Ex-prison centrale de Makala : des ONG s’inquiètent sur l’état de santé d’Eugène Diomi

Lundi 29 Juillet 2013 - 18:10

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Les associations de droits de l’homme exigent du procureur général de la République (PGR) le respect des ordonnances de la Cour suprême de justice (CSJ) l’assignant à résidence en vue de lui permettre d’accéder aux soins appropriés.

Le Collectif d’organisations de défense et promotion des droits humains a rendu public le constat de la descente, le 28 juillet, de ses représentants à l’ex-prison centrale de Makala pour rendre visite et s’enquérir de l’état de santé d’Eugène Diomi Ndongala. C’était au cours d’une conférence de presse organisée le 29 juillet au siège de la Ligue des électeurs (L.E) dans la commune de Kinshasa.

La délégation, qui a affirmé s’être entretenue avec ce membre de l’opposition congolaise, a noté que son état de santé était alarmant. « Contrairement à ce qu’une certaine opinion laisse croire, l’état de santé de M. Eugène Diomi Ndongala mérite une attention particulière de la part du gouvernement Kabila. Il éprouve des douleurs nerveuses aiguës qui accablent gravement son bras droit et sa colonne vertébrale », a souligné le secrétaire exécutif de la L.E, Me Sylvain Lumu. À l’en croire, il a été administré à ce prisonnier, en dehors de tout examen spécifique préalable nécessaire, une quantité vertigineuse d’anti-inflammatoires qui ont entraîné à leur tour des douleurs gastriques intenses et des malaises au niveau de ses reins. « Son bras doit être soutenu pour qu’il parvienne à serrer la main de ses visiteurs comme s’il a été atteint par une paralysie hémiplégique et lui-même ne parvient pas à se tenir débout durant cinq minutes », a témoigné Me Sylvain Lumu.

Selon ce collectif d’ONG, c’est cette situation qui a poussé le médecin qui l’a consulté à exiger que Diomi Ndongala soit soumis à des examens spécifiques dans une clinique spécialisée de la place pour faire un bon diagnostic. Ce regroupement a notamment proposé le Centre Nganda, dans la commune de Kintambo ou l’hôpital Bamba Mutombo, à Masina. « Malheureusement, cette demande rencontre la résistance farouche du régime en place », a regretté le collectif.

Un régime carcéral durci

Pour ces ONG, l’interview accordée à RFI par Eugène Diomi a amené l’autorité carcérale à durcir davantage les conditions de détention du député invalidé dont les proches dénonçaient déjà la mauvaise situation et la dureté des traitements subis depuis sa détention. Selon ce rapport lu par le secrétaire exécutif de la L.E, Eugène Diomi Ndongala est, en effet, surveillé, depuis cet entretien, comme un malfrat dans sa cellule située au pavillon  de la prison qu’il partage avec ses codétenus.

Respect de la loi

Le collectif a rappelé que, sur le plan judiciaire, par sa décision rendue sous RP 014/CR, le 15/04/2013, la CSJ avait ordonné sa mise à résidence surveillée, qui signifie qu’il devait être sorti de la prison et placé sous surveillance policière à sa résidence. « Cette décision demeure non exécutée par le PGR qui maintient le député Diomi Ndongala à la prison de Makala comme un condamné alors qu’à ce stade de procédure, il n’est que simple prévenu », a fait remarquer le regroupement.

Pour ces ONG, tout porte à croire, en définitive, qu' Eugène Diomi, opposant farouche proche d’Étienne Tshisekedi est victime d’un harcèlement judiciaire à cause de ses opinions politiques. Devant ces réalités, ce collectif a exhorté le PGR, de respecter l’esprit et la lettre des ordonnances de la CSJ en mettant fin sans délai à la détention d'Eugène Diomi et ne pas donner l’impression qu’il reçoit d’injonction des organes politiques contrairement à l’indépendance du pouvoir judiciaire consacrée dans la Constitution de la République.

Les ONG ont, par ailleurs, sollicité du chef de l’État, en sa qualité de garant de la Nation et magistrat suprême, de rappeler le PGR à l’ordre afin de faire échec à son intransigeance face aux décisions judiciaires valablement rendues, alors que la communauté internationale a été appelée à s’impliquer afin d’obtenir la libération sans conditions de cet homme politique, qui demeure à ce jour un détenu d’opinions.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photos 1 & 2 : présentation du rapport par le Collectif d'ONG/Photo LDB Photo 3: Eugène Diomi Ndongala/Photo LDB