G5 Sahel : le continuum Défense-sécurité et justice est nécessaire

Samedi 20 Janvier 2018 - 11:45

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La première session internationale "Sécurité et Justice" a initié une conférence, le 16 janvier à Paris, intitulée "Retour d'expérience sur la coopération internationale de sécurité et justice au Sahel".

La conférence se tient après la première session internationale "Justice et sécurité" (SISJ), qui a rassemblé quarante-cinq auditeurs issus d'Afrique du nord et du Moyen-Orient, ainsi que de trois organisations internationales, sous le partenariat du ministère de l'Europe et des affaires étrangères (MEAE), la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD) et l'Institut national des hautes études de sécurité et justice (Inhesj). 
Le sujet touchait la lutte contre la criminalité et le terrorisme, à travers son financement et ses vecteurs de développement (trafics de stupéfiants et des médicaments, vol d'objets d'art, les cyber-attaques... ).  La session avait pour objectif, "la volarisation d'une réflexion à forte dimension interministérielle sur les questions de sécurité intérieure et de stabilité internationale vers un public étranger, la promotion de la vision française de lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme (entraide pénale internationale, capacité de réponse aux agressions cybernétiques...)", a déclaré le directeur de la DCSD, le général Didier Brousse.  

Les conférenciers, Jean-François Daguzan, directeur adjoint du Centre d'analyse, de prévision et de stratégie (CAPS/MEAE), et le général Didier Brousse de la DCSD ont insisté sur le continuum Défense-sécurité et justice "à intégrer dans l'action de la France au Sahel", conformément au Livre blanc de la défense de 2008. Leur réfléxion était liée à la stratégie de sortie du Sahel de la France. 

Jean-François Daguzan a présenté les défis et opportunités au Sahel. Il a rappelé que c'est la première rencontre du genre, DCSD-Inhesj, dans la problématique Défense-sécurité et justice "pour améliorer la paix dans le monde". Il a rappelé que "démocratie et justice ne sont pas étrangères à la sécurité". Pour lui, la coopération doit dépasser le cadre de la sécurité. Puis, il a exposé sur "les complexités" de la zone de la bande sahélo-saharienne, depuis le basculement de la Libye vers le chaos,  avec une menace mobile et résurgente (Al-qaeda, Boko Haram, Daech et de petits groupes), notant une recombinaison permanente, un fonctionnement par la déstabilisation, le raid, les attentats, "l'élimination de tout ce que représente l'Etat". Il a dénoncé l'implication de ces groupes dans les trafics  en provenance d'Amérique du sud,  une "hybridation de groupes criminels et de groupes islamistes" dévéloppant des alliances financières.

Le directeur adjoint du CAPS/MEAE a également dénoncé la capacité de ceux-ci, notamment Daesh et Al-qaeda, qui profitent "des revendications insatisfaites ou non réglées" pour étendre leur hégémonie, utilisant l'expression de "Djihad global,  qui profite des fragilités locales" dans un territoire gigantesque, avant de critiquer l'action séparée de la France et des organisations internationales, puis il a insisté sur une coordination internationale, avant de rappeler l'action de la France telle qu'elle a été édictée par son président, Emmanuel Macron, à savoir le développement, comme élément central de la sécurité, "qu'il faut intégrer à la réflexion militaire,  et tout ce qui renforce l'action de l'Etat, la modernisation des instruments de l'Etat (Justice, douane...)". 

Pour Didier Brousse, la réponse de la France au Sahel est dans le continuum Sécurité-justice. Mais il a reconnu combien il était difficile de rétablir l'autorité de l'Etat, la faute revenant aux politiques d'aujourd'hui,  concentrées aux Etats. Il a plaidé pour un retour à "un paradigme lié aux populations, en fonction des réalités du terrain", tout en restant ferme : "il existe une justice intermédiaire (salafiste), qui n'a pas sa place par rapport aux référentiels de justice de l'occident". 
Aussi est-il favorable à une justice de proximité,  "décentalissée au profit de l'efficacité'', à la réforme des systèmes de sécurité, à la gouvernance, au retour de la sécurité intérieure après l'action extérieure. Il a, par ailleurs, insisté sur la coordination pour éviter la saturation sur la formation des cadres, et de nouvelles pistes de formation, "qui collent aux nouvelles menaces terroristes, telles que la cybercriminalité". Pour cela, il invite l'Etat à "un effort global élargi", tenant compte de la menace, et ainsi anticiper, dans tous les pays du champ francophone. Il s'est félicité, par exemple, du mémorandum signé avec l'Agence française de développement. 
Mais pour le patron de la DCSD, la dimension judiciaire est essentielle pour encadrer les projets. Toutefois, il est opposé "au placage de structures", soulignant un maillon manquant,  qui est "l'interministériel pour les plateformes de coopération, la condition essentielle pour déployer l'activité de l'Etat dans toute son acception". Etant donné la difficulté pour ces pays de gérer une approche globale, un continuum. Didier Brousse pense qu'"il revient à la France de le faire et de le proposer". Il est favorable à l'extension des interactions entre les pays d'Afrique du nord et d'Afrique sahélienne, dans la lutte contre la migration clandestine et le terrorisme. 

 

 

 

 

Noël Ndong

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