Fin du franc CFA en Afrique de l’Ouest : de nombreuses réactions après l’annonce de la réforme

Lundi 23 Décembre 2019 - 14:27

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Après l'information donnée par le président ivoirien, Alassane Ouattara, le 21 décembre, les réactions des Africains, anonymes, économistes ou anciens dirigeants politiques ne tarissent pas.

Le candidat du parti Lider à l’élection présidentielle de 2020, Mamadou Koulibaly parle de la fin d'un tabou autour du franc CFA. Cependant, l'éco dont il avait rêvé pour la zone CEDEAO ne ressemble pas à celui qui est en train de se mettre en place. Il voit dans l'annonce du président ivoirien « une décision très politique, qui n'a pas été assez préparée ». « Déclarer que le CFA est mort, c’est vraiment politique, alors qu’il s'agit d'une question sérieuse, financière, monétaire. Le CFA n'est pas mort, puisque ce matin, à Dakar, à Ouaga à Lomé, les gens continuent d'utiliser le CFA et pourront l’utiliser encore pendant longtemps », a indiqué Mamadou Koulibaly.

« Vous vous souvenez que quand le franc français, le deutsche mark et autres sont passés à l'euro, il y a eu le traité de Maastricht, il y a eu la confection des billets, la mise en place de la Banque centrale, enfin tout un processus que l'on ne fait pas et on proclame simplement que le franc CFA est mort. C'est ce qui est décevant. On a l'impression que pour calmer les pressions des opérateurs économiques, des hommes d'affaires qui s'inquiètent des difficultés de la zone CFA, les chefs d'État se disent "bon on va leur balancer quelque chose, ils vont s'amuser avec et puis pendant ce temps on continue." Personne n'est dupe », a-t-il ajouté.

Au Burkina Faso, Ablassé Ouedraogo pense qu’il s'agit d'une décision politique certes, mais qui a été prise au moment opportun. L'accompagnement par la France de la transition vers l'éco, selon lui, est une bonne chose pour les économies africaines. « Je pense qu'il faut être honnête et reconnaître que c'est une évolution positive, attendue depuis longtemps. Que va-t-il se passer ? Les Africains prennent un peu plus d'indépendance dans la gestion de leur économie. Mais ce qui est important dans cette opération, c'est que toute monnaie ne vaut que ce que vaut l'économie. C'est une question de confiance et de crédibilité. La parité avec l'euro, la stabilité est maintenue, la possibilité de faire des prévisions est maintenue et ça c'est très bien pour les investisseurs qui viennent de l'extérieur. C'est très positif », a déclaré l’ex-ministre des Affaires étrangères, économiste et ancien directeur général adjoint de l’Organisation mondiale du commerce.

L’économiste sénégalais, Felwine Sarr, estime qu’il y a encore du chemin à parcourir avant le véritable changement espéré. Son compatriote économiste, Demba Moussa Dembélé, animateur au sein du Forum social africain, pense qu’il n’y a rien d’historique. « Pour nous, ce n’est pas un jour historique parce que tout simplement, il n’y a pas de rupture. La Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest va continuer à conduire les mêmes politiques monétaires en donnant la priorité à la lutte contre l’inflation, en calquant cette politique monétaire sur celle de la Banque centrale européenne pour garder cette parité fixe… », a-t-il dit.

Par ailleurs, au Bénin, Albin Feliho le président de la Confédération national des employeurs du Bénin (Coneb) pense que l’annonce faite par les présidents Emmanuel Macron et Alassane Ouattara obéit à des pressions du moment. Selon lui, elle ne prend pas totalement en compte les exigences des grands pays anglophones de la CEDEAO comme le Ghana et le Nigeria, les pays hors de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). C’est le 21 décembre à Abidjan que les présidents, Emmanuel Macron et Alassane Ouattara ont annoncé la disparition du franc de la Communauté financière africaine. Il était né en 1945 sous le nom de franc des colonies françaises d’Afrique.

Yvette Reine Nzaba

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