Football : pour Jean-Michel Mbono, « il faut que la SCPS travaille en harmonie avec la fédération »

Vendredi 27 Septembre 2013 - 12:43

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Après la victoire des Diables rouges U20 en finale des Jeux de la Francophonie, Jean-Michel Mbono, le président de la Fécofoot, a confié sa satisfaction. L’occasion également pour le patron du football congolaise d’aborder la situation des équipes A et A’, mais aussi les relations avec la Société congolaise de promotion du sport et le championnat national direct

LDB : Président Mbono, les Diablotins viennent de remporter les Jeux de la Francophonie à Nice et le Congo devient ainsi le premier pays à conserver son titre. Le président de la Fécofoot ne peut qu’être satisfait de ce bilan…

Jean-Michel Mbono : Oui, bien sûr, c’est une belle victoire qu’il faut intégrer aux bons résultats actuels du football congolais : la victoire de l’AC Léopards en Coupe de la CAF confirmée par le bon parcours en Ligue des champions, la qualification au CHAN 2014 des Diables rouges A’et l’obtention de deux places supplémentaires sur la scène continentale. Et je pense qu’il faudrait que chacun sache que c’est grâce au championnat national direct Ligue 1, qui est pour nous « assez costaud », que la Fecofoot vient d’organiser. C’est ce qui a permis de garder les joueurs en jambes au rythme des compétitions. Mais ce championnat n’est malheureusement soutenu par personne, qu’il s’agisse de sponsoring privé ou de subvention d’état. Je déplore que les clubs aient été mis à contribution pour l’organisation de la présente édition. Aujourd’hui, si nous voulons maintenir l’élan et continuer à faire progresser le championnat local, il faut des moyens financiers conséquents. Nous, la Fécofoot, avons accompli, avec tous les risques encourus, notre tâche : mettre le football congolais sur les rails de la sortie de crise. À l’État désormais de tenir la sienne.

LDB : La seule déception actuelle vient donc de l’élimination de l’équipe senior A…

J-M.M. : Oui, l’objectif fixé n’a pas été atteint, pas plus que celui de la CAN 2013. Pour moi, cela a été un fiasco et je tiens à préciser que la Fécofoot n’a été associée qu’au volet administratif et n’a pas été mêlée au niveau sportif. Aujourd’hui, il ne suffit pas de constater, mais il faut poser les questions qui permettront de faire avancer la sélection nationale, dont la lisibilité du jeu nous semblait nulle, tant au niveau offensif que défensif (NDLR 3 victoires, 2 nuls et 1 défaite en 6 matchs pour 7 buts marqués et 7 encaissés). À notre niveau, à la fédération, nous estimons que dans cette équipe, qui arrive en fin de cycle, tout est à refaire.

LDB : Autant contre l’Ouganda, le Congo devait passer, mais pragmatiquement, le Congo n’est-il pas à sa place lorsqu’il est deuxième, à deux points du vice-champion d’Afrique, le Burkina ?

J-M.M. : C’est discutable. Nous avons trop mal négocié nos matchs retours, car nous aurions pu être qualifiés depuis l’avant-dernière journée, en faisant seulement match nul contre le Burkina. Donc, je maintiens que c’était jouable, même si le Burkina, il est vrai, a une très belle équipe.

LDB : Le tirage au sort du CHAN 2014 a eu lieu hier (l’entretien s’est déroulé le 21 septembre). Que pensez-vous des adversaires du Congo : Ghana, Éthiopie et Libye ?

J-M.M. : C’est un groupe très costaud et je crois qu’il est grand temps que le Congo enrôle un encadreur technique de haut niveau, qui sera amené à accompagner les équipes A et A’.

LDB : Est-ce qu’aujourd’hui, les instances que sont la Fécofoot et le ministère de tutelle, ont des pistes quant à cet entraîneur de haut niveau ?

J-M.M. : Oui, il y a des pistes, car c’est un dossier que nous étudions depuis plusieurs mois.

LDB : Outre le cas du sélectionneur, quelle est la position de la Fécofoot concernant l’action de la Société congolaise de promotion du sport (SCPS) ?

J-M.M. : La première chose à dire, c’est que la Fédération congolaise de football n’a pas signé de convention avec la SCPS, bien que celle-ci ait fait toute la campagne, avec le bilan que l’on connaît. Je vous répète que nous n’avons fait que de l’administratif, avec l’envoi des convocations des joueurs, les relations avec la Fifa. Nous ignorions tout des questions financières, c’est-à-dire le salaire du sélectionneur, le montant des primes des joueurs. Nous ne savions même pas si la SCPS avait un pourcentage à donner à la Fécofoot, ce qui n’a jamais été fait.

LDB : Mais force est de constater que les Diables rouges n’ont probablement jamais été mis dans de si bonnes conditions. Donc l’organisation mise en place par Gérard Bourgoin était louable, malgré l’échec sportif ?

J-M.M. : Oui, il faut admettre que les joueurs étaient très bien traités et que toute l’organisation autour d’eux était bonne. Mais je crois que ce rôle doit revenir à la fédération nationale, qui doit rester garante de l’équipe nationale. Et je vous redis que je déplore que la Fécofoot n’ait pas été davantage impliquée. Ces derniers mois, chaque partie, SCPS, ministère et Fécofoot, jouait sa partition de son côté.

LDB : Mais si la gestion de la sélection nationale a été confiée à la SCPS, à la demande du président de la République, c’était pour pallier des dysfonctionnements récurrents en termes d’organisation. Ces derniers mois, les Diables rouges n’avaient plus de problèmes de primes, de remboursements de billets d’avion, de réservation d’hôtels…

J-M.M. : Mais je crois qu’il y a confusion, car la SCPS n’est pas venue seulement pour gérer les joueurs de l’étranger, mais pour gérer l’ensemble de la sélection congolaise. N’oublions pas les joueurs locaux, qui défendront les couleurs du Congo en Afrique du Sud, lors du CHAN 2014. N’oublions pas que les vainqueurs de Nice sont des joueurs locaux… C’est d’ailleurs pour cela que nous souhaitons un sélectionneur qui s’occupera des sélections A et A’.

LDB : Mais en 2011, avant le match face au Ghana, quand les joueurs « européens » étaient restés bloqués à Roissy pendant deux jours faute de billets, c’est l’image des Diables rouges qui s’est écornée…

J-M.M. : Je suis entièrement d’accord avec vous, mais il faut que la SCPS travaille en harmonie avec la fédération. Et qu’elle s’occupe autant de l’équipe A que A’, ce qui n’a pas été le cas, que vous le vouliez ou non. Nous, à la Fécofoot, nous n’avons géré que l’équipe locale, qui a rempli ces objectifs.

LDB : Donc, pour vous, la SCPS doit rester en place, mais la Fécofoot doit récupérer davantage de poids et de prérogatives ?

J-M.M. : Oui, car, par exemple, un sélectionneur ne peut pas ne pas être sous le contrôle de la fédération et ne pas avoir de relations avec le directeur technique national. On n’a jamais vu ça ailleurs. Nous souhaitons donc que le système actuel continue de fonctionner, pour que la SCPS puisse apporter son expertise d’organisation, sous le contrôle de la fédération.

LDB : À Nice, la sélection U20 s’est illustrée, mais qu’advient-il du CNFF, qui est fermé depuis l’échec des U17 en début d’année ?

J-M.M. : Le CNFF ne dépend pas de la Fécofoot, mais du ministère des Sports. Mais je pense qu’il est nécessaire que le centre fonctionne à nouveau pour préparer les Jeux africains, où la sélection U23 sera en lice, donc la génération qui vient de remporter les Jeux de la Francophonie. Je crois que le CNFF, dirigé par un formateur compétent, serait le meilleur outil que l’on puisse donner à notre équipe pour faire de bons Jeux africains et prétendre, au moins, à un podium. Mais, une fois de plus, ce n’est pas de notre ressort, mais de celui du ministère.

LDB : Concernant le championnat national, qui vient d’entamer sa phase retour, vous essayez, ces dernières années, de le mettre en phase avec les normes et le calendrier Fifa. Qu’en sera-t-il de la prochaine édition ?

J-M.M. : Cette année, déjà, nous avons mis en place le championnat national direct, qui concerne l’ensemble du pays, que ce soit Owando, Pointe-Noire, Brazzaville ou Dolisie, avec 18 équipes. Selon notre programme, il y en aura 16 la saison prochaine, pour tendre vers les normes de la Fifa, avec 14 équipes dans 2 ans.

LDB : L’évolution du championnat congolais depuis le début de votre mandat vous satisfait donc…

J-M.M. : Oui, nous sommes satisfaits, car le championnat est costaud, avec un niveau homogène et du suspense. Et je pense vraiment que la qualification au CHAN est le fruit de l’évolution du championnat national.

LDB : Pour finir, vous entrez dans la dernière année de votre mandat de président de la Fécofoot. Serez-vous candidat à votre propre succession, dans un an ?

J-M.M. : Tout dépendra de mes résultats. S’ils sont bons et que mon programme est satisfaisant, je continuerai.

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Jean-Michel Mbono, ici aux côtés de son ministre de tutelle, Léon-Alfred Opimbat, observe avec attention la prestation des Diablotins lors de la demi-finale des Jeux de la Francophonie (© Adiac).