Gambie : le président de la Cour suprême se récuse l’examen du recours porté devant la juridiction

Mardi 17 Janvier 2017 - 11:30

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L’incertitude règne dans ce pays avant le 19 janvier, date théorique d’investiture du président élu, Adama Barrow, auquel le président sortant Yahya Jammeh refuse toujours de céder le pouvoir.

C’est dans ce climat que le président de la Cour suprême, Emmanuel Fagbenle s’est récusé de l’examen du recours porté devant cette juridiction par le chef de l’Etat Yahya Jammeh contre l’investiture de son successeur.

« Etant donné que cette injonction me concerne en tant que président de la Cour suprême, je me récuse de son examen (…). Ce recours attendra donc que la Cour suprême soit constituée ou le temps de permettre aux juges d’arriver en Gambie », a déclaré à l’audience lundi Emmanuel Fagbenle, un magistrat nigérian.

Cela ne surprend guère puisque le 9 janvier, Emmanuel Fagbenle avait annoncé que la Cour suprême ne pourrait pas statuer avant plusieurs mois, le temps de recruter à l’étranger les magistrats manquants. La Gambie fait souvent appel à des magistrats d’autres pays anglophones, notamment du Nigeria, pour renforcer son système judiciaire.

Réagissant à cette position affichée par le président de la Cour suprême, l’avocat de Yahya Jammeh et du parti au pouvoir, Edward Gomez, a reconnu qu’il ne lui serait pas possible d’obtenir l’injonction demandée avant le 19 janvier. Il a justifié son propos du fait que le président de la juridiction a dit très clairement qu’il « ne pouvait pas se prononcer seul sur ce dossier ».

Yahya Jammeh a demandé à son homologue Ellen Johnson Sirleaf du Liberia, en tant que présidente en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), d’accélérer l’envoi de juges pour pourvoir les sièges vacants à la Cour suprême.  Et réaffirmant que « le statu quo devait prévaloir » tant que celle-ci n’aurait pas statué sur ces recours, il a souligné lors d’une conversation avec Ellen Johnson Sirleaf que « la soi-disant date du 19 janvier n’est pas gravée dans le marbre »

Au Sénégal voisin où il a été accueilli depuis dimanche par le président Macky Sall jusqu’à son investiture, Adama Barrow a appelé ses concitoyens à « continuer à faire preuve de retenue, à respecter la loi et à ne pas répondre à la provocation », dans une déclaration à Dakar lue par son conseiller, Mai Fatty. Le président élu a assuré de nouveau dans cette même déclaration, qu’il serait en Gambie pour y prêter serment et prendre ses fonctions le 19 janvier.

Ce porte-parole du président élu avait précédemment annoncé depuis la capitale sénégalaise que « l’investiture du président élu aura bel et bien lieu comme prévu le 19 janvier ». « Le mandat de Yahya Jammeh (actuel président gambien qui refuse de céder le pouvoir, ndlr) finira le 19 janvier, et, à cette date, commencera le mandat du président élu Barrow (…) Il sera investi et assumera alors sa fonction sans faillir », avait-t-il affirmé.

Selon des sources concordantes, Adama Barrow a été frappé à Dakar où il se trouve par une tragédie personnelle : un de ses fils, Habibou, 8 ans, mordu par des chiens dimanche, est décédé et a été inhumé lundi en présence de plusieurs centaines de personnes.

La Gambie est plongée dans une grave crise depuis que Yahya Jammeh a annoncé le 9 décembre qu’il ne reconnaissait plus les résultats de la présidentielle du 1er décembre, une semaine après avoir pourtant félicité Adama Barrow pour sa victoire.

Nestor N'Gampoula

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