Évènements du 19, 20 et 21 décembre : des ONG dénoncent de graves violations des droits de l’Homme

Mardi 27 Décembre 2016 - 20:30

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Pour ces ONG, qui appellent à une action urgente de la communauté internationale, l’acte posé par les forces de l’ordre et de sécurité était visiblement prémédité, vu les annonces et déclarations qui l’ont précédé, relayées par le communiqué du porte-parole de la police nationale et par les menaces du commandant de la police/ville de Kinshasa.

 

Dans une déclaration faite le 27 décembre au siège de l’ONG Les Amis de Nelson Mandela pour les droits de l’Homme (ANMDH) sur les évènements du 19, 20 et 21 décembre, neuf organisations de défense des droits de l’Homme ont exprimé leurs préoccupations en rapport avec la recrudescence des graves violations des droits de l’Homme.

Réunies le 23 décembre à Kinshasa en vue d’évaluer ces manifestations populaires organisées sur le territoire national en  rapport avec la fin du dernier mandat du chef de l’État, Joseph Kabila, que la Constitution a fixée au 19 décembre, ces ONG ont, en effet, noté que ces actions menées par la population à travers le pays ont été commandées par le doute qui persistait dans l’opinion sur le respect de ce délai fixé par la mère des lois. « Face au doute qui persistait dans l’opinion et faisant référence aux déclarations diverses faites par les membres de la majorité présidentielle et aux manœuvres dilatoires du gouvernement ainsi que de la Céni, celles de retarder intentionnellement l’élection présidentielle sans respect des dispositions constitutionnelles, le peuple congolais avait difficile de croire à la bonne foi et attendait jusqu’au 19 décembre 2016… », ont soutenu ces ONGDH, en notant que c’était dans l’esprit de protéger la Constitution que la population de l’ensemble du pays a manifesté pacifique à ces dates, par des sifflets et autres instruments de musique.

Un important dispositif policier et militaire

Ces ONG ont, par ailleurs, regretté que 48 heures avant, les autorités de la République aient mobilisé « un important dispositif policier et militaire, parfois exagéré, pour riposter à cette manifestation pacifique en tirant en l’air et à bout portant sur la population, causant mort d’homme ». Ces organisations ont également, en marge de ces manifestations, dénombré des actes d’intimidation, des menaces, des enlèvements, des arrestations et passage en tabac en désordre, ainsi que des extorsions des biens aux paisibles citoyens ainsi qu’une perturbation des réseaux sociaux et la coupure injustifiée des signaux de certaines chaînes de radio et de télévision proches de l’opposition dont Canal Congo Télévision et Radio liberté Kinshasa.

Des actions ciblées

Ces ONG ont noté qu’une déclaration claire du chef de l’État sur le respect de la Constitution, notamment sur le nombre de mandat, aurait apaisé le climat politique et éviterait au peuple d’être tenté de résister en se conformant à l’article 64 de la loi fondamentale. Cela aurait également, à en croire ces organisations, évité des actes arbitraires enregistrés dans le chef de ceux qui tiennent le pouvoir.

Pour ces ONG, qui appellent à une action urgente de la communauté internationale, l’acte posé par les forces de l’ordre et de sécurité était visiblement prémédité, vu les annonces et déclarations qui l’ont précédé, relayées par le communiqué du porte-parole de la police nationale et par les menaces du commandant de la police/ville de Kinshasa. « Leurs promesses ont été concrétisées : empêcher le peuple de manifester sa joie ou son mécontentement, procéder aux arrestations et ôter la vie à quelques manifestants », ont appuyé ces ONG qui ont dénoncé un usage excessif de la force par la police et l’armée pendant et après l’opération. Certains soldats et commandants de troupes, ont-elles accusé, ont exhibé quelques pas de danse « Kindobika » et ont scandé des chants de victoire. Ce comportement devant un peuple sans arme, ont souligné ces ONG, doit être condamné par la communauté internationale.

Dénonçant cette impunité qui laisse libre cours à la commission des violations des droits de l’Homme, ces ONG exhortent le gouvernement à procéder à la libération immédiate et sans condition des personnes arrêtées arbitrairement avant, pendant et après ces manifestassions, et d’initier une commission d’enquête mixte composée des auditeurs généraux, des procureurs, des avocats, des agents de la CNDH et de la Monusco ainsi que des animateurs. Le Parlement, lui, est invité à initier une interpellation des membres du gouvernement ayant la charge l’Intérieur, la Défense et les PTNTIC.

Ces ONG attendent de la communauté internationale d’intensifier des sanctions contre les auteurs de ces violations décriées alors qu’elles appellent les victimes et la population, à porter à la connaissance des ONDH, des cas de violation des droits de l’Homme. L’OSD, l’OCDH, le FODIDH/EDIC-ONGDH, les Toges noires, la Ligue des électeurs, le RECIC, le CODHOD, les Anges du ciel et les ANMDH, signataires de cette déclaration ont, enfin, exhorté leurs paires à continuer avec les investigations pour mieux documenter des cas. Elles ont fait la promesse de publier, dans les tout prochains jours, un  rapport détaillé et plus documenté de ces cas des violations des droits de l’Homme commises lors de ces manifestations.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Lecture de la déclaration par les membres des ONGDH

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