Ex-Katanga : la région en quête d’une prospérité économique durable en dehors des mines

Lundi 24 Septembre 2018 - 19:14

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L’ancienne province n’a pas réussi à transformer ses richesses naturelles en véritables opportunités de développement intégral, surtout le long du parcours d’évacuation des matières premières dans le Lualaba.

Plus d’un siècle d’exploitation minière sans interruption et une mise en évidence des richesses sans équivalent sur le reste du territoire national n’ont pas amené finalement le miracle social tant attendu en République démocratique du Congo (RDC). La longue expérience minière du pays vient juste confirmer le faible impact du secteur minier tant sur le développement de l’ensemble de la région que de l’épanouissement socio-économique de la communauté. Lors de la clôture de la troisième édition de la Conférence minière tenue dans la province stratégique du Lualaba, le gouvernement de la République s’est engagé résolument à promouvoir et enraciner le développement durable dans les zones productrices des richesses minérales et même bien-au-delà. D’ailleurs, l’une des recommandations fortes de ces travaux mémorables est le réinvestissement des ressources générées par le secteur minier dans d’autres secteurs porteurs de croissance, notamment l’agriculture.

Une conférence de haute portée

De cette conférence minière de Kolwezi, la capitale du Lualaba, on sait que plus de huit cents personnes, dont les membres du gouvernement, les industriels miniers, les creuseurs artisanaux ( plus de cent cinquante mille d’entre eux opèrent dans le Lualaba, Ndlr), la société civile et les communautés locales y ont pris une part très active. Aujourd’hui, le Lualaba porte en lui l’espoir d’un changement progressif de cap dans le modèle économique de développement depuis l’indépendance. En effet, cette province issue du découpage de l’ex-Katanga concentre environ 75 % des gisements de cuivre et de cobalt de l’ancienne province du Katanga. Le Lualaba est reconnue également comme la capitale mondiale du cobalt pour sa production qui représente 60 % du marché international. Par conséquent, ce sentiment de paradoxe entre richesses incommensurables et pauvreté extrême est de plus en plus ressenti et condamné par les autorités locales.

Passer à l’or vert

L’agriculture reste ainsi une solution durable de règlement de la question de la pauvreté pour sa capacité à booster la croissance économique et à créer des emplois durables. Mais au fil des décennies, le concept a perdu un peu de sa substance. En effet, l’on reproche aux gouvernements successifs d’en avoir fait finalement un simple slogan politique. Cependant, dans le Lualaba, une bataille a bien débuté pour rééquilibrer les choses et réduire progressivement l’influence des mines sur l’économie provinciale. Selon les autorités locales, la solution de développement durable passerait par une mise en évidence de l’agriculture et du tourisme. Même si les perspectives restent intéressantes à court terme dans le secteur minier, avec le boom du cobalt sur le marché international, il s’avère indispensable d’arriver aujourd’hui à diversifier l’économie.

Ces dernières années, l’autorité provinciale a fait état de nombreux projets en cours d’exécution dans les cinq territoires de la province. Globalement, l’idée est de promouvoir une agriculture mécanisée et diversifiée. En faisant d’une pierre deux coups, cette politique va atténuer autant que possible le départ massif des jeunes de la région, autre sujet de préoccupation de l’autorité provinciale. Quant au financement à proprement parler des projets agricoles, il proviendra essentiellement des recettes minières. En d’autres termes, les taxes minières et les solides partenariats à tisser avec les miniers vont permettre de mobiliser suffisamment de ressources pour la réhabilitation et la construction des infrastructures de base.

Pour l’heure, à chaque début de campagne agricole, il y a déjà une distribution gratuite des semences et autres engrais aux autochtones. Cette pratique vise à faire venir le plus grand nombre dans le secteur agricole. Par ailleurs, un effort est consenti pour mieux encadrer le phénomène grâce à la création d’un fonds qui accorde des micro-crédits aux groupes et coopératives. Un accent particulier est placé également dans la formation des autochtones. Pour les avis critiques sur le déficit énergétique qui mine déjà les activités du secteur minier, il faut évoquer les grands projets d’origine hydroélectrique, solaire et éolienne dans la première province du pays.

En définitive, il s’agit d’autant d’enjeux et défis à relever pour préparer l’après-mine dans une province qui dispose de bien d’atouts mais inexploités à ce jour.

Laurent Essolomwa

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