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Garde-fou

Jeudi 30 Juillet 2015 - 14:17

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Que le Président des États-Unis, Barack Obama, vienne sur la terre de ses ancêtres afin de renouer avec son origine africaine, voilà qui mérite d’être salué. Qu’il en profite pour dire haut et fort que l’Afrique est indiscutablement sur la voie de l’émergence, voilà qui témoigne d’une vision juste de l’avenir. Mais qu’il saisisse cette occasion pour donner des leçons de bonne gouvernance aux dirigeants du continent, voilà qui manque singulièrement de sagesse.

S’il est vrai que la démocratie n’est pas encore solidement assise dans nombre de pays du continent et que bien des progrès restent à accomplir pour que les peuples africains vivent en paix, il l’est tout autant, sinon même plus, que l’Oncle Sam n’est pas très bien placé aujourd’hui pour dire à nos dirigeants ce qu’ils doivent faire, comment ils doivent agir. Dans deux domaines au moins les États-Unis sont en effet un contre-modèle pour les Africains :

° Les évènements tragiques qui se produisent à intervalles réguliers dans ses grandes cités et qui frappent de plein fouet la minorité noire sont là, tout d’abord, pour démontrer que le système américain est tout sauf égalitaire, que la couleur de la peau y génère des exclusions et des violences peu compatibles avec la liberté que prétend incarner ce pays, que le pouvoir de l’argent y autorise tous les excès, bref que la démocratie à l’américaine a de sérieux progrès à accomplir si elle veut être donnée en exemple au reste du monde.

° Les capacités économiques, financières et militaires qui ont fait des États-Unis, pendant près d’un demi-siècle, la première puissance de la planète ont entraîné des dérives qui ont plongé dans le chaos des nations entières. Pour ne citer qu’elles, les guerres du Vietnam, d’Irak, d’Afghanistan, de Libye ont démontré cruellement le manque de réflexion stratégique des plus hautes autorités américaines ; fait plus grave, elles ont aussi prouvé que l’idéal démocratique peut servir de prétexte aux pires excès.

Si Barack Obama et ses successeurs veulent séduire l’Afrique, ils doivent parler un langage de vérité, reconnaître que l’Amérique, qui fut longtemps une terre de servage, n’est pas en position de donner des leçons aux peuples émergents. Dans ce domaine aussi, savoir raison garder est le plus sûr des garde-fous.

 

Les Dépêches de Brazzaville

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