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France-Russie

Samedi 17 Août 2019 - 18:33

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Pour sa deuxième rencontre, en France, ce 19 août, avec son homologue russe, Vladimir Poutine, le président français, Emmanuel Macron, s’est une fois de plus éloigné de l’’Elysée, préférant la résidence d’été des chefs de l’Etat de la Ve République, à Brégançon, dans le Var, où il est en vacances.

Il y a un peu plus de deux ans, le 29 mai 2017, le premier rendez-vous en terre française entre les deux hommes eut lieu au château de Versailles, loin du mythique palais à la cour parsemée de graviers blancs, siège de la présidence de la République française, au cœur de Paris. Comme si le Français et le Russe pouvaient avoir des discussions anodines ; comme s’il ne pesait pas sur leurs épaules les lourdes charges qu’ils exercent à la tête de leurs pays respectifs, par-dessus tout, des puissances aux côtés des trois autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, Royaume-Uni, Chine), dont l’influence sur les affaires du monde est une lapalissade.

A la vérité, au-delà des us protocolaires qui permettent de tout temps ou dans le cas d’espèce de juger du niveau des liens entre deux dirigeants, deux pays, la carte que jouent Paris et Moscou à travers de tels rendez-vous au sommet est hautement diplomatique. Elle peut et devrait bénéficier à l’apaisement à l’échelle planétaire, dans le moment présent où les relations internationales se caractérisent par une absence criante de dialogue entre Etats, alors même que les questions à résoudre sont nombreuses et inextricables.

Sur la table de la rencontre Macron-Poutine, ce lundi, il y aura un tas de dossiers qui font l’actualité depuis une assez longue période.  Depuis le retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, la tension entre Washington et Téhéran est vive. Et elle n’est pas que verbale, les incidents survenus dans le détroit d’Ormuz il y a quelques semaines, l’arraisonnement de pétroliers témoignent d’une véritable escalade. Il y a aussi la guerre en Syrie, dans laquelle, ayant commis la grande erreur de prendre parti dès le départ pour la rébellion, Paris a laissé l’initiative aux autres puissances, parmi lesquelles la Russie.

Les deux chefs d’Etat pourront aussi évoquer l’Ukraine : l’annexion par la Russie de la Crimée en 2014 ne passe pas toujours dans les chancelleries occidentales, elle lui a coûté une avalanche de sanctions dont son siège dans le cercle prestigieux des nations développées, le G7. Il n’est pas certain qu’Emmanuel Macron qui recevra justement ses pairs du G7 à Biarritz dans quelques jours plaide le retour de la Russie dans cette instance. Au moins a-t-il, avec le président russe, un collègue chef d’Etat avec qui parler le langage de la vérité dans le respect mutuel.

Reçu en mai 2017 par Vladimir Poutine, non pas au Kremlin mais à Saint-Pétersbourg, le président français rappelait dans un discours « Ce multilatéralisme fort, cette indépendance de la politique étrangère française » adossés sur les principes auxquels il croit, ceux de la liberté et de la démocratie sans doute, mais il précisait dans le même temps que «  nous devons également respecter partout la souveraineté des peuples et je m’oppose clairement à je ne sais quelle prétention de vouloir se substituer à leurs choix ».

On peut voir au regard de ce qui est dit supra qu’entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, plus qu’avec le prédécesseur du premier, dialoguer est possible. On peut aussi remarquer que depuis son entrée en fonction, le président Donald Trump et son homologue russe n’ont pas beaucoup échangé, qu’avec le locataire du Palais de l’Elysée, il s’est passé, ces dernières semaines des échanges plutôt forts diplomatiquement parlant. Ce n’est pas nécessairement un grand amour qui s’installe sur l’axe Paris-Moscou, ni un grand désamour entre Paris et Washington ni même un impossible rapprochement entre Washington et Moscou.

Mais on pourrait assister à d’autres passes d’armes verbales peu amènes sur les trois axes et sur une longue durée, si on considère la réalité suivante. L’Américain qui briguera sa succession l’emporte en 2020 pour quatre nouvelles années jusqu’en 2024, terme du mandat actuel du Russe, alors que le Français qui finit en premier exercice en 2022, s’il envisage de ne pas rester en si bon chemin et la chance de gagner traversera 2024 pour s’arrêter en 2027. Pour dire qu’on verra encore ces trois présidents toujours au cœur de l’actualité du monde.

Gankama N'Siah

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Édition Quotidienne (DB)

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