Forum Build Africa : un « appel du cœur » en faveur des investissements en Afrique

Jeudi 6 Février 2014 - 19:15

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Le premier Forum Build Africa s’est ouvert le 6 février à Brazzaville sur un plaidoyer réitéré, invitant les investisseurs, experts et autres décideurs à une synergie susceptible de favoriser le développement des infrastructures en Afrique

« La mobilisation des ressources financières et techniques est la plus grande faiblesse du continent », a fait observer le président de la République du Congo, Denis Sassou N’Guesso qui a évoqué l'idée de l’organisation de ce forum au mois de mars 2013, à Durban en Afrique du Sud, alors que se tenait la réunion des BRICS.

Le constat fait par la plupart des intervenants aux échanges amorcés jeudi au Palais des Congrès de Brazzaville, c’est que l’Afrique qui accuse le plus grand besoin en infrastructures, consacre, malheureusement, très peu de ses ressources aux investissements dans ce secteur. « Les investissements dans les infrastructures en Afrique subsaharienne ne représentent que 3% du PIB de nos États, soit la moitié des pourcentages constatés dans les pays émergents », a relevé le ministre congolais de l’Aménagement du territoire et de la Délégation générale aux grands travaux, Jean-Jacques Bouya, lors de la séance d’ouverture du forum.

Les besoins en investissement de l’Afrique dans ce secteur sont estimés à 93 milliards de dollars US par an, mais elle ne parvient à mobiliser qu’environ 45 millions de dollars. La faiblesse des infrastructures coûte deux points de croissance chaque année au continent. C’est toute la raison d’être de ce forum que le président de la République du Congo vient d’instituer comme le rendez-vous des expertises et des expériences de tous les deux ans, à Brazzaville, en vue d’une réflexion globale sur cette lancinante problématique des infrastructures.

Développer le capital humain, un enjeu majeur

Aux côtés de l’argent, l’un des facteurs importants pour pérenniser la politique d’infrastructures en Afrique, est l’éducation et la formation des jeunes. Les nombreuses interrogations inhérentes à cet enjeu ont été abordées par les tous premiers panels du forum, qui se clôturera le 7 février à Brazzaville.

Autour du thème « Infrastructures, créateurs d’emplois », Otavio Azevedo président de la société brésilienne Andrade Gutierrez, Miguel Angel Garcia Cuenca de la société espagnole Unicom impliquée dans les travaux de la grande université en construction à Kintélé (banlieue nord de Brazzaville), Idrissa Doucoure de l’agence intergouvernementale Eau et assainissement en Afrique (Burkina Faso), Robert Gumede du groupe Guma en Afrique du Sud, Gilberto Rodrigues de Mota-Engil groupe du Portugal, et Dominique Lafont du groupe Bolloré, ont partagé leurs expériences avec les participants au forum.

Les échanges au cours de ce panel modéré par la journaliste anglaise Nisha Pillai, ont laissé entrevoir une tendance unanime sur l’évidence selon laquelle, les entreprises évoluant sur le continent ont tout à gagner dans le renforcement des compétences locales africaines, en appuyant notamment la formation professionnelle et l’utilisation de la main d’œuvre autochtone. « Nos meilleures filiales en Afrique sont celles qui sont gérées par les Africains », a insisté le président de Bolloré Africa Logistic, qui a par ailleurs manifesté un penchant pour des projets de développement inscrits dans une vision, à long terme, d’une économie africaine intégrée.

Les travaux du premier Forum Build Africa se poursuivent jusqu’à ce vendredi. Mais cette première journée a montré que ce premier rendez-vous du genre est une réussite pour les organisateurs, tout au moins du point de vue de la participation. « 400 personnes étaient attendues, environ un millier sont arrivées dont plus de la moitié de l’étranger », a indiqué Richard Attias, l'organisateur d'événements internationaux.

 

Forum Build Africa : une vision panafricaniste

 

Le concept du forum qui se tiendra désormais tous les deux ans à Brazzaville, au Congo, intègre la vision de l’Union africaine, que les organisateurs ont inscrite dans l’esprit des « pères fondateurs »

L’un des symboles qui a scellé cette manière de voir est la présence de l’ancien président sénégalais, Abdoulaye Wade, grand bâtisseur dans son pays et co-initiateur du Nouveau partenariat pour le développement en Afrique (Nepad), à ces assises.  

Sa présence a été saluée aussi bien par son hôte congolais, Denis Sassou N’Guesso que par la commissaire chargée des infrastructures de l’Union africaine, Elham M.A Ibrahim,. Tous deux ont insisté sur la place que tiennent les infrastructures, considérées comme piliers de la libre circulation des personnes et des biens, dans l’agenda de l’UA. Dans cette optique, l’Afrique a retenu plusieurs projets d’infrastructures de grande envergure, mais dont la plupart n’ont pas encore connu une mise en place effective, alors qu'on en parle depuis une décennie, à l’instar du fameux pont route-rail devant relier Brazzaville et Kinshasa.

La liste, non exhaustive, égrenée par le chef de l’État congolais, avance entre autres, le gazoduc trans-saharien entre l’Algérie et le Nigéria ; le corridor Nord/Sud (le Cap-Le Caire) impliquant huit pays ; la route/rail reliant Dakar (Sénégal) à Djibouti, en passant par N'Djamena au Tchad ; le réseau de fibre optique dans la région des Grands lacs ; le programme des plateformes portuaires et ferroviaires d’Afrique australe ; le barrage Inga 3 et la muraille verte destinée à traverser le continent d’Est en Ouest.

Photo : Elham M.A Ibrahim, commissaire chargée des infrastructures de l’Union africaine (© Adiac).

Thierry Noungou

Légendes et crédits photo : 

1- Les participants au forum dont Denis Sassou N'Guesso au premier-plan 2- Le président de la Banque centrale du Nigeria, Sanusu Lamido Sanusi, et la journaliste Nisha Pillai (FILEminimizer)