Fawzia Zouari : Lauréate du Prix des cinq continents 2016

Samedi 10 Décembre 2016 - 7:03

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Les membres du jury du Prix des 5 continents de la Francophonie ont décerné le prix de la 15ème édition à la romancière franco-tunisienne Fawzia Zouari, lors d’une cérémonie organisée au siège de l’OIF, à Paris, le 6 décembre 2016, pour son roman « Le Corps de ma mère », paru aux Editions Joelle Losfeld. Dans les colonnes des Dépêches de Brazzaville, l’auteure revient sur le choix du jury présidé par Jean-Marie Gustave Le Clezio (Maurice), Prix Nobel de littérature. 

Fawzia Zouari, lauréate 2016 Prix des cinq continentsLes Dépêches de Brazzaville (LDB) : Vous succédez à l’écrivain In Koli Jean Bofane. A quoi attribuez-vous le succès de votre 10ème publication ?

Fawzia Zouari (FZ) : Je ne peux me mettre à la place du jury ni du lecteur d’une façon générale, pour définir ce qui a valu à ce livre le succès qu’il a remporté. Il est dû, peut-être, au contenu qui aborde le sujet tabou de la mère et du corps dans nos sociétés arabo-musulmanes ou, tout simplement, à la langue qui a porté ce thème…

LDB : Certes le thème puise dans les souvenirs de votre cellule familiale. Est-ce une manière absolue de briser les interdits et d’ouvrir d’autres voies au féminisme à travers le maniement des idées ?

FZ : Quand je recours à la forme romanesque, je ne suis pas forcément dans le militantisme. Loin de là. Mais si, à travers la littérature, le récit rencontre l’idée et s’il se trouve que la narration plaide pour la cause des femmes, c’est tant mieux. Je reste même persuadée qu’il n’y pas de meilleure moyen que la fiction pour briser les interdits et donner naissance à « l’individu » dans nos sociétés.

LDB : Les lauréats de cette année, que ce soit le Prix Goncourt, le Renaudot ou celui des Cinq Continents, sont toutes des femmes. Comment expliquez-vous le réel engouement de la littérature francophone pour des écrivaines ?

FZ : Il y a, en ce moment, une réelle émergence des femmes issues du monde arabo-musulman et du Maghreb sur la scène de la littérature et de l’essai. C’est une vraie « saison des femmes » dont la production littéraire intense vient rompre avec des siècles de silence. Et qui interroge son monde, l’appelle à plus de raison, d’autocritique et d’ouverture à l’Autre. 

Résumé du livre “Le corps de ma mère” de Fawzia Zouari dans lequel elle raconte la vie de sa maman. Comme le lui dit l’une de ses amies, il t’aura fallu une révolution  du Jasmin)  pour oser parler de tes rapports avec elle ». Le sujet n’est pas tabou mais dévoiler, au sens figuré comme au sens propre, la figure maternelle n’est pas une affaire facile. D’autant que le silence familial a toujours été la règle. Raconter l’intime, c’est toucher au cœur de l’identité du clan censé être représenté par la femme. C’est essentiel aussi pour comprendre les mécanismes cachés des bouleversements politiques et sociologiques.

Le Prix des cinq continents a été créé en 2001 par l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Il consacre chaque année un texte de fiction narratif (roman, récit, nouvelles) d’un écrivain témoignant d’une expérience culturelle spécifique enrichissant la langue française.

Fawzia Zouari est une écrivaine et journaliste tunisienne née au Kef. Docteur en littérature française et comparée de la Sorbonne, elle vit à Paris depuis 1979. Elle a travaillé à l’Institut du monde arabe – à différents postes dont celui de rédactrice du magazine Qantara1 – avant de devenir journaliste à l’hebdomadaire Jeune Afrique en 1996.

Parmi les publications de Fawzia Zouari : La caravane des chimères (Olivier Orban, Paris, 1981), Ce pays dont je meurs (Ramsay, Paris, 1999), La Retournée (Ramsay, Paris, 2002), Le voile islamique (Favre, Paris, 2002), Pour en finir avec Shahrazad (CERES, 1999), Ce voile qui déchire la France (Ramsay, Paris, 2004), La deuxième épouse (Ramsay, Paris, 2006), Je ne suis pas Diam’s (Stock 2015).

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Fawzia Zouari, lauréate 2016 Prix des cinq continents

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