Gestion de l'Etat : Fridolin Ambongo estime révolu le temps des querelles

Lundi 18 Novembre 2019 - 11:30

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Au cours de la première messe qu’il a célébrée, le 17 novembre, au stade des Martyrs en tant que cardinal, l'archevêque de Kinshasa a stigmatisé la tension contreproductive qui a cours actuellement au sein de la coalition au pouvoir via ses deux principales plates-formes, le Front commun pour le Congo (FCC) et le Cap pour le changement (Cach).

 

 

Résultat de recherche d'images pour "fridolin Ambongo stade des martyrs"La première messe officiée par Fridolin Ambongo dans sa nouvelle casquette de cardinal a été un grand moment de communion nationale autour de l’évangile. Tout ce que le pays compte comme têtes couronnées au niveau institutionnel était bien présent, à commencer par le chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, qui a tenu à honorer celui qui, à ses yeux, incarne aujourd’hui la fierté de tout un peuple. Au-delà de leurs divergences, les acteurs politiques, tant  de l'opposition que de la majorité, ont mis un bémol, l’instant d’un office religieux, à leur basse polémique pour célébrer l’unité que prônent les Ecritures. 

Dans son homélie, le cardinal Fridolin Ambongo (créé le 5 octobre à Rome par le pape François) qui sait pertinemment bien à quoi jouent les dirigeants politiques congolais aujourd’hui écartelés dans des querelles intestines frisant le déchirement, n’a pas manqué de les interpeller par rapport à leur rôle social. Pour le prélat catholique, la tension que connaît actuellement la coalition FCC-Cach n’a pas lieu d’être dans un contexte de relance socioéconomique dans lequel s’inscrit le nouveau leadership national. « Il n’est pas normal, dans ce contexte de communion, de sursaut de nationalisme, qu’il y ait encore certains de nos frères et de nos sœurs qui passent leur temps à se quereller autour des futilités. En réalité, le peuple est fatigué des querelles politiciennes complètement inutiles. Le temps des querelles est révolu », a déclaré le successeur du cardinal Laurent Monsengwo, dépité par l’irresponsabilité de l’actuelle classe politique. « Il y a de nouveaux responsables qui sont en charge et quand vous êtes en charge, ne passez pas votre temps à vous quereller inutilement autour des futilités. Le sens des responsabilités veut que nous mettions de côté nos petits intérêts partisans et égoïstes pour nous concentrer et nous engager sur l’essentiel qui est l’avenir de notre peuple. Nous devons travailler pour trouver ensemble un nouvel avenir rassurant pour notre peuple qui n’a que trop souffert », a-t-il poursuivi.

Une façon d’interpeller indirectement les deux principales plates-formes de la coalition au pouvoir, FCC et Cach, via leurs chefs de file respectifs, en l’occurrence Joseph Kabila et Félix Tshisekedi, qu’il exhorte à mutualiser leurs efforts afin de servir la population.                

"Encadrer la mesure de la gratuité de l'enseignement par des mesures conséquentes" 

Se présentant en conseiller de la République et du peuple, le cardinal Fridolin Ambongo n’a pas non plus eu sa langue dans sa poche lorsqu’il a abordé la question de la gratuité de l’enseignement de base qui passe pour l’une des réformes majeures à inscrire dans le bilan à mi-parcours de Félix Tshisekedi. Tout en exprimant son satisfécit à la suite de la matérialisation par le chef de l’Etat de cette disposition constitutionnelle, il a néanmoins énuméré un certain nombre d’exigences auxquelles l’on devrait se conformer pour assurer son succès.

Il s'agit d’un train des mesures à prendre pour accompagner le processus. « Pour ne pas compromettre ou hypothéquer cette noble décision, la gratuité de l'enseignement doit être encadrée par des mesures conséquentes, notamment améliorer les infrastructures, assurer un salaire juste à tous les enseignants, le versement conséquent des frais de fonctionnement aux chefs d'établissement et gestionnaires, la mise en application effective des différents paliers de salaire, deuxième et troisième paliers. Il faut, pour que la gratuité devienne une réalité, clarifier la situation des enseignants dits nouvelles unités et des non payés », a dit l'archevêque de Kinshasa. Il a invité le gouvernement à dialoguer avec les professionnels de l'éducation afin de trouver une solution à toutes les grèves qui s'observent dans certains coins du pays.

Pour le retour de la paix à l’est  

Abordant le chapitre de la pacification du pays, l’archevêque métropolitain a stigmatisé la  violence qui a cours à l’est du pays, précisément dans les hauts plateaux de Fizi et Uvira (Nord et Sud-Kivu) sur fond d’implication des forces étrangères dont la présence exacerbe des tensions communautaires. « Les informations qui nous parviennent de ce côté-là donnent l’impression que certains d’entre nous prendraient plaisir à vivre éternellement dans les conflits alors que vivre en paix avec les autres est la nature intrinsèque de l’être humain », a-t-il dénoncé.

Dans la foulée, il a prié pour l’instauration d’une vraie justice dans cette partie du pays pour la sortir de l’état de non-droit dans lequel elle se retrouve. Le cardinal a demandé aux autorités du pays de dégager de la région « toutes les armées étrangères afin de favoriser un véritable dialogue interne capable de rétablir les équilibres rompus». Pour résoudre l’équation de paix dans la région, Fridolin Ambongo a encouragé le gouvernement dans sa démarche visant à conclure des partenariats avec les Etats voisins en vue d'obtenir des résultats tangibles et de longue durée.  

Prenant part à la messe, le chef de l'État a remis au nouveau cardinal, au nom de la nation, une Jeep 4×4 en signe de cadeau pour sa consécration. Le bénéficiaire l'a remercié, déclarant  qu' il a respecté sa parole au moment où d’autres officiels tardent encore à concrétiser leurs promesses vis-à-vis de sa personne.

Dans son petit mot prononcé devant les fidèles catholiques, Félix Tshisekedi a réitéré son soutien à l’homme de Dieu pour la réussite de soin ministère tout en demandant au peuple congolais de prier pour ce dernier et pour les dirigeants du pays. Saisissant l’opportunité de cet événement, le chef de l’Etat en a profité pour prêcher la tolérance, l’amour et la solidarité dans un contexte politique marqué notamment par une vive tension au sein de la majorité au pouvoir. « J’exhorte également les uns et les autres à dépasser les clivages de tous ordres, les sentiments partisans et de mettre fin à toutes formes de diabolisation pour réussir ensemble cette sublime mission que Dieu nous a confiée », a-t-il invité.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Arrivée du cardinal Fridolin Ambongo au stade des Martyrs

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