Gouvernance foncière : les germes d’une guerre durable pour la possession des terres en Afrique

Lundi 22 Juillet 2013 - 19:07

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Le continent africain met deux fois plus de temps et exige deux fois plus cher que les pays industrialisés pour le transfert de propriété au point où seulement 10% des terres rurales sont actuellement enregistrées sur l’étendue de la région, selon un nouveau rapport de la Banque mondiale (BM) publié le 22 juillet.

 L’Afrique subsaharienne dispose de la moitié de toutes les terres utilisables mais non cultivées du monde mais, à ce jour, elle n’a développé et mis à contribution que 202 millions d’hectares dans sa lutte contre la pauvreté ainsi que la création des richesses et des emplois. Il s’agit des chiffres repris dans le nouveau rapport de la BM intitulé « Securing Africa’s land for shared prosperity ». Cette faible gouvernance foncière a aussi pour effet d’encourager la corruption dans le secteur. La question est d’autant plus préoccupante que les auteurs du rapport établissent des projections inquiétantes. « À moins que les droits communaux et individuels ne soient enregistrés et que la gouvernance des terres ne soit améliorée, la récente vague d’investissements directs étrangers en Afrique subsaharienne ne se traduira pas par une croissance inclusive et durable, car la spoliation des communautés locales causera des troubles et les investissements ne porteront pas leurs fruits comme on l’a vu à Madagascar en 2009 », peut-on lire.

L’effort au cours des dix prochaines années visera à améliorer certains indicateurs de développement au rouge, notamment le taux de pauvreté qui reste le plus élevé au monde, soit 47% de la population vivant avec moins de 1,25 dollar américain par jour. Aussi est-il un devoir pour les pays africains et les communautés de mettre fin aux « accaparements des terres » en accroissant leur production agricole et en améliorant les perspectives de développement. Bien entendu, une attention particulière devra être accordée aux procédures qui régissent le droit foncier et d’une manière générale, à l’ensemble de la problématique posée par la gestion des terres en Afrique. Pour s’en convaincre, 90% des terres rurales agricoles africaines ne sont pas actuellement enregistrées. L’espoir persiste en raison des expériences menées avec succès au Ghana, au Malawi, au Mozambique, en Ouganda et en Tanzanie. Selon le nouveau rapport, il faut environ 4,50 milliards de dollars américains étalés sur une période de dix ans pour permettre aux pays africains, aux partenaires au développement et au secteur privé d’intensifier les réformes foncières et les investissements.

Laurent Essolomwa