Forum économique Afrique-France : le premier panel s'intéresse au financement des infrastructures et au développement du secteur privé africain

Mercredi 4 Décembre 2013 - 17:30

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Sont intervenus le président de Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, le directeur délégué Banque et services financiers internationaux du groupe Société générale, Alexandre Maymat, le directeur de la division Secteur public Absa CIB Afrique du Sud, Stephen Seaka, le président du Groupement interpatronal du Cameroun (Gicam), André Fotso, le président de Bolloré Africa Logistics, Dominique Lafont, le conseiller du président de BNP Parisbas, Jean Melierre, et la fondatrice et dirigeante d’Identity Partners, la Sud-africaine Polo Radebe

Donald Kaberuka a indiqué que 60 milliards de dollars étaient engagés chaque année pour financer les projets d’infrastructures en Afrique, dont 52 milliards de dollars financés par les États africains. Il a relevé que si la Chine et le Brésil remportent les marchés africains, c’est grâce à leur rapidité, soulignant que 5% de croissance, c’était « fort, mais pas suffisant » : il faut 7% de croissance par an pour atteindre le seuil fatidique nécessaire à asseoir un beau plan de développement. Le défi de la BAD  est, selon lui, de rendre tous les projets rentables, de mettre en place des instruments atténuant les risques, et surtout de mettre en place « nos propres instruments », tels que Africa 50.

Alexandre Maymat a regretté le manque de dispositifs pour accompagner les PME en Afrique, ce qu’il considère comme une responsabilité collective. Il a plaidé pour la mise en place de financements protégés tels que le leasing, et le développement du facturage. Il a aussi souligné la tarification des services bancaires plus élevée en Afrique qu’ailleurs, qui ne peut baisser que si l’on arrivait à disposer d’une masse de dépôts assez conséquente, et à créer un cadre et un mécanisme de fiscalisation. Il a souhaité une évolution de la législation de la propriété et une meilleure formation des juges pour permettre à la Société générale d’exercer une meilleure garantie sur ses investissements.

Stephen Seaka pense quant à lui qu’un mariage est possible entre l’argent public et l’argent privé. C’est le cas en Afrique, où se profile une certaine prospérité, mais il a rappelé que s’exerce une forte pression sur la population africaine, « créée par une croissance démographique et les besoins infrastructurels ». Pour lui, les partenariats public-privé doivent être liés à une capacité juridique, un transfert de technologie, la formation et un financement au développement. Il a appelé au financement privé et l’État à adopter une nouvelle aproche dans le domaine de l’énergie renouvelable où il aimerait voir intervenir les entreprises françaises. Il a également invité toutes les entreprises qui investissent en Afrique à s’adapter aux conditions locales.

André Fotso a déclaré que l’Afrique venait auprès de la France pour l’aider à bâtir un nouveau paradigme pour reconquérir l’Afrique. Il a justifié les raisons de cet engagement, à savoir la crise économique que traversent l’Europe et la France, le recul de cette dernière dans son pré carré. Il a rappelé le dynamisme actuel vers l’émergence des pays africains et leur aisance dans l’initiative engagée par la France, qu’il invite à investir dans le financement des entreprises et des infrastructures, « un levier essentiel », et celui des énergies qui « constitue un facteur bloquant ». L’accélération de l’intégration du processus d’intégration pour la mutualisation des ressources et la diaspora constituent, selon lui, un levier majeur pour accélérer le développement en association avec les entreprises locales, en prenant en compte les valeurs africaines.

Dominique Laffont a déclaré que son groupe avait enclenché le déclic du changement en Afrique dans les années quatre-vingt, avec une vision longtermiste dans des projets de concession, en optant pour un partenariat public-privé sur la base « d’une vision partagée ». Il pense que le risque entreprenarial est une philosophie essentielle en Afrique, avec un facteur temps plus important que le facteur financier.

Jean Melierre a évoqué un basculement de la monétique en Afrique grâce au développement de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Pour lui, il faut aujourd’hui inventer une manière d’asseoir le développement de la banque en Afrique, dématérialiser le paiement, ce qui demande des études, de la pédagogie, par exemple grâce au Mobil-paiement. Notre outil de paiement est aujourd’hui fondé sur le paiement par SMS : il faut poursuivre la pédagogie d’explication dans l’utilisation des outils pouvant conduire à penser autrement.

Noël Ndong