Expo-2015 : une grande foire où la politique a son mot à dire

Samedi 9 Mai 2015 - 17:45

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C’est sur le thème de l’alimentation et de l’énergie que se tient cette foire qui prend fin le 31 octobre prochain à Milan. Plusieurs autres aspects de la vie y sont aussi évoqués.

Ouverte le 1er mai dernier, l’Exposition universelle de Milan, Expo-2015, est une gigantesque entreprise qui touche à divers thèmes de la vie contemporaine. Le mieux-vivre général passe en effet par une meilleure manière de vivre l’urbanité, une alimentation assurée à tous avec le moins d’impact écologique possible, un développement durable mais aussi de la bonne politique. Car toutes les idées émises par des dizaines de participants dans les stands des 140 pays participants, les conférences et les événements journaliers, ne sauraient trouver un début d’application sans les politiques.

C’est en politique justement que Mme Federica Mogherini, Italienne responsable de la politique étrangère de l’Union européenne est venue à l’Expo samedi. Elle a appelé les 28 membres de cette union à avoir un regard circulaire des problèmes dans le monde d’aujourd’hui. Les 8 et 9 mai, l’Europe a fêté les 70 ans de l’écrasement du régime nazi en Allemagne – sa libération. Mais Mme Mogherini a averti  que " cette victoire s’est faite sur les nazis, pas sur tous les maux qui minent la vie en société et qui appellent d’autres combats aujourd’hui".

« Les défis auxquels nous sommes confrontés ne sont pas moins dramatiques et périlleux: la faim, le désespoir, la guerre tout autour de nous, l'inégalité dans l'accès aux ressources. Ces défis, nous devons en assumer la responsabilité, dans le monde aussi, et en regardant à l'intérieur des frontières », a-t-elle dit alors qu’elle visitait l’Expo en compagnie du président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz. Tous deux sont venus à l’Exposition universelle pour inaugurer le pavillon de l’Union européenne dont le thème conducteur est lié au pain.

Elle a appelé l’Europe à se réveiller car il y a urgence, notamment en matière d’immigration : chaque jour qui passe augmente le nombre de morts en Méditerranée. « Honte que l'Europe se réveille quand elle est confrontée à des morts. Il faut résoudre le problème de la Libye, car, tant qu'il ne sera pas résolu, il y aura là un corridor incontrôlé, parfait pour tous ceux qui veulent se livrer au trafic de migrants », a lancé Mme Mogherini. « Solidarité majeure », a de son côté recommandé Martin Schulz.

Les deux responsables, tous de gauche, partagent la conviction que le drame de l’immigration est aussi alimenté, si l’on peut dire, par la pauvreté, l’instabilité et la faim. Le tout dans un contexte en contraste, qui voit la croissance économique s’amorcer en Europe où on devient de plus en plus réticent à l’accueil des autres ; un  prix du pétrole stagné à un plus bas et un prix des denrées alimentaires lui aussi en nette flexion selon l’Organisation des nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation ( FAO), dont le siège est à Rome.

Théoriquement, avec une baisse de 2% sur le lait, par exemple ces dernières semaines, et une baisse des prix internationaux, cela devrait stimuler les importations de lait en Afrique. Atout dans la lutte contre la faim, mais couteau à double tranchant pour la balance commerciale. Autre bonne nouvelle : le continent, jusqu’ici producteur-exportateur est devenu producteur-exportateur-consommateur de son propre sucre. La conjoncture internationale est donc favorable sur le marché des denrées alimentaires. Mais comment une donnée mathématique peut-elle atteindre un migrant parti depuis des mois de chez lui et le dissuader de ne pas courir le risque de mourir en mer  pour gagner l’Europe!

Lucien Mpama