Forum sur la paix au Kasaï : rétablir une cohabitation communautaire pacifique

Mardi 19 Septembre 2017 - 17:32

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Les participants à ce forum devront se mettre ensemble durant trois jours pour chercher à donner un coup de grâce à l’insécurité récurrente au Grand-Kasaï sous l’assistance des diplomates et de la Monusco.

Le chef de l'État, Joseph Kabila Kabange, séjourne depuis le 19 septembre à Kananga (chef-lieu du Kasaï central) qui accueille le Forum sur la paix et la réconciliation. Plusieurs têtes couronnées du pays en commençant par le Premier ministre, Bruno Tshibala, et le vice-Premier ministre chargé de l’Intérieur, Ramazani Shadari, font également partie de la suite présidentielle, sans oublier des députés et sénateurs du Grand-Kasaï. Cette présence des autorités du pays au Kasaï  est motivée par l’ouverture de ce forum de paix censé panser les plaies de la population meurtrie, victime des violences des derniers mois nées des affrontements entre les Fardc et la milice Kamuina Nsapu, lesquelles violences ont fait plus de 3.000 morts et plus d'un million de déplacés en un an, selon une évaluation de l'Église catholique.        

Aujourd’hui, l’heure est à la recherche des voies et moyens de préserver la paix retrouvée et de la consolider. L’initiative d’organiser ce forum procède du besoin ressenti par les autorités du pays de permettre aux Kasaiens de se parler et d’établir les responsabilités dans les affrontements meurtriers décriés entre les Fardc et les Kamuina Nsapu. C’est avec enthousiasme que la population du Kasaï a accueilli cette initiative censée réunir toutes les sensibilités de cinq provinces issues du Grand-Kasaï, à savoir le Kasaï Oriental, le Kasaï, le Kasaï central, le Sankuru et la Lomami. Toutes ces entités ont été affectées par le phénomène Kamwina Nsapu et ont de bonnes raisons de saluer cette initiative tendant à restaurer la paix dans leur giron.

Les notabilités et les gouverneurs des cinq provinces de l'espace kasaïen prennent part à ce forum autant que les leaders politiques et autres notabilités du coin. Tous insistent sur l'importance de la repentance pour sceller la  réconciliation entre kasaïens. Représentants des communautés en conflit, chefs coutumiers, leaders communautaires des milieux ruraux et autres leaders locaux sont attendus à cette rencontre de la dernière chance censée poser les bases du renouveau au Grand-Kasaï. « Les gens doivent se parler, les gens doivent se regarder dans les yeux, pour qu'on se dise la vérité, pour qu'on dise plus jamais ce qui s'est passé dans l'espace kasaïen », a indiqué Ramazani Shadari. Il s’agit de conjurer le démon de la division pour bâtir un nouveau Kasaï plus prospère et aspirant à une paix durable.

Une certaine opinion dans les rangs de l'opposition boude l’initiative estimant que rien de bon ne sortira de ce forum qu’elle assimile déjà à un mini-congrès du parti présidentiel. En lieu et place d’un forum, cette opposition préconise qu’une enquête sérieuse soit effectuée en amont afin d’établir les responsabilités. Qui a fait quoi ? Qui a tiré le premier et comment en est-on arrivé là ? Comment et pourquoi la tragédie n'a-t-elle pas été évitée ? Autant des questions pour lesquelles l‘opposition entend obtenir des réponses claires. Faire les choses autrement, de l’avis de l’opposition, « c'est souiller la mémoire des victimes et, une fois de plus, se moquer de tout un peuple ». Et de faire observer que ces assises se tiennent alors que les responsabilités des uns et des autres dans ce qui s’est passé au Kasaï ne sont pas encore établies et la réparation en faveur des victimes n’est pas encore cernée.

Pour sa part, Évariste Boshab, un des leaders Kasaiens, a invité les siens à préserver la paix. « Nous sommes tous derrière le président de la République pour soutenir la Conférence pour la paix et le développement aux Kasaï. La paix est le socle de tout développement. Sans la paix, il n’y a pas d’investissement, sans investissement, il n’y a pas création d’emploi, et sans création d’emploi, il n’y a pas de vie », a-t-il déclaré en liminaire à ces assises.    

Alain Diasso

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