Gouvernance publique : Jean-Claude Katende déplore le manque de concertation au sein de l'exécutif national

Mardi 5 Novembre 2019 - 17:30

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Le juriste, penseur libre et président de l’Association africaine de défense des droits de l'homme (Asadho), pense que la situation risque de bloquer le bon fonctionnement des institutions de la République, appelées à travailler pour tous les Congolais sans distinction de plates-formes politiques, provinces et tribus.

 

Dans son post du 5 novembre intitulé « Ne bloquez pas la RDC », le président de l'Asadho se dit préoccupé par le non-respect des principes de collaboration, concertation, cohésion et solidarité qui devraient caractériser le travail au sein du gouvernement congolais. Il fait remarquer que dans cette équipe conduite par le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, certains ministres, membres du Front commun pour le Congo (FCC), seraient en guerre contre ceux issus du Cap pour le changement (Cach) et vice-versa, comme s’ils appartenaient à des gouvernements différents et rivaux. « Pareil comportement n’est pas républicain et contribuera à bloquer le pays », a-t-il relevé.

Jean-Claude Katende rappelle, par ailleurs, que lors de la première réunion avec les membres du gouvernement, en septembre dernier, le président de la République les avait invités à la solidarité et à la cohésion dans l’accomplissement de leur travail. « Pas de Cach, pas de FCC. Tous, nous sommes appelés à travailler pour l’intérêt du peuple congolais», rappelle le juriste, était le souhait de Félix Tshisekedi. Il regrette qu’à peine quelques mois, certains ministres n’aient jamais intégré ou pris en compte cette préoccupation du chef de l’Etat.

Le ver se trouve dans le haricot

Selon le président de l’Asadho, l’intrusion du ministre Ruberwa dans le conflit opposant le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur aux gouverneurs Gentiny Ngobila et Boongo Nkoy était inacceptable. Jean-Claude Katende rappelle que le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur avait décidé que certains gouverneurs, qui avaient procédé à la mise en place des bourgmestres, maires, administrateurs des territoires, annulent leurs décisions, prises en violation de la Constitution et des lois de la République. Il affirme qu’en réponse à cette injonction, les deux gouverneurs, « au nom d’un collectif informel des gouverneurs (FCC), ont répondu en justifiant leurs décisions irrégulières, entrant ainsi en rébellion contre les lois de la République ».

Le comble de tout,  a dénoncé Jean-Claude Katende, est que le ministre de la Décentralisation est intervenu par sa lettre destinée au collectif des gouverneurs pour cautionner la rébellion de ce collectif et recommander au vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur d’organiser des concertations sur cette question avec ce collectif. « M. Ruberwa oublie qu’au sein du gouvernement, le vice-Premier ministre est au-dessus de lui et qu’il ne peut pas lui donner ni injonctions ni recommandations. Il oublie aussi qu’on ne doit pas négocier avec un groupe informel d’individus qui se croient tout permis du seul fait qu’ils sont membres du FCC », a souligné le président de l’Asadho. Cette absence de concertation entre deux membres d’un même gouvernement, a-t-il signifié, a pour conséquence d’entêter des gouverneurs rebelles qui méritent d’être sanctionnés.

Jean-Claude Katende épingle, dans le même ordre d’idées, les échanges de courriers entre le ministre des Affaires foncières et celui de la Justice sur le différend opposant l’ex-candidat président de la République, Gabriel Mokia, à l’ex-gouverneur de province, Ngoy Kasanji. Le ministre des Affaires foncières, Sakombi Molendo, fait-il remarquer, a été mis au courant par les médias sociaux de la réponse que le vice-Premier ministre et ministre de la Justice a réservée à sa lettre relative au différend qui oppose Gabriel Mokia à Ngoy Kasanji. Le ministre Sakombi dénonce aussi, a poursuivi Jean-Claude Katende,  le fait que dans un dossier immobilier où il y a des décisions judiciaires coulées en force de chose jugée en faveur de Gabriel Mokia, le vice-Premier et ministre de la Justice prend faits et cause pour Ngoy Kasanji qui est le perdant. 

Il s’inquiète enfin du fait que, cinq mois après, les ordonnances du président de la République nommant des animateurs de la Gécamines et la Société nationale des chemins de fer du Congo ne soient toujours pas appliquées par le ministre du Portefeuille. « Avec quel pouvoir un ministre peut-il refuser d’exécuter les décisions du chef de l’Etat ? Pourquoi le président de la République n’utilise-t-il pas toutes les voies de droit pour faire exécuter ses ordonnances ? Le pouvoir du président connaît-il d’autres limites après celles prévues par la Constitution ? », se demande-t-il.

Pour le président de l’Asadho, l’impression que tous ces ministres donnent est qu’ils sont là pour défendre leur plates-formes respectives  au lieu de défendre le Congo. Aussi, a-t-il souligné, les rapports entre le président de la République et les ministres, les ministres entre eux, ne sont pas fixés par les plates-formes politiques (FCC et Cach) mais par la Constitution, les lois et actes règlementaires. Dans l’intérêt du pays, a-t-il conclu, tout le monde doit les respecter.

Lucien Dianzenza

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