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Fête de la réconciliation en Afrique du Sud

Lundi 4 Décembre 2017 - 11:41

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À L'origine controversée,  cette fête nationale doit se pérenniser car elle a pour objectif principal de raffermir une nation au passé tumultueux. Appelée autrefois le jour du Vœux (Day of the Vow) par les Afrikaners qui commémoraient  leur victoire sur les armées zouloues,  confère la bataille de Blood River (« rivière de sang ») en 1838,  elle était aussi un symbole fort pour  l’African national congress (A N C) qui célébrait, de son côté, la création de son organisation militaire, le 16 décembre 1961. Cette date, fériée depuis 1911, est devenue depuis la fin de l'apartheid,  le jour de la réconciliation.

De nombreux incidents ont émaillé son parcours  qui n'est assurément pas un long chemin tranquille et les différentes communautés sont encore loin d'avoir façonné une mémoire collective commune sur l'histoire du régime ségrégationniste d'apartheid, qui réduisit les Noirs à l'état de sous-citoyens pendant des décennies.

D’aucuns pensent  que sous l’impulsion de Nelson Mandela "les Sud-Africains ont essayé d'exorciser leur passé trop rapidement", avec la célèbre "Commission Vérité et Réconciliation" (TRC) présidée par Desmond Tutu, dont les travaux ont commencé dès 1996.

La TRC a pourtant beaucoup fait, il faut bien le reconnaître,  pour rapprocher bourreaux et victimes, en accordant aux premiers, sous certaines conditions, une amnistie s'ils acceptaient de confesser leurs crimes. Mais vingt ans après, certaines plaies demeurent encore ouvertes.

Même la  décision de rebaptiser une artère du Cap du nom de Frederik Willem de Klerk, dernier président de l'apartheid et co-Prix Nobel de la paix avec Nelson Mandela, avait suscité des grincements de dents dans la communauté noire qui lui reproche d’avoir été  chef de l'État à une époque où les services spéciaux torturaient et tuaient les militants noirs.

Certains discours du président Jacob Zuma ne sont pas non plus de nature à apaiser le climat car il y accuse régulièrement l'apartheid et les Blancs d'être à l'origine des difficultés actuelles.

Il ne faut donc pas dormir sur ses lauriers mais demeurer en éveil  car  l’Afrique du Sud  n’en est encore qu’à ses premiers pas et le but ultime du voyage ne semble pas encore atteint,  d’après M. Harris, de la Fondation Mandela.

La grande majorité des Sud-Africains vit dans une réalité encore très fortement héritée de l'apartheid, ils en conçoivent de la colère. Aussi les vieilles divisions et les vieux schismes semblent-ils plus marqués aujourd'hui.

 Il y a eu, certes, l'apparition de classes moyenne et riche noires, mais les habitants des bidonvilles demeurent quasi exclusivement noirs tandis que les beaux quartiers du Cap ou de Johannesburg sont encore majoritairement blancs, ce qui ravive les tensions raciales d’antan.

Un sentiment de supériorité chez les Blancs qui perdure et l'actuel discours du pouvoir ne vont pas dans le sens d'une réconciliation. Finalement, l’on se rend compte que ce ne sont essentiellement que les victimes qui ont fait l'effort du pardon, alors que les indemnisations n'ont pas été à la hauteur des attentes.

La journée de la réconciliation est un jour férié pour commémorer les relations entre Sud-Africains de races différentes. A cette occasion, le président Jacob Zuma a appelé tous les Sud-Africains à perpétuer l’héritage de l’ancien président, Nelson Mandela, et à vivre en harmonie. Pourtant, vingt ans après la fin de l’apartheid, une étude de l’Institut pour la justice et la réconciliation, parue, il y a quelques jours, montre que le désir pour une Afrique du Sud unie est en baisse parmi la population.

L’Afrique du Sud est encore très divisée socialement et géographiquement, c’est ce qu’il faut déplorer car  la plus grande mixité attendue dans des espaces réservés ou qui étaient réservés aux Blancs n’a pas été obtenue et les clignotants ainsi que les intérêts de la population sont passés à l’orange.

La réconciliation en Afrique du Sud est un facteur crucial pour une reconstruction réussie de la nation, l’une des conditions essentielles à la réconciliation est l’effacement progressif des différences institutionnalisées par l’apartheid et bannies par le grand Madiba, Nelson Mandela.

 

 

 

 

 

Ferréol C.P Gassackys

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Édition Quotidienne (DB)

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