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Frocad-IDC: acclimatation

Samedi 29 Août 2015 - 13:15

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Vendredi 22 août: après plusieurs rencontres informelles motivées par leur refus de souscrire à la plus que probable perspective de réforme des institutions, les dirigeants de l’opposition regroupés au sein du Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et l’alternance démocratique (Frocad), et de l’Initiative pour la démocratie au Congo (IDC), signaient à Brazzaville un partenariat politique solennel. Question de poursuivre la contestation.

Sur la photo de famille des signataires de cette nouvelle alliance affichée le jour de leur grande union, et relayée par plusieurs journaux de la place, des figures globalement connues de l’arène congolaise ne passent pas inaperçues : citons en passant, et presque par ordre d’ancienneté dans l’opposition, le premier secrétaire de l’Upads, Pascal Tsaty Mabiala, le président de l’Udr-Mwinda, Guy-Romain Kinfoussia, le président du PSDC, Clément Mierassa, le président de l’ARD, Mathias Dzon et le coordonnateur du Frocad, Paul-Marie Mpouele.

 Les premiers cités sont sur la première rangée avec Claudine Munari, André Okombi Salissa, tandis qu’on trouve, derrière eux, entre autres opposants, René Serge Blanchard Oba, Guy-Brice Parfait Kolélas, Marion Mandzimba Ehouango, Anaclet Tsomambet. Puis les visages se font un peu moins lisibles sur le plan physique et à la fois, sur la notoriété des autres acteurs présents sur ce cliché ramassant tout de même près d’une trentaine de personnalités: sur une photo, des expressions, des souvenirs et des places, pourrait-on dire.

Nous faisions allusion aux « figures globalement connues » du paysage politique congolais. Eh bien, c’est vrai. En dehors, en effet, du jeune Paul-Marie Mpouele, aux avant-postes depuis un moment, qui semble dans la posture des jeunes loups de la Conférence nationale souveraine de 1991, passés ensuite par pertes et profits par les anciens, le Frocad et l’IDC rassemblent des hiérarques : anciens ministres pour certains, premiers responsables de leurs partis pour la plupart, tous à quelque chose près, ont en tête de ne pas se faire marcher sur les pieds par leurs camarades de route. Et ce n'est pas une vue de l'esprit.

Posons le problème simplement: comment, honnêtement, le moment venu, tenant compte de l’importance de sa formation politique, première force de l'opposition cela s'entend, le 1er secrétaire de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (Upads) ne pourrait-il pas demander à ses amis du Frocad-IDC de soutenir sa candidature à l’élection présidentielle prochaine ? Comment, toute considération gardée, au regard du parcours  historique de son parti, le Secrétaire général du Mouvement congolais pour la démocratie et le développement intégral (MCDDI), ne serait-il pas en droit de solliciter le soutien de ses collègues de l’IDC-Frocad à l’élection présidentielle à venir ?

En même temps, comment le président de l’Alliance pour la République et la Démocratie (ARD) pourrait-il ne pas attendre de ses collègues du Frocad-IDC, un appui conséquent à sa candidature déjà annoncée en vue de conquérir le fauteuil suprême tant convoité ? N’oublions pas, parlant de l’ancienneté sur une autre dimension, que ce dernier est de tous ses amis du moment, celui qui, le premier, se porta candidat à l’élection du Premier ministre de la transition post-conférence nationale en 1991. En politique, comme dans toute famille qui se respecte, le droit d’aînesse n’est pas un vain mot.

Et les autres leaders de l’IDC-Frocad ? Pour avoir, à leur manière, mené la contestation de l’intérieur de la majorité présidentielle (certains perdant leurs strapontins), comment ne pourraient-ils pas, à leur tour, si tant est que tous les « radicaux » sont pour le changement, comment, donc, au regard du « sacrifice consenti », ne pourraient-ils pas inviter leurs congénères à porter tout leur dévolu sur la candidature de l’un d’eux afin de réaliser l’alternance césarienne contre le  common sense, comme diraient les Anglo-saxons ? Comment, pour terminer sur les « comment », les autres partis « historiques » tels l'Udr-Mwinda et le PSDC, par exemple, ne pourraient-ils pas se dire en droit eux aussi de porter l’étendard du Frocad-IDC à la future élection présidentielle ?

Autant de questions qui ont la bonhomie démocratique de montrer combien, en même temps qu’ils engagent une bataille, les politiques d'ici ou d'alleurs peaufinent aussi leur sens de la discorde. Faire la politique pour l’intérêt général suppose, tout compte fait, une bonne dose d’oubli de soi. Sur ce chantier précis, rares parmi ceux qui secouent le cocotier aujourd’hui au Congo l’ont montré par le passé. À la tête de leurs partis reçus en héritage ou fondés par eux-mêmes, ils sont souvent seuls maîtres à bord, ne supportent pas la contradiction et rejettent toute forme d'alternance interne. Ils s'ouvriront rarement vers l'extérieur. Et cela pourrait, devrait les rattraper sous peu. C’est complexe, la politique !

Gankama N'Siah

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