Étude de marché : les cabinets congolais contraints à une adaptation forcée pour survivre à la mondialisation

Samedi 11 Janvier 2014 - 14:10

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Les responsables de ces services doivent opérer obligatoirement un saut qualitatif pour arracher des parts de marché face à la féroce concurrence des cabinets internationaux qui exercent une domination incontestable dans un secteur en pleine expansion mais totalement inorganisé et sans une autorité de régulation capable de protéger les intérêts des uns et des autres.

Serge Mumbu, manager director de Target, n’a pas mâché ses mots devant ses nombreux enquêteurs et consultants réunis, le 10 janvier, à l’hôtel Gaspatcho pour une sobre cérémonie d’échanges de vœux. Cette adaptation à l’évolution du temps, a-t-il souligné, s’impose aujourd’hui d’autant plus que l’agence Target désormais membre d’Esomar, depuis janvier 2013, est contrainte de revoir radicalement ses techniques de travail. Le cabinet murit le souhait de se doter dans les délais raisonnables de tablettes et autres Smartphones.

Entre-temps, les formations ont débuté, d’abord au niveau des employés de Target mais le processus devra s’étendre aux consultants et enquêteurs pour les rendre plus aptes à utiliser les nouvelles méthodes modernes. « Ezomar est la structure mondiale qui s’occupe des standards internationaux en matière d’études et de projets. Jusqu’à présent, nous sommes le seul cabinet local à travailler selon les standards Ezomar ». Pour les utilisateurs de ces standards Ezomar, il faut travailler désormais dans le respect des principes d’intégrité, de confiance et de confidentialité. L’idée est de pousser d’autres cabinets congolais à emboîter le pas en adhérant aux standards Esomar pour valoriser suffisamment l’expertise congolaise. Comme il l’a souligné, le fait de travailler avec des "grands" crédibilise davantage les cabinets congolais, et participent à leur reconnaissance sur l’échiquier international.

En 2013, Target a mené avec succès plusieurs enquêtes dont les principaux ont tourné sur les Indices de consommation des produits, l’impact de la publicité en RDC, et la perception des partenaires extérieurs sur la RDC. « Nous avons réalisé aussi beaucoup d’études et de sondages sur facebook, notamment la démission du pape Benoît, l’homosexualité et d’autres sujets d’actualités. On a eu près de 5 000 jeunes dans notre page Facebook. Nous avons participé à des conférences internationales à l’extérieur du pays». Toujours au cours de cette année, Target s’est conformé à l’Ohada en devenant désormais une Sarl. Avec des effectifs de 469 personnes en RDC (Kinshasa, Katanga, Kasaï, Bas-Congo, Bandundu, Province Orientale et les deux Kivu) et 231 collaborateurs extérieurs (Congo-Brazzaville, Rwanda, Burundi et Gabon), Target sensibilise ses employés, consultants et enquêteurs sur la nécessité d’abandonner les enquêtes-papiers désormais dépassées pour consolider les enquêtes CAPI et CAWI (enregistrement dans un ordinateur et récolte des données en ligne). « Nous avons utilisé la méthode CAPI en avril 2013, elle consiste à un enregistrement directement au niveau d’un ordinateur et non le questionnaire-papier ».

Pour 2014, l’agence continuera le processus de modernisation de ses outils de travail, et elle vulgarisera les standards Ezomar auprès des entreprises et cabinets congolais. Au-delà, des nouvelles études sont en vue cette fois à l’échelle nationale, notamment celles relatives aux jeunes Congolais, aux médias et publicité, et beaucoup d’autres études réalisées en partenariat avec Africa Scope, Finmark trust et la Banque centrale du Congo. Certaines études concerneront des échantillons plus larges : 5500 personnes. À la fin de la cérémonie, l’agence a attribué des diplômes de mérite au meilleur employé, au meilleur consultant informaticien et au meilleur enquêteur. Enfin, elle a réitéré son esprit d’ouverture en invitant son personnel non engagé à ne pas hésiter à travailler également pour d’autres cabinets locaux pour renforcer leurs connaissances.

Laurent Essolomwa