Festival Images et histoire : clap de fin de la 4ème édition à l’IFC

Lundi 22 Mai 2017 - 15:55

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Le 20 mai dernier s'achevait la quatrième édition du festival Images et histoire. Plusieurs thèmes ont jalonné cet évènement parmi lesquels:  État des lieux ; Le cinéma africain des indépendances : des contre-mémoires ? ; Autres regards : la persistance d’un imaginaire colonial ? : Télévision française et conflictualités africaines ; Contre-champs sur le cinéma à la veille des indépendances ; puis Bilan et clôture. Retour sur quelques moments phares de ce festival.

Le 16 mai dernier, le festival Images et histoire s’était ouvert par une conférence portant sur « Cinéma et histoire en Afrique francophone » animée par le spécialiste des littératures et cinémas africains et caribéens, Sada Niang, auteur de plusieurs monographies. Dans son intervention, il indique qu’outre le fait que les dates de l’invention du cinéma et de la conférence de Berlin coïncident à une dizaine d’années près, l’histoire du cinéma africain côtoie de près celle du continent. Dans les années soixante alors qu’émergeaient un peu partout des groupes nationalistes, des cinéastes tels Sembene Ousmane, Oumarou Ganda, le regretté Moustapha Alassane commencèrent à figer sur celluloïd les images, paroles et la créativité d’une culture populaire qui se voulait engagée. L’heure était à la revendication de soi, à la nécessité de se raconter, de dire sa terre et les siens dans un langage qui défiait toute polarisation, fustigeait tout assujettissement. C’est aussi dans ces années-là que se tint debout, de part et d’autre du continent, la négritude et ses avatars.

Outre la conférence, Les Africains se sont réappropriés leur histoire notamment par : l’invention des mythes – Sarraounia avec le cinéma « Les classiques » par Christophe Figuéréo, agrégé d’histoire, enseignant au lycée Saint-Exupéry de Brazzaville. Il anime, à l’IFC, depuis 3 ans, le cycle de conférences mensuelles ou bimensuelles Images et Histoire qui interroge le regard que les sociétés contemporaines portent sur leur passé à travers l’imaginaire cinématographique. Prenant la suite de Louis Estienne, il organise depuis 2 ans le festival Images et Histoire.

Que dire de « La construction d’un mythe-Sarraounia (1986) de Med Hondo » ? La bataille de Lougou fait l’objet d’évocations sommaires dans les sources françaises ; simple escarmouche dans cette tragédie coloniale que fut la mission Afrique centrale. Sarraounia qui n’est mentionnée que dans une tradition orale circonscrite à l’Aréwa devient avec Abdoulaye Mamani et Med Hondo une héroïne, reine guerrière et magicienne défiant ses voisins musulmans et contribuant à l’échec de la mission Voulet–Chanoine, scellant ainsi le sort de ses deux protagonistes. Surtout elle incarne un projet de société révolutionnaire fondé sur des idéaux de liberté, de dignité et de tolérance dont le griot se doit de conserver la mémoire. Le mythe littéraire, par réécritures successives et glissement de sens, évacue ce côté subversif pour faire de la reine des Aznas un symbole consensuel, de la résistance à la pénétration française. Cette figure s’historicise et structure désormais l’imaginaire et les représentations de l’histoire coloniale au Niger et en Afrique.

« Le génocide des Tutsi du Rwanda : génocide en direct ou génocide oublié ? » et « La chapelle » projetés pour le public

 « Le génocide des Tutsi du Rwanda : génocide en direct ou génocide oublié ? » a pour auteur François Robinet, maitre de Conférences en histoire contemporaine à l’Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines alors que « La chapelle »  est une signatuure de Bienvenu Tchissoukou.

Le premier film retrace le génocide au Rwanda. En effet, au cœur des années 1990, plus de 800.000 personnes ont été massacrées selon un projet préparé et organisé dans le but d’exterminer les Tutsi du Rwanda. Le manque de réaction à l’étranger et la relative indifférence de la communauté internationale ont suscité de vives polémiques sur la couverture médiatique réalisée par les Occidentaux. Génocide sans images pour les uns, flot d’images dénaturant l’événement pour les autres, les journalistes se sont trouvés profondément mis en cause pour ne pas avoir été capables d’alerter sur le désastre en cours. Quelle fut la véritable nature de la couverture assurée par les médias français et internationaux ? Quelles images les rédactions de télévision françaises ont-elles proposées à leurs téléspectateurs ? Dans quelle mesure les discours et images médiatiques ont-ils eus des répercussions sur la stratégie des différents acteurs impliqués dans l’événement ?

Quant à la « Chapelle »,elle raconte l'histoire d'un village dans les années 1930 au Congo français, à 30 km du chef-lieu de la région, où la mission évangélique demandait à la population de bâtir une chapelle. Cette construction qui traîne en longueur révèle le choc entre christianisme et religion traditionnelle et génère des rivalités de pouvoir et d’influence entre le guérisseur, l’instituteur, le curé, le sacristain et un jeune maître pétri d’idées modernistes. Le film remporte le Prix de l’authenticité au festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) en 1981. Il a été projeté en présence des réalisateurs et acteurs congolais de la nouvelle génération, à savoir Yacinthe Mienandi, Blaise Anicet Okana et Sorel Boulingui.

Le doyen des cinéastes congolais, Sébastien Kamba, a animé une conférence sur « les pionniers du cinéma congolais » et présenté son film « la Rançon d’une alliance ».

 

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : une actrice de la construction d’un mythe-Sarraounia Photo 2 : les déplacés du film sur le génocide

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