Festival Mantsina sur scène : " Cahier d’un retour au pays natal" sur les planches

Mercredi 18 Décembre 2019 - 13:15

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Le texte poétique de l’écrivain martiniquais, Aimé Césaire, mis en scène par Jean Marie Diatsonama, a fait l’objet d’une énième adaptation théâtrale à l’Institut français du Congo (IFC), le 17 décembre, par la compagnie Troupe Mbongui.

Dans la salle Savorgnan tout obscure, à travers une poignée de lumière, on aperçoit un jeune homme occupé les planches. Sac au dos, bagages en main, il s’agit du comédien Huden Nardier Mayassi, incarnant Aimé Césaire, auteur du livre « Cahier d’un retour au pays natal ». Paru pour la première fois en 1939, l’ouvrage est devenu comme une charte de « la négritude » et de « l’anticolonialisme ».

L’adaptation de ce récit relève de l’itinéraire d’un jeune intellectuel de 26 ans, « éveilleur » destructeur et contestataire. En 1935, il rentre à Normal (ville dans le centre de l’Illinois, un État du Midwest des États-Unis) et y traverse une crise quasi-mystique pendant quatre ans. Le texte fondateur de la négritude, qui est aujourd’hui associé aux combats raciaux et politiques, est né d’une expérience spirituelle, personnelle et subjective. Césaire écrit son Cahier lorsqu’il est encore en Europe, dans le bateau qui le ramène en Martinique.

Au fur et à mesure qu’Huden Nardier Mayassi, personnage principal de la pièce de théâtre, déroulait le spectacle, le public décelait, à travers « Cahier d’un retour au pays natal », une critique ardente contre la déshumanisation des races et sociétés dites inférieures ou sous-développées qui a conduit, peu à peu, à la déchéance de la pensée occidentale et à la brutalité du continent blanc et, partant, du reste du monde. L’œuvre est aussi pour un Noir la prise de conscience de sa condition et de toutes ses implications dans une Europe des années 1940, largement ségrégationniste et pro-colonialiste.

Le retour à la Martinique du jeune noir s'accompagne de la prise de conscience de la condition inégalitaire de ses pairs. Le premier cri noir a donc été celui d’Aimé Césaire dans son « Cahier d’un retour au pays natal ». Face à ceux qui se sont érigés en Dieu pendant tant d’années, l’auteur s’érige lui aussi en divinité pour faire naître son peuple. Loin de la violence et la subordination de l’homme par l’homme, Césaire s’appuie sur la poésie et la parole créatrice. « Et nous sommes debout maintenant, mon pays et moi, les cheveux dans le vent, ma main petite maintenant dans son poing énorme […] et il est place pour tous au rendez-vous de la conquête et nous savons maintenant que le soleil tourne autour de notre terre, éclairant la parcelle qu’a fixée notre volonté seule et que toute étoile chute de ciel en terre à notre commandement sans limite », sexprime-t-il.  

Une prestation éloquente qui a eu droit à une belle ovation de la part du public. « Il y a des ouvrages dont on ne cessera de savourer, d’explorer, de se perdre dans ses pages et d’apprendre d’eux… tels Cahier d’un retour au pays natal. C’était vraiment merveilleux et merci aux artistes qui étaient formidables sur scène », a témoigné une spectatrice ayant requis l’anonymat.

Notons qu’après cette représentation théâtrale, les artistes et festivaliers se sont rendus à l’espace Mantsina sur scène où ils ont pu poursuivre la soirée autour de la pièce de théâtre "7 milliards de voisin", une création du Béninois Giovanni Sèdjro Houansou, mise en scène par Carlos Zinsou avec le théâtre au Compteur.

Merveille Atipo

Légendes et crédits photo : 

Huden Nardier Mayassi déroulant la pièce de théâtre "Cahier d’un retour au pays natal" d’Aimé Césaire/Adiac

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