Félix Kabange Numbi : « Jusqu’à présent, personne n’a démontré que la machine à voter peut truquer les élections »

Lundi 10 Septembre 2018 - 19:15

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

S’exprimant récemment sur un média périphérique capté à Kinshasa, le cadre du Front commun pour le Congo (FCC) a assuré qu' il est prêt à aller aux élections, avec ou sans la machine à voter. Il minimise, par ailleurs, le risque de chaos que brandit l’opposition en cas de non prise en compte de ses revendications liées au processus électoral.

La décision de la Cour constitutionnelle d’invalider certaines candidatures à la présidentielle de ceux que l’on présente, à tort ou à raison, comme les poids lourds de l’opposition, continue d’alimenter la chronique politique. Chacun y va de son commentaire. Une certaine opinion jette l’anathème sur la Haute Cour qu’elle présente comme inféodée au régime en place de qui elle aurait reçu l’injonction de déclasser certains candidats de taille susceptibles de faire ombrage à celui du FCC. Des critiques sont allées jusqu’à incriminer le gouvernement de vouloir imposer « un Etat de non droit en RDC » avec une Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui s’est adjugée la compétence d’interpréter une décision de justice de la Cour pénale internationale en invalidant Jean-Pierre Bemba.  

Des récriminations que rejette systématiquement Félix Kabange Numbi pour qui la Céni ainsi que la Cour constitutionnelle n’ont joué que leur rôle, sans parti pris ni inféodation quelconque. Invité Afrique de Rfi tout récemment, le ministre de l’Aménagement du territoire et rénovation de la ville a pris la défense de la Céni et de la Cour constitutionnelle qui, d’après lui, ont agi en toute indépendance. « Le gouvernement prend acte des décisions de la Cour et ces décisions sont exécutoires immédiatement, les arrêts sont obligatoires et s’imposent », a-t-il réagi, évitant de commenter une décision de la Cour parce que « la Haute Cour a dit le droit ».

A ceux qui pensent que la mise à l'écart de Moïse Katumbi, Jean-Pierre Bemba et Adolphe Muzito pour la présidentielle de décembre est un coup dur asséné à l’inclusivité du processus électoral pouvant le décrédibiliser, Félix Kabange relativise. « Je pense qu’il faut qu’on fasse la part des choses entre d’une part, l’inclusivité, et de l’autre, le respect de la Constitution et des lois de la République », a-t-il tenu à préciser. Pour cet acteur politique membre de la coalition au pouvoir, il n’y a pas lieu de polémiquer, entendu que les candidats invalidés l’ont été du fait de la loi électorale et de la Constitution, loin de toute autre considération politicienne. D’où son exhortation au respect de la Constitution et des lois du pays par quiconque, fut-il opposant.

" La RDC n'est pas une république bananière"

Là-dessus, il invite l’opposition à suivre l’exemple du chef de l’Etat, Joseph Kabila, qui, conformément à la Constitution, a renoncé à briguer un troisième mandat. « Je pense qu’il est demandé à tous les acteurs politiques de faire de même. Nous ne sommes pas une République bananière où pour raison d’inclusivité, justement, que les personnes qui ne remplissent pas les conditions d’éligibilité soient tout simplement validées parce qu’il faut être inclusif. Et j’aimerais aussi rappeler qu’il y a aussi une vie en dehors de la présidence. Ce n’est pas seulement qu’il faut obligatoirement, impérativement être candidat à l’élection présidentielle. Si ce n’est pas possible pour raison de droit, je pense qu’il faut être sportif et qu’il faut accepter », a-t-il déclaré.

Sur la même lancée, il décourage une certaine opposition dans son projet de boycott des élections, estimant que cela ne va pas empêcher le pays d’avancer, prenant l’exemple de l’UDPS qui, en 2006, n’a pas participé au processus électoral sans pour autant arrêter le cycle électoral qui s’est poursuivi jusqu’à son aboutissement. Si c’est pour réclamer un dialogue supplémentaire, Félix Kabange dit niet. « Nous ne pouvons pas encore aller vers un autre dialogue et attendre encore des années », a-t-il indiqué avant de mettre en relief quelques préoccupations de l’opposition en rapport avec le processus électoral qu’il tient pour des faux-fuyants, en l’occurrence, le fichier électoral, la machine à voter qui n’inspire pas confiance, la non-inclusivité des candidats, etc.

Pour Félix Kabange,  « ce sont des problèmes qui sont pour la plupart derrière nous ». Il a estimé que le fichier électoral a été audité par l’Organisation internationale de la Francophonie et se trouve actuellement à l'étape de l’affichage des listes. Et d’asséner : « Il n’y a pas de fichier électoral parfait à travers le monde ». Quant aux six millions d'électeurs sans empreinte, il redoute leur mise à l’écart qui pourrait donner lieu à six millions de cas de recours devant les cours et tribunaux.  Concernant la machine à voter, la décision sera prise au niveau de la Céni, a-t-il dit, tout en ajoutant que jusqu’à présent, « personne n’a démontré que cette machine peut truquer les élections ».  

Enfin, tout en isignifiant que le FCC est prêt à aller aux élections, avec ou sans la machine à voter, Félix Kabange minimise le risque de chaos que brandit l’opposition en cas de non prise en compte de ses revendications. « A moins que ceux qui ne veulent pas des élections, justement, se mettent dans ce processus du chaos. Parce que la population veut les élections. Et nous, nous voulons aller aux élections. Regardez ce qui se passe dans la plupart des pays africains. Vous ne pouvez pas empêcher quelqu’un de contester. Donc, nous pensons pour notre part qu’il est important que nous allions de l’avant. Ça, c’est très important. Nous devons aller de l’avant et les uns et les autres, mettre un peu d’eau dans le vin, dans le respect des textes et des lois règlementaires », a-t-il conclu.     

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Félix Kabange Numbi

Notification: 

Non