Gécamines : une nouvelle affaire qui risque de faire du bruit

Jeudi 8 Mai 2014 - 18:11

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L’ancien fleuron de l’économie congolaise en mal de financement aurait bénéficié, en 2013, d’un prêt de 196 millions de dollars américains de la part du groupe Fleurette à travers le fonds d’investissement du milliardaire Israélien Dan Gertler, selon une information rapportée par l’agence Blomberg citant la holding.

La même source a indiqué que ce prêt à court terme au taux d’intérêt de 6% (réalisé en janvier 2013) a permis à la Générale des carrières et des mines (Gécamines) de réaliser son projet minier phare. « La Gécamines a utilisé le prêt pour redevenir propriétaire dans tous les droits des concessions minières inexploitées de Deziwa et Ecaille C », a-t-elle renchéri. Ce « projet minier phare » a été évoqué publiquement l’année dernière par la Gécamines, au cours d'un point de presse. Il concerne des zones renfermant environ 4,85 millions de tonnes de cuivre et 401 900 T de cobalt, à en croire les chiffres avancés par Blomberg.

Au regard de ces potentialités, il s’agit des plus grands gisements de métaux de la RDC. Le calcul réalisé en 2009 par le cabinet de consultance basé à Atlanta, Golder Associates Inc., l’a d’ailleurs confirmé. Le prêt a été fait par African Dawn finance, une société filiale du Groupe. Pour autant, des questions se posent. En effet, la dépêche de Blomberg est revenue sur plusieurs controverses dans les négociations passées entre Gertler et la Gécamines, en rappelant également les dénonciations de nombreuses ONG anticorruptions. Les critiques se sont concentrées sur l’absence totale de transparence et d’équité. L’on a cité le cas, en 2011, de la cession des participations de la Gécamines dans les mines de Mutanda et de Kansuki à des prix inférieurs à ceux du marché. Ce qui avait été démenti par Gertler. Mieux connu, la vente de la mine de Comide à la société Kazakh Eurasian natural ressources corp qui avait entraîné, il faut le rappeler, la non-reconduction du programme appuyé par le Fonds monétaire international. Celui-ci a exigé des détails sur cette opération. Loin de passer inaperçu, ce nouveau dossier va raviver le débat d’autant qu’un élément mérite d’être évoqué à ce stade.

Certes, la Gécamines n’a jamais caché son ambition de relancer sa production en légère progression (41 000 tonnes en 2013, +46% en 2014), et ce projet est capable de l’aider à atteindre ses objectifs mais les fonds manquaient jusqu’à une certaine époque. La société commerciale voulait se lancer dans ce défi en toute autonomie. Mais, a fait remarquer Blomberg, la haute direction de la Gécamines n’a jamais divulgué l’identité du financier ou "du bienfaiteur qui avait avancé des fonds pour le rachat de parts de son ancien partenaire, Copperbelt Minerals Ltd, qui détenait une participation de 68% dans la société minière de Deziwa et Ecaille C Sprl Sodimec". Endettée déjà à hauteur d’un milliard de dollar américain, selon les chiffres publiés en mai 2013, la Gécamines était en difficulté pour trouver les 800 millions de dollars nécessaires pour financer la première phase de développement du projet Deziwa. L’idée était d’attirer plus d’investissements grâce à une meilleure compétitivité de la Gécamines.

Toutefois, il n’a jamais été question d’une entrée subtile de Fleurette dans ce projet. "Fleurette n’a aucun intérêt, présent ou futur, dans les mines de Deziwa et Ecaillde C ", a expliqué la source jointe depuis le holding. La Gécamines n’envisage plus à l’heure actuelle de vendre ses actions dans la plus grande concession minière de la RDC (Kamoto Copper Co (KCC) pour financer son projet. Il faut rappeler que le groupe Fleurette avait des parts dans KCC à travers ses filiales et, à ce titre, il était le potentiel acquéreur de la participation. Selon Fleurette, la Gécamines a utilisé ses participations minoritaires dans KCC et Metalkol comme garantie de prêt.

Laurent Essolomwa