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Fin, presque, de la démocratie

Samedi 22 Octobre 2016 - 13:30

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Imaginons les villes américaines en feu, des morts jonchant les places, au motif de contestation par un candidat des résultats électoraux, et qui plus est, à l’occasion de l’élection du président des Etats-Unis d’Amérique ! On peut en douter, on devrait en douter. Mais, le caractère tendu de la campagne électorale des deux finalistes de la course à la Maison Blanche, Hillary Clinton, et Donald Trump, pose le problème de son issue glorieuse. Et le contexte même de cette présidentielle américaine, marqué par les guerres en Syrie, en Irak et au Yémen, dans lesquelles les principales puissances du monde sont engagées en adversaires irréductibles, est le signe que sous la houlette de la Communauté internationale, sa représentante administrative, l’humanité est en crise.

Pour tout dire, l’Amérique démocratique, celle qui a traversé des crises graves avant d’être façonnée de l’intérieur par une longue histoire du débat d’idées, ne nous avait pas habitués à douter du caractère irréprochable de ses processus électoraux. C’est bien pourtant ce que suggère le candidat républicain, Donald Trump qui peut se croire en partie pris dans un traquenard. Interrogé, en effet, sur sa disponibilité à reconnaitre sa défaite si les résultats du scrutin présidentiel du 8 novembre le donneraient perdant, Trump a émis des réserves : « Je verrai à ce moment-là. » Une réponse qualifiée de « terrifiante » par son adversaire démocrate, Hillary Clinton.

À en juger par l’attention que les plus grands médias du monde portent à ce rendez-vous électoral américain, on se croirait attendre l’élection du chef d’Etat des cinq continents. Parce que, justement, et jusqu’à preuve du contraire, les Etats-Unis restent la première puissance mondiale. Une position qui ne saurait s’accommoder de la remise en question des acquis démocratiques intérieurs, alors même qu’elle est sujette à controverse sur son côté relations extérieures. Les guerres de Syrie, d’Irak, du Yémen, auxquelles il faut ajouter celle d’Afghanistan, les fortes tensions avec la Russie, l’Iran et la Corée du Nord, la crise libyenne, la relation avec l’allié historique européen, le lien vis-à-vis du très rangé géant chinois, le lancinant conflit israélo-palestinien, voilà autant de dossiers brûlants qui attendent le successeur de Barack Obama à l’international.

De manière générale, les seules scènes de violences de rue qui passent en boucles à la télévision, ces dernières années, aux Etats-Unis, sont celles des émeutes provoquées par des bavures policières. Très souvent, elles mettent en avant la communauté africaine-américaine en butte aux méthodes expéditives, discriminatoires, dit-elle, des forces de l’ordre lorsqu’elles sont face aux citoyens issus de celle-ci. Ce ne sont pas des violences politiques au sens que pourrait en donner la contestation des résultats électoraux.  A moins de s’abstenir d’avoir peur et de placer certaines déclarations inquiétantes entendues au cours de ce processus qui s’achève, le 8 novembre, dans le strict cadre de la campagne électorale. Car si cela devait se produire dans le pays de la bannière étoilée, ce serait presque pour tout le monde, la fin de la démocratie.

En tout état de cause, les appréhensions autour du dénouement de la prochaine élection présidentielle américaine montrent que les nations sont toutes embarquées sur un même navire qui tangue. De même qu’on le disait de l’homo soviéticus, l’homo américanus n’existe pas.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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