Gouvernement de cohésion nationale : Alexis Lenga réaffirme la non participation du MLC

Jeudi 21 Novembre 2013 - 19:00

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À la veille des festivités marquant les 15 ans du Mouvement de libération du Congo (MLC) annoncées pour ce samedi 23 novembre 2013 sur l’esplanade du boulevard Triomphal, ce cadre du parti lève toute ambigüité par rapport au débat interne sur la participation ou non de son parti au gouvernement de cohésion nationale.  

Député national du Mouvement de libération du Congo (MLC), Alexis Lenga est de ceux qui appuient la non-participation de son parti au sein du gouvernement de cohésion nationale issu des concertations nationales. Il n’a pas froid aux yeux pour partager ses convictions qu’il veut enracinées dans des principes démocratiques intangibles. Il trouve inconcevable, en effet, qu’un parti dit de l’opposition de la trempe du MLC puisse figurer dans une coalition gouvernementale qui, par essence, est l’ensemble des forces politiques partageant une même vision de combat ou un même programme politique. « Comment un opposant qui est appelé à critiquer les actions du pouvoir pourra-t-il évaluer objectivement le programme d’un gouvernement dont il fait partie ? », s’interroge-t-il d’emblée. Aussi, fait-il remarquer, de part les statuts régissant l’opposition et la Constitution du pays, « on ne peut pas s’appeler opposant dans un gouvernement auquel on appartient ».  Le MLC ne s’inscrit donc pas dans la logique de faire partie de la nouvelle majorité qui devra gérer l’État après que l’informateur désigné l’ait clairement identifié conformément à l’article 78 de la Constitution. Pour cet élu de Gemena, il est hors de question de marcher à contre-courant des directives tracées par Jean-Pierre Bemba depuis sa cellule de la Haye. Ce dernier, fait-il savoir, était de ceux qui avaient appelé au dialogue entre Congolais pour décrisper le climat politique et conjurer le sort de la balkanisation qui planait sur le pays. L’article 8 de la loi portant statut de l’opposition lui accordait, en tant qu’opposant, le plein droit de s’informer sur les actions gouvernementales et d’y émettre des critiques constructives. Ce qui fut fait. 

Halte à la compromission

Tout en levant l’option de sa participation aux concertations nationales, nuance-t-il, les délégués du MLC n’y allaient pas tête basse à l’instar des moutons de panurge. Bien au contraire, fait remarquer Alexis Lenga, ils avaient à l’esprit le message leur envoyé par le Chairman assorti des instructions précises. « Jean-Pierre Bemba les a avertis de ne pas aller dans ce forum pour faire des compromissions en trahissant les intérêts de la population ou en participant à un quelconque partage du pouvoir », indique l’interlocuteur des Dépêches de Brazzaville.

Il fallait donc ôter dans la tête des délégués MLC à ces assises qu’il ne s’agissait pas d’une conférence nationale bis ou encore d’un Sun city bis. Ce message, comme il fallait s’en douter, a suscité des remous au sein du parti sur fond d’un malaise encore perceptible. Alexis Lenga reconnaît la triste réalité et ne s’en cache pas. D’autant plus que certains membres du parti ne partageant pas les vues de leur leader menacent de quitter le navire. « C’est la liberté de tout le monde. Le MLC est comme une famille ou la liberté de chaque membre est garantie », explique-t-il, tout contrarié. Prenant l’exemple d’une famille où des enfants devenus majeurs ont la liberté de quitter le toit parental pour lorgner ailleurs, Alexis Lenga pense qu’il en est de même dans un parti politique où la liberté d’entrer ou de sortir est garantie à tout membre.

Dans le cas d’espèce, il présente deux options. « Soit Jean-Pierre Bemba dit non à la démarche et libre à ceux qui pourraient s’engager dans ce gouvernement à y adhérer à titre individuel sans engager le parti tout en assumant les conséquences de leur choix. Soit le parti parvient à un consensus pour lever l’option d’une entrée dans ce gouvernement », explique-t-il. Au jour d’aujourd’hui, il n’y a pas de consultations lancées à l’endroit des partis politiques de l’opposition. Les contacts sont jusque-là individuels avec des personnalités politiques. « Libre à chaque d’avoir sa vision sur les concertations nationales et sur ses retombées », se contente de dire l’élu de Gemena.

La bourde de l’opposition

Abordant la question du porte-parole de l’opposition, Alexis Lenga a indiqué que cette matière n’a pas été incluse dans l’agenda des travaux de la présente session parlementaire. « C’est une matière qui relève du pouvoir discrétionnaire de deux présidents des chambres du Parlement », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter que « c’est à cause de notre comportement de l’opposition que jusqu’à présent, le gouvernement de la majorité n’a pas un répondant du côté de l’opposition ».

Le gouvernement Matata ayant été installé au mois de mai 2012, il estime que c’est officiellement en août de la même année que ce porte-parole devrait être élu. Mais hélas ! Ses derniers mots sont ceux de concorde nationale avec, à la clé, un espoir de paix toujours renouvelé pour l’ex Kivu.           

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le leader du MLC, Jean Pierre Bemba