Gestion de l’immigration : l’Italie favorable à un « Frontex Plus »

Mardi 8 Juillet 2014 - 12:47

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Présidant l’Union européenne depuis le 1er juillet pour les six prochains mois, l’Italie a placé la politique migratoire en bonne place sur son calendrier politique. Elle a déjà obtenu le soutien de la France

« Nous ne pouvons pas laisser couler un bateau rempli de personnes car nous ne savons pas qui a les compétences pour les sauver », a déclaré le Premier ministre italien Matteo Renzi lors de la cérémonie d’inauguration de la présidence italienne du Conseil de l’UE.

Suite au drame de Lampedusa, l’Italie a lancé, en octobre 2013, l’opération Mare Nostrum pour la gestion des situations de crise. Depuis lors, l’afflux des migrants n’a fait que croître : plus de 73 000 migrants ont franchi la frontière italienne depuis le début de l’opération. La Grèce a également vu le nombre de réfugiés augmenter de 142% les quatre derniers mois de 2014. 

La sécurité aux frontières relève de la compétence des États membres. Lorsqu’ils ne peuvent y faire face, ils cherchent du soutien auprès de Frontex, l’agence européenne chargée du contrôle des frontières, dont le budget est passé de 93 à 89 millions d’euros. On chiffre entre 6 et 9 milliards d’euros par mois le coût des opérations menées actuellement par l’Italie. Rome ne peut seule les financer, a souligné le vice-amiral Filippo Maria Foffi, commandant en chef de la marine italienne. « Nous sommes l’aspirine, mais pas le médicament. La résolution de l'ONU visant à aider la Lybie est le remède », a-t-il ajouté.

Matteo Renzi a rappelé que 96% des personnes traversant la Méditerranée venaient de la Corne de l’Afrique et de la Syrie en transitant par la Lybie. En vue de renforcer les pouvoirs de contrôle des frontières, l’Italie a mis en place « Fontex Plus ». Elle vient d’obtenir le soutien de Paris, qui plaide en faveur d’« une sécurité renforcée aux frontières ».

Pour le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, le problème de l’immigration en Méditerranée concerne l’UE dans son ensemble. Il a demandé de mettre plus de moyens à la disposition de Frontex, au nom « d’une responsabilité partagée qui nécessite les efforts de tous les États membres de l'UE ». Or les États membres ne semblent pas prêts à partager ces charges. Pour Matteo Renzi, même si Frontex Plus peut améliorer la situation et renforcer la sécurité aux frontières européennes, la gestion de l’immigration doit se faire en collaboration avec des pays tiers. Il appelle à trouver « une manière d’aider les autorités libyennes ».

La Libye a indiqué que parmi les trois millions d’immigrants illégaux présents sur son territoire, la plupart provenaient d’autres régions d’Afrique, tout en précisant qu’il ne s’agissait pas de réfugiés. La Lybie n’a pas signé la convention de l’ONU relative au statut des réfugiés et n’a pas mis en place un système d’asile. Le représentant permanent de l’Italie auprès de l’UE, Stefano Sannino, a plaidé pour une collaboration avec l’Union africaine, l’Organisation internationale pour les migrations et l’Agence des Nations unies pour les réfugiés.

L’Ialie se montre favorable à l’introduction d’une politique migratoire européenne capable de contribuer au programme de croissance européenne et correspondant à une stratégie visant à augmenter la croissance économique dans les pays d’origine des immigrants. Pendant son mandat à la tête du Conseil de l’UE, la Grèce avait souhaité un système unique d’asile et une gestion plus coordonnée entre les États membres de l’immigration illégale.

Plusieurs centaines de migrants ont péri ces derniers mois en essayant d’atteindre les côtes européennes. Le drame de Lampedusa a décrédibilisé Frontex et Eurosur. Les ONG ont demandé l’interruption de l’approche sécuritaire. Concernant Eurosur, elles remettent en cause ce nouveau dispositif qui doit permettre le renforcement de la sécurité des migrants tout en prévenant la criminalité transfrontalière, qu’elles considèrent comme une mauvaise réponse. Selon les chiffres de United Against Racism, le nombre de morts aux frontières de l’Europe depuis 1993 dépasse 17 300 personnes.

Le géographe Olivier Clochard a demandé une réaction politique pour appeler au respect du droit maritime, qui impose de porter secours à tous les navires en détresse.

Noël Ndong