jour triste mais nécessaire pour la démocratie américaine. La Chambre américaine des représentants a voté la mise en accusation du président Trump, et c’était la chose à faire », a relevé Bernie Sanders dans un message vidéo publié sur Twitter. « Donald Trump a abusé de nos relations diplomatiques et nui à notre sécurité nationale à des fins personnelles et politiques. En votant sa mise en accusation, la Chambre a pris une mesure importante afin de le tenir pour responsable. Je suis prête à remplir mes obligations constitutionnelles au Sénat », a également réagi sur son compte Twitter, la sénatrice.

Notons que depuis de longues années d’existence de la démocratie américaine, seuls deux autres présidents - Andrew Johnson en 1868 et Bill Clinton en 1998 - ont vécu une mise en accusation. Le républicain Richard Nixon, empêtré dans le scandale du Watergate, avait préféré démissionner en 1974 avant de subir une telle avanie.

 

 

Nestor N'Gampoula

Notification: 

Non