Finances : les pièces de monnaie se raréfient-elles à Brazzaville ?

Mardi 22 Août 2017 - 19:00

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Observée ces derniers temps, la rareté des pièces de monnaie est parfois à l’origine des querelles entre acheteurs et vendeurs ou équipages de bus de transport en commun et usagers. Pour certains, cette situation est consécutive à la prolifération des jeux de loterie dans la capitale.  

A l’arrêt de bus de la Gare du Chemin de fer Congo océan (CFCO) au centre-ville de Brazzaville, un mini bus traine à prendre des usagers à destination du Plateau des 15 ans, dans le 3ème arrondissement. Dans un temps péremptoire, le chauffeur lance que seuls les usagers ayant des pièces de monnaie devraient monter dans le bus. « Même pas ceux qui ont 500 F CFA. Car, je n’ai pas de petite monnaie », argue-t-il.

Même son de cloche pour le deuxième bus dont l’équipage déclare : « Pas de billets, nous n’avons pas de pièces ». « Ce n’est pas de notre faute. Les casinos ont bloqué les pièces. Trouver la petite monnaie devient difficile », ajoute-t-il.

Si les équipages de bus déplorent l’indisponibilité des pièces de monnaie, les usagers accusent des difficultés à gagner leur destination à temps. Car, même lorsqu’on veut faire la monnaie auprès d’un vendeur ambulant avant de monter dans un bus, l’obligation est souvent faite d’acheter un article.

A la paroisse Cathédrale Sacré Cœur de Brazzaville, Yves s’est vu refuser une course de taxi sur une courte distance pour avoir proposé 700 FCFA au conducteur. « Si vous avez 700 FCFA, c’est d’accord. Parce que je n’aurai pas de pièces à vous donner », lance le chauffeur de taxi.

Les échos de ces échanges avec des vendeurs viennent également des marchés. Christine qui vend des « divers » au marché Total à Bacongo, avoue être embarrassée lorsqu’elle n’a pas de petite monnaie. « C’est difficile au bout de plusieurs heures, car même les collègues refuseront de vous faire la monnaie. Parfois, je suis obligée de me déplacer pour trouver des pièces. Et cela ne plait pas aux acheteurs », explique-t-elle. Des exemples sont multiples.

Les nouveaux « casinos » pointés du doigt

Il fut des années où la rareté des pièces de monnaie était attribuée à des fabricants des bijoux en or ou en argent. L’arrivée des machines à sous disséminées à travers les rues de Brazzaville serait aussi à l’origine de cette situation.

Ces caissons lumineux, de petite taille, à plusieurs boutons jaunes où la mise minimale est de 100 FCFA, seraient à l’origine de la « confiscation » des pièces de monnaie, selon certains Brazzavillois. Ces machines communément appelées « casino », en référence aux salles de jeu, sont concédés à travers un contrat avec un gérant qui bénéficie jusqu’à 20% des recettes.

Avec des gains allant jusqu’à 5.000 FCFA en pièces de 100 FCFA, peut-on considérer que ces objets thésaurisent la petite monnaie ? Difficile de répondre devant l’absence d’enquêtes habilitées.

Pourtant, la difficulté à trouver des pièces d’argent en franc CFA peut révéler des imperfections des politiques économiques et des comportements de certains corps de métiers dans la libre circulation de la monnaie.  Des pistes, éventuellement, pour des administrations compétentes.

Car une économie où les petites activités sont prépondérantes nécessite également que les petites coupures de monnaie soient disponibles pour couvrir librement les transactions désirées par les utilisateurs.

Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Des pièces d'argent en franc CFA dans sur une main

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