Film : Alexis de la Rivière « Si on ne gère pas rationnellement le poisson, les jours à venir vont être très difficiles »

Mercredi 5 Juillet 2017 - 20:22

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Après la réalisation du film « Embarcation des fortunes », Alexis Damase Melmon dit Alexis de la Rivière, journaliste et réalisateur de film à Télé Congo, vient de produire son deuxième documentaire intitulé, "Le poisson demain". Dans ce film, le réalisateur parle de la rareté du poisson dans la rivière Mossaka. Il tire la sonnette d’alarme sur les menacent qui pèsent sur les écosystèmes aquatiques et les ressources halieutiques dans cette partie du Bassin du Congo.   Il a répondu aux questions des Dépêches de Brazzaville.  

 

 

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Pouvez-vous nous parler de votre documentaire, "Le poisson demain" ?

Alexis de la Rivière(AR) : le poisson demain est un film de documentaire de 26 minutes, un court métrage. Dans ce film, je pose la problématique du devenir du poisson.  Le film est tourné dans le Bassin de Mossaka. Au Congo quand on parle de la pèche continentale on fait allusion à Mossaka parce que c’est la capitale de la pèche.  A l’époque dans le Bassin de Mossaka, le poisson mourrait de vieillesse, aujourd’hui ce n’est plus le cas, le poisson meurt immature et, il n’y a même plus de poisson. Les gens font recours aux produits congelés, ce qu’ils ne consommaient pas à l’époque.

Le film parle de la raréfaction du poisson dans le Bassin de Mossaka. Si on ne fait pas attention, si on ne gère pas rationnellement les ressources halieutiques, c’est-à-dire le poisson, les jours à vénir vont être très difficiles surtout  pour les générations futures.

LDB : cette rareté est-elle due aux mauvaises techniques de pêche ou  aux produits utilisés par les pécheurs ?

AR : Aujourd’hui on parle de plus en plus de changement climatique Ce changement impacte négativement le régime hydrologique du Bassin du Congo.  Les pécheurs eux-mêmes reconnaissent qu’au-delà du changement climatique, l’homme est aussi responsable parce que les techniques de pêche pratiquées ne garantissent pas l’avenir de la ressource. Il y a aussi l’augmentation de la démographie. Le taux de la population a augmenté et tout le monde pratique la pêche, il n’y a plus de repos. La pêche se pratique maintenant de janvier à décembre alors qu’à l’époque ont respectait les périodes de pêche pour laisser le temps au poisson de se reproduire. Aujourd’hui c’est plus le cas.

Il y a une technique beaucoup dénoncée par les pécheurs eux- mêmes, c’est la technique dite Ndouka pressé. Elle consiste à encadrer un roseau  à l'aide des filets aux petites mailles.  Les roseaux sont supposés être les lieux de repos des poissons. c’est aussi supposé  être des tanières, des lieux où les poissons se cachent. Quand vous vous mettez à tout couper, le poisson n’a plus de cachette, il vagabonde et facilement vous exterminez les espèces.

LDB : Y a -t-il de sanctions  prévues pour  ceux qui pratiquent ces techniques ?

AR : Franchement sur le fleuve Congo, il y a la direction départementale de la pêche qui essaie de faire quelque chose, cette direction est confrontée au manque de pirogue motorisée.

Ce film interpelle les autorités publiques sur un défi majeur, celui de rendre le poisson accessible à tous et à faible coût, conformément à l'objectif fixé par le chef de l’Etat à savoir, « poisson pour tous à l’horizon 2025 ». Il faut donc penser à élever le poisson.  On avait tenté cette expérience à Mossaka avec l’élévage de poisson dans les cages flottantes mais elle n’a pas duré. Il y avait aussi un projet de construction de l’école de métier de la pêche à Mossaka, on n’en parle même plus.

LDB : Quelles pistes de solutions proposez-vous pour atteindre l’objectif du chef de l’Etat ?

AR : Il faut donc penser à élever le poisson, construire l’école de pêche à Mossaka, entreprendre les compagnes de sensibilisation aux pécheurs sur les techniques de pêche.  Si ces mesures ne sont pas prises en compte, le mot du chef de l’Etat « poisson pour tous à l’horizon 2025 » risquera d’être une illusion.

LDB : Un mot sur  la cherté du poisson d’eau douce ou fumé sur le marché congolais

AR :   Si le poisson est cher sur le marché, ce n’est pas de la faute des femmes revendeuses, c’est   parce qu’au niveau du fleuve il ne se fait plus voir. L’offre ne répond pas à la demande.

LDB :  Quelle est l'origine de vos financements ?

AR :  Ces deux films sont réalisés grâce à l’appui financier du Conseil international des radiotélévisions d’expression française (Cirtef).  "Le poisson demain"  a été réalisé grâce au 13ème fonds cirtef qui donne les moyens aux chaînes publiques pour réaliser des films. Malheureusement quand Cirtef donne sa contribution, l’Etat congolais ne fait pas sa  part. Nous fonctionnons toujours avec le financement de l’étranger.  Je viens encore de bénéficier d'un autre financement de Cirtef pour mon troisième film intitulé le westaf. Il sera tourné à la deuxième quinzième du mois de juillet. C’est un film qui parle de la communauté Westafricaine au Congo. Cirtef a mis en place un fonds pour l’amélioration de la production télévisuelle du sud. Chaque année,il lance un appel à projet à l’endroit des chaînes de télévision et des radios publiques et non privées.

LDB : Avez-vous un appel à lancer ?

AR : J’ai besoin de l’appui de la partie congolaise. L'aide que Cirtef donne ne suffise pas pour réaliser un très bon documentaire. Malgré cela, on fait tout avec ces petits moyens.  Ce film dès lors qu’il est admis à l’échelle internationale, on ne voit pas Alexis de la Rivière, mais le Congo. C’est une fierté pour notre pays, pour Telé Congo. Je demande à l’Etat congolais de me soutenir dans cette œuvre. Ces films sont aussi programmés dans d’autres chaînes internationales comme TV5 et  diffusés au Gabon, en RDC et au Burundi.

 

 

 

 

 

 

Rosalie Bindika

Légendes et crédits photo : 

Photo : Alexis de la Rivière , Photo : le CD du film "Le poisson demain"

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