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Fin de la concertation sur la Conférence nationale

Vendredi 31 Janvier 2014 - 0:18

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La concertation ayant regroupé à Brazzaville le Premier ministre, Louis-Sylvain Goma, les partis politiques, les syndicats, associations et organisations non gouvernementales sur les préparatifs a pris fin le 2 février 1991 par la mise en place d’une commission préparatoire de ce forum.

Selon le communiqué final de la réunion publié à l’époque, cette commission de 150 membres représentant les organisations ayant participé à la réunion sera coordonnée par le Premier ministre. Elle se chargera de l’organisation logistique, des questions de sécurité et de l’établissement de la liste des participants à la conférence. Ce communiqué souligne la souveraineté de la Conférence nationale qui aura la maîtrise de son ordre du jour.

Vingt-trois ans après, que nous inspire cet événement ? Billevesées. Hormis la démocratie et la liberté de la presse, que nous aurions pu atteindre par d’autres voies moins sibyllines, au-delà, transparence obligeant, de l’obscure clarté de la Conférence nationale. Plus personne ne s’y réfère depuis 1992. À quoi aura servi cette conférence réclamée avec tant d’ardeur par certains contempteurs de l’ordre établi pour changer la face du monde ? Tonneaux des Danaïdes. Près de six mois de discussions oiseuses, des milliards de francs dépensés en généreuses largesses « redistributives » sous forme des fameux per diem et autres frais de logistique.

Les griefs des tenants du nouvel ordre politique se résument à ces propos : « Les intellectuels s’accrochaient à cette éventualité, comprenant bien ce qui adviendrait d’un déballage public des turpitudes et crimes du régime. Le relais fut repris par les syndicats avec détermination. Depuis 1985, le Congo, engagé dans des négociations avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international, avait consécutivement, au plan social, imposé des restrictions insoutenables par ces temps de crise. Par exemple, les avancements des fonctionnaires furent stoppés et même les privilégiés de la force publique qui recevaient toujours leurs galons ne perçurent pas le traitement correspondant à leurs nouveaux grades. L’effondrement des entreprises d’État, ayant jeté dans la rue des centaines de chômeurs sans paiement de leurs droits sociaux légaux, alimentait le mécontentement. Le handicap le plus difficile provenait du surendettement, le plan quinquennal 1982-1986, estimé au départ à 1 500 milliards FCFA, non seulement n’avait atteint aucun objectif, mais grimpé pour atteindre le chiffre faramineux de 3 000 milliards, conséquence du système de pots-de-vin et de corruption. » Ce discours au vitriol est l’œuvre d’un contempteur du président Denis Sassou-N’Guesso, opposant à l’époque, occupant actuellement un poste politique de premier plan. On est en droit de penser, avec Jean Daniel, que, dans la perspective de cette Conférence nationale, « chacun avait un problème national qui était le sien propre », si l’on en juge par la configuration actuelle de l’espace public congolais. Depuis 1997, on retrouve, à côté de celui qu’ils désignaient comme le diable incarné, tous ceux qui vomirent leur fiel sur lui à la Conférence nationale.

Nous comprenons mieux la superficialité de leur « combat » et le déclin des valeurs qui fondent la politique aujourd’hui. « Ici se dessinent la figure inconsistante du Noir, la fragilité de ses convictions et son opportunisme bassement domestique », comme l’affirme Grégoire Lefouoba dans son ouvrage Le Curriculum Vitæ du Congo. Ce n’est donc pas un hasard si la Conférence nationale n’a pas réussi à changer le Congo. Bien au contraire, l’affinité instinctive a gagné. Le grégarisme a triomphé avec « le retour des ethnies », une expression forgée par Dominique Ngoïe-Ngalla pour son opuscule.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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