Gouvernance : les collectivités locales congolaises dotées d’une autonomie financière limitée

Jeudi 27 Mars 2014 - 14:43

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Cette conférence-débat, qui s’inscrit dans le cadre des rencontres initiées par l’Institut français du Congo dans divers domaines d’activités pour mesurer les points forts et les points faibles du Congo dans sa marche vers l’émergence d’ici à 2025, s'est tenue le 26 mars à l’Institut français du Congo sur le thème de « La décentralisation au service de l’émergence »

Les restrictions financières imposées par l’État dans le décaissement des fonds pour la réalisation des projets d’intérêt communautaire par les collectivités locales, constituent l’un des obstacles à leur fonctionnement. Cette question a été débattue, le 26 mars, à l’Institut français du Congo, parmi d’autres sujets. Les échanges étaient animés par le Dr Alphonse Malonga, chargé de cours à l’École nationale d’administration et de magistrature de l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville.

Le conférencier a indiqué que « l’État, qui a consenti, à travers les lois et règlements, de transférer une partie de ses compétences aux collectivités locales, continuait, par ailleurs, au nom de l’unité des caisses, de demander à ces mêmes structures de verser leurs menues recettes au Trésor public ». Et d'ajouter : « Cette démarche alourdit la procédure de décaissement des fonds et réduit leur marge de manœuvre dans la réalisation des projets d’intérêt communautaire. »

Outre cet obstacle qui, selon l’orateur, parait majeur, il existe d’autres freins à l’épanouissement des collectivités locales, au nombre desquels : la faible implication des populations dans la mise en œuvre de la décentralisation ; la faible capacité cognitive des élus locaux et des acteurs en milieu rural ; la qualité médiocre de la gouvernance et l’insuffisance des outils de management local ; l’insuffisance dans l’harmonisation des stratégies d’intervention dans l’appui aux collectivités locales ; la faible industrialisation au niveau local ; le faible niveau de citoyenneté des populations ; ainsi que la faible attractivité des communes.

« L’émergence d’un pays passe également par le développement local s’il est bien mené », a relevé le conférencier. « Or, a-t-il poursuivi, le Congo qui se cherche encore sur le plan local s’est déjà proposé d’atteindre l’émergence d’ici à 2025, soit dans onze ans. D’ailleurs, un pays émergent est une puissance économique et le développement économique ne peut se penser sans intégrer des dimensions socioculturelles »a martelé le conférencier.

Et le Dr Alphonse Malonga de renchérir : « À tout bien regarder, la population congolaise a encore de nombreux obstacles socio-culturels qui bloquent son épanouissement. Le Congo s’emploie à remplir ces critères dont le point de départ est le développement des communes et autres entités locales à travers l’amélioration des conditions de vie des populations locales. Mais, il faut aussi multiplier des initiatives pour le changement de mentalités. »

Sur le plan juridique, Alphonse Malonga a expliqué que le Congo disposait d’un arsenal de textes qui encadre bien la décentralisation. C’est dans sa mise en œuvre que se posent encore des problèmes de fonctionnement des collectivités locales. Pour booster ces structures indispensables entre autres à l’émergence d’un pays, il faut opérer des mutations en octroyant, par exemple, la gestion des entités publiques aux opérateurs économiques privés ; de consulter au préalable les citoyens avant de décider de réaliser un projet et de leur rendre compte régulièrement pour déceler les insuffisances, en vue de les corriger en temps réel.

« On peut considérer que le défi de la mondialisation combiné aux atermoiements du processus de la décentralisation, constitue un obstacle pour que la décentralisation soit au service de l’émergence », a conclu Alphonse Malonga.  

 

  

 

  

 

   

 

 

 

 

Roger Ngombé

Légendes et crédits photo : 

Le Dr Alphonse Malonga développant sa communication